vendredi 15 octobre 2010

Dans l'Ain, les lycéens tiennent bon

Alors que Besson, Gaudin, Morano, Woerth, Pécresse et Chatel dénoncent en coeur les "irresponsables" et les "manipulateurs" qui appelent les jeunes à à bloquer leurs établissements et à manifester contre la réforme des retraites, que MAM, qui "n'aime pas voir des jeunes dans la rue", affirme qu'ils n'ont d'autre motivation que de "sécher les cours" et que Sarko himlself déclare qu'on ne peut pas "demander sérieusement à des enfants de 16 ans de manifester", Raymond Soubie, son conseiller social, pense de son côté que "les lycéens et les étudiants devraient manifester pour défendre la réforme car elle est d'abord faite pour eux", dans la mesure où,"sans elle, ils seraient condamnés à payer deux fois : pour leur propre retraite et pour celle de leurs parents. C'est cela qui serait vraiment injuste". Mais ne serait-ce pas là une déclaration manipulatrice et irresponsable ?
Pendant ce temps, dans l'Ain, les lycéens ne désarment et aujourd'hui encore, pour la quatrième journée consécutive, ils ont déserté les classes. Gageons que demain aussi ils sauront être au rendez-vous.

"Ils sont là toujours là, à Bourg Ambérieu, Oyonnax ou Bellegarde. Les lycéens ont continué hier de manifester. 800 par exemple à Bourg, qui avaient retenu la leçon de la veille. À savoir qu'il fallait encadrer les défilés et les déboulés « sauvages » dans les lycées. Mercredi, quelques vitres et extincteurs avaient en effet fait les frais de la fougue des manifestants. Hier, les leaders ont donc souhaité se contenter d'un blocus des lycées. Il aura été symbolique et, une nouvelle fois, un cortège s'est formé entre les lycées Quinet Lalande et Carriat à Bourg pour la tournée des établissements. 800 lycéens environ ont donc traversé la ville puis bloqué pendant une dizaine de minutes le carrefour de l'Europe. C'est là que tout aurait pu basculer quand un caillou a été lancé en direction des forces de l'ordre, chargées de canaliser les automobilistes.
Rien de grave et une nouvelle prise de conscience des lycéens qu'ils se doivent de juguler les envies de débordements de quelques-uns. Malgré les appels à la raison, une petite dizaine d'autonomes ont en effet clairement fait savoir qu'ils voulaient casser. Ces ingérables, qui cachaient leur visage sous foulards et capuches, étaient bien sûr identifiés. Et quand ils ont décidé de rentrer en force au collège du Revermont en bousculant quelques enseignants, les policiers, par un bref gazage, les ont ramenés à la raison. Pour les jeunes manifestants, il était hors de question de les cautionner et il leur a été demandé de quitter le cortège. Demande non entendue.
Le défilé a ensuite continué jusqu'au lycée Voisin, puis aux Sardières. Là, les manifestants espéraient voir leurs troupes renflouées par la grosse centaine de leurs camarades plantés derrière le portail fermé. Impossible. Alors que les « bloqués » entamaient la Marseillaise, une pierre arrivait sur le pare-brise d'un véhicule de police. Le casseur, repéré depuis belle lurette par les forces de l'ordre, a été immédiatement interpellé et conduit au commissariat.
La solidarité des lycéens s'est limitée à ses quelques amis et, pour éviter un envenimement des choses, le cortège a rebroussé chemin vers le centre-ville. C'était l'heure de la cantine et le défilé, réduit des trois quarts, allait symboliquement rejoindre la préfecture où les syndicats « classiques » avaient décidé d'un rassemblement pour faire le point sur le mouvement et les actions à venir. Un passage assez bref, avant de rejoindre des établissements qui, depuis le début de la semaine, tournent au ralenti (...).
Visiblement, après les errements et les approximations des premiers jours, les lycéens ont compris qu'ils devaient maîtriser leur mouvement, quitte aussi à refuser le soutien des centrales syndicales pour ne pas être taxés de récupération. Au moins jusqu'en début de semaine prochaine, ils disserteront encore dans la rue sur leur avenir et leurs retraites."

(source : O. Leroy, Le Progrès, 15 octobre 2010)

"Troisième jour de blocus hier au lycée de la Plaine de l'Ain d'Ambérieu-en-Bugey où le mouvement dure sans se durcir pour autant. Encadrés par une trentaine d'adultes syndicalistes cheminots, agents EDF ou professeurs, les jeunes grévistes (quelque 400 manifestants) ont parcouru les rues de la ville, sous l'œil attentif et protecteur des gendarmes aux ordres du capitaine Demange, adjoint au commandant de compagnie de Belley.
De mieux en mieux organisés au fil des jours, les lycéens structurent leur mouvement et leurs revendications contre la réforme des retraites. Et, s'ils n'évitent ni des slogans parfois rebattus ou le délitement de la mobilisation au fil des kilomètres et de la journée, le noyau dur résiste à l'usure du temps et certains se prennent à rêver d'une mobilisation non-stop jusqu'aux congés de la Toussaint. Après avoir un temps envisagé de passer la nuit au sein de leur établissement scolaire, les lycéens de la Plaine de l'Ain se retrouveront ce matin devant les grilles pour un blocus reconduit. D'autres actions bloquantes sont programmées aujourd'hui. « Pour faire du bruit » comme ils crient et se faire entendre du « petit homme » fustigé par leurs slogans. Comme un apprentissage de la mobilisation, voire du militantisme, ou simplement de la citoyenneté".

(source : F. Le Stir, Le Progrès, 15 octobre 2010)

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