dimanche 28 février 2010

Une manif chez Chatel

Une cinquantaine de postes supprimés dans la Haute-Marne à la prochaine rentrée, c'est bien évidemment trop pour les profs de ce département. Ils étaient donc une centaine, rejoints par des parents d'élèves, à manifester hier matin dans les rues de Chaumont avec l'espoir de rencontrer le maire, accessoirement ministre de l'Education nationale. Chatel n'étant pas là pour cause de voyage en Nouvelle Calédonie, les manifestants se sont dirigés vers l'inspection d'académie sans obtenir aucune avancée. Les syndicats d'enseignants prévoient prochainement d'autres actions.
o.g.

Ave Caesar...

Evoquant son rôle dans "La Journée de la Jupe", pour lequel elle vient d'être césarisée, Isabelle Adjani, qui campe dans ce film un professeur de collège de banlieue qui pète les plombs et prend ses élèves en otages, a rendu hommage "au métier d'enseignant qui est un sacerdoce, un sacrifice au quotidien". Morituri te salutant.
o.g.

samedi 27 février 2010

Du soutien pour Sarko

François Loncle, député P.S. de l'Eure, a publié au Journal Officiel une question au ministre de l'Education à qui il demande de "prendre toutes les dispositions nécessaires" pour permettre au Président de la République de s'exprimer avec un niveau de langue "digne de sa fonction". Il reproche entre autres choses à Notre Bon Sire ses fréquentes fautes de langage, sa syntaxe approximative, les insuffisances de son vocabulaire, son ignorance des accords, son indifférence pour les négations et son mépris pour la concordance des temps, quand il ne "s'aventure pas à employer en public des termes vulgaires". Mais pour qui qu'il se prend ce c... de député ? Ch'ais pas c'qui veut mais c'est quand même pas à Sa Majesté, défendeur de l'Identité Nationale, qu'on va apprende qu'est ce que c'est que d' bien causer le Français !
o.g.

Un salaire de ministre

Les profs sont vraiment bien payés pour ce qu'ils font. Voilà une idée tellement bien ancrée dans l'opinion que même les anciens ministres de l'Education en sont convaincus. Interrogé sur France Info sur le salaire d'un ministre, Luc Ferry répond : "Un ministre gagne 12.000 € par mois, mais on fait 90 heures ! C'est absolument normal. Ce n'est pas du tout scandaleux. Au tarif horaire on n'est pas mieux payé que les profs". Rapide calcul : un ministre gagnerait donc 33,33 € de l'heure sur la base de 360 heures mensuelles (4 fois le SMIG). Cela nous mettrait donc le salaire du prof - sur la base de 39,47 heures travaillées par semaine, selon les statistiques du ministère - à... [rrrrrrrrrroulement de tambourrrrrrr] ... 5262,66 € par mois. Waouhhh ! Allo, m'sieur Ferry ? Y a une erreur sur ma fiche de paye ! Pourvu que Chatel qui nous parle depuis des mois d'une nécessaire réévaluation de la rémunération des profs ait entendu son prédécesseur.
o.g.

vendredi 26 février 2010

Pas les bienvenus chez les Ch'tis

Un visiteur nordiste nous informait hier de l'organisation pour ce matin d'une «opération comptage» au collège Jean-Jaurès de Lomme dans la banlieue de Lille, pour protester contre leur nouvelle dotation horaire (moins 70 heures de cours ! ) et les prévisions du rectorat qui annonce 378 élèves à la rentrée contre 429 actuellement. Selon "La Voix du Nord", l'opération a bien eu lieu et une cinquantaine de biloutes sont restés à la porte.
"
Afin de protester contre la dotation horaire pour la rentrée prochaine qui prévoit une baisse des effectifs de 50 élèves, l'assemblée générale des professeurs, le personnel encadrant et l'association des parents d'élèves du collège Jean-Jaurès ont décidé de mettre en place plusieurs actions.
Le 4 février, les représentants des élèves, des professeurs et des parents ont boycotté le conseil d'administration lors duquel devait être votée la répartition de la dotation globale horaire 2010, empêchant ainsi le déroulement de ce conseil. Ce matin, opération comptage : 50 élèves resteront sur le trottoir devant le collège. Avec un slogan sur leurs t-shirts : « En 2010, pour l'inspection académique, je n'existe pas ! ». Un rendez-vous a été demandé à l'inspecteur d'académie
."

Reportage sur France 3 : http://info.francetelevisions.fr/video-info/player_html/index-fr.php?id-video=lille_1161308_00000CW4_260220101124_F3&chaine

o.g.

Cassez-vous, pauv' profs !

Il n'y a plus d'avenir pour les profs d'économie et de gestion. Reconvertissez-vous ! C'est le sens du courrier qu'ont reçu quelques 600 enseignants des filières secrétariat et comptabilité, dans la désormais (trop) célèbre Académie de Créteil. Intitulée "Evolution de l'offe de formation de l'ensignement professionnel", cette lettre de deux pages les informe de la décision qui a été prise de réduire au cours des trois années qui viennent les formations de la filière tertaire administrative. Conséquence, 30 postes devront être supprimés. Comme "cette évolution [ne peut] s'effectuer sans le concours de la communauté éducative", tous ces profs sont conviés à remplir sous dix jours une "fiche projet personnel" dans laquelle on leur demande d'indiquer leur situation professionnelle, les formations qu'ils ont suivies au cours des trois dernières années et leurs souhaits d'évolution professionnelle. Ceux qui le souhaiteront pourront enseigner une autre matière - il suffit de justifier avoir suivi un module de telle ou telle matière au cours de ses études pour pouvoir l'enseigner, après validation par une inspection - ou changer de fonction en devenant ATOS ou en préparant un concours de direction, d'inpection ou d'intendance. Le questionnaire évoque même un détachement possible vers un autre service public, administration, hôpital, armée... "Le message est clair déclare l'un des heureux élus, ils veulent nous virer !" .
Du côté du rectorat on justifie cette décision par le fait que les filières concernées n'offrent plus assez d'emplois et que, de ce fait, il est nécessaire de réduire la voilure pour mieux répondre aux attentes du marché du travail. "Cela n'a rien à voir avec la loi sur la mobilité des fonctionnaires". Mais ça prépare bien le terrain...
o.g.

mardi 23 février 2010

Intimidation

Dans un communiqué daté de lundi, les profs du lycée de Vitry dénoncent l'"acharnement" du rectorat de Créteil qui a, selon eux, accéléré la procédure de retenues sur salaires consécutive à leurs dix jours d'arrêt de travail. Selon leur porte-parole, les retenues sur salaires sont d'ordinaire déduites le mois suivant les arrêts de travail. "Cet acharnement est absolument scandaleux" et "témoigne bien de la duplicité" de Luc Chatel, affirment-ils. De son côté le rectorat de Créteil récuse tout acharnement et juge la procédure "habituelle" : "quand il y a des arrêts de travail avant le 15 du mois, les retenues sur salaires sont déduites immédiatement" ; "entre une et cinq journées ont été retenues en février" selon la situation de chaque professeur, soit une somme allant de 60 à 471 euros, et le reste le sera "le mois suivant". Une pétition en ligne a été lancée pour faire reconnaître leur droit de retrait : http://www.petitionduweb.com/pour_la_reconnaissance_du_droit_de_retrait_-6330.html
o.g.

Un ministre trop terne

La nouvelle ne décevra pas grand monde mais il n'y aura pas de biographie de Luc Chatel dans les librairies. En effet, la journaliste qui avait pour projet de consacer un livre à l'ex D.R.H. de chez l'Oréal a renoncé, jugeant le parcours et la vie de son sujet trop "ternes" pour intéresser les lecteurs de ce type d'ouvrages. Nous devrons donc nous consoler avec la caricature presqu'aussi vraie que nature que l'on peut voir depuis quelques semaines dans les Guignols de l'Info. Présenté comme le plus obséquieux des courtisans du Château, "Lèche Luc" rivalise constamment de flagorneries avec le gentil Xavier Bertrand pour plaire à son Seigneur et Maître. Désopilant.
o.g.

samedi 20 février 2010

A contre courant

Dans une chronique entendue sur France Inter, Guillaume Duval, rédacteur en chef du mensuel Alternatives économiques expliquait que la part du PIB consacrée à l’éducation avait été de 6,6 % en 2008 contre 7,6 % en 1996. Ce point de PIB en moins représente, en crédits sonnants et trébuchants, une diminution du budget de l'éducation de 20 milliards d'euros, soit 15 % de moins par rapport au budget de 1996. La saignée est impressionnante et les conséquences aussi : encadrement à la baisse dans les écoles, élévation du nombre moyen d'élèves par classe, augmentation de la violence en milieu scolaire, progression inquiétante du nombre de jeunes qui quittent l'école sans diplôme, dégradation des performances de notre système par rapport à ceux de nos voisins et de nos partenaires (enquête Pisa).... Et les choses vont continuer à s'aggraver avec la suppression annoncée de 16 000 postes supplémentaires en 2010 (plus de la moitié des suppressions de postes dans la fonction publique !) et la disparition de la formation des jeunes profs jugée trop coûteuse. Une vérité s'impose : en menant une politique à courte vue le gouvernement est en train de conduire le pays et sa jeunesse vers une catastrophe d'une ampleur inégalée. En sacrifiant stupidement l'école sur l'autel des économies budgétaires, c'est l'avenir du pays qui est mis en jeu et sa place parmi les grandes nations de demain.
A titre de comparaison, en Inde le budget consacré à l’enseignement a augmenté de 31,5 % entre 2005 et 2007. La Chine entend quant à elle faire passser son budget en matière d'éducation de 2 % à 4% de son PIB au cours des prochaines années. Même Obama, aux Etats-Unis, a décidé de refaire de l'Education une priorité après les sinistres années Bush. Et au Brésil, chez ce Président Lula avec qui semble si bien s'entendre Notre Majesté, la Constitution établit que 18% des ressources budgétaires du gouvernement fédéral doit être alloué à ce secteur, le gouvernement ayant comme objectif de porter ces dépenses à 8 % du PIB en 2011 contre 4,3 % en 2003. On le voit, la France rame bien à contre courant.

o.g.

jeudi 18 février 2010

Des programmes scolaires tamponnés à l'Elysée

(Source : Le Canard Enchaîné, 17 février 2010)

Emplois kleenex pour lycées maltraités

(source : Le canard Enchaîné, 17 février 2010)

La grogne qui, depuis deux semaines, saisit l'académie de Créteil fait tache d'huile. Alors que les enseignants et les lycéens du Val-de-Marne, de Seine-et-Marne et de Seine-Saint-Denis font grève et manifestent aujourd'hui et que les profs du lycée de Vitry prévoient de se mobiliser contre les menaces de retraits sur salaires qui émanent du ministère (*), les syndicats de l'Education nationale appellent à une grève nationale le 12 mars pour "protester contre les réformes Chatel" et dénoncer "les conditions dans lesquelles va s'effectuer la rentrée en raison des coupes budgétaires et des suppressions de postes".
De son côté l'antédiluvien Jack Lang qui, depuis ses voyages à Cuba et en Corée du Nord, rêve de se voir confier une nouvelle mission par son nouveau suzerain - pourquoi pas la présidence des Etats-Généraux du mois d'avril ? - a demandé à Sa Majesté de "prendre le dossier en main". En plus de celui des programmes scolaires ?
(*) Les profs de Vitry-sur-Seine ont en effet trouvé hier dans leurs casiers un mot doux de leur proviseur qui leur exprimait tout son bonheur de voir les cours reprendre : « Je vous informe que les états relatifs à vos absences pour service non fait ont été transmis aux services du rectorat pour retrait de salaires ». La violence est un vrai fléau dans l'Education nationale, surtout quand elle émane de l'institution elle même.
o.g.

mercredi 17 février 2010

En attendant le prof androïde

La mission parlementaire qui avait été chargée par Chatel de réfléchir à la modernisation de l'école par le numérique a rendu son rapport. Le document contient 70 mesures pour "réussir l'école numérique en 2012", et énonce 12 priorités :
- connecter et équiper les écoles au numérique ;
- former les enseignants et les cadres ;
- créer de nouveaux supports interactifs et des manuels numériques ;
- développer les espaces numériques de travail ;
- généraliser les équipements pour l'apprentissage des langues et des sciences expérimentales ;
- préparer aux métiers de demain en développant la culture de l'informatique et des outils numériques ;
- développer la créativité, la confiance en soi et l'autonomie par les outils numériques ;

- éduquer au numérique pour responsabiliser les élèves et les adultes face aux enjeux de la société numérique ;
- prolonger le temps de l'école par le numérique et favoriser l'égalité des chances et la réussite scolaire ;
- renforcer l'autonomie des établissements scolaires pour développer les services numériques et l'éco-citoyenneté ;
- mieux piloter le développement du numérique à l'école ;
- médiatiser les enjeux du numérique en valorisant le travail des enseignants.

Le numérique est donc proclamé remède universel contre la démotivation, l'inattention, la passivité et l'échec scolaire. Pour financer cette révolution qui a tant tardé - un milliard d'euros minimum selon le rapporteur-, Chatel compte à la fois "utiliser les ressources du grand emprunt" et faire appel à des mécènes privés.

Haut débit, tableaux numériques interactifs, manuels numériques, intranet, labos hig tech et MP3 pour les cours de langue et de musique, baladodiffusion et vidéoconférences, cahiers de texte et carnets de liaison virtuels (pour certains ils le sont déjà)... La cyber-school ce serait donc pour bientôt. "Je souhaite, a déclaré Chatel, que d'ici avril [un mois bien chargé en perspective], je puisse présenter un plan très ambitieux, pluriannuel, pour que le numérique soit le quotidien de nos élèves". LOL ! Il suffit de faire le tour des équipements dont on bénéficie actuellement (deux ordinateurs portables et trois vidéo-projecteurs) pour se rendre compte que la marche vers le tout numérique sera longue. A Vonnas, on est même en dessous de la moyenne nationale qui serait de 13 ordinateurs pour 100 collégiens. Les trois ordinateurs poussifs et la vieille imprimante de la salle de profs ont encore de beaux jours devant eux...
o.g.

Chatel joue la montre

Alors que les profs de Vitry ont suspendu leur droit de retrait - droit reconnu comme légitime par Darcos, qui tacle au passage son successeur Chatel qui, lui, souhaitait les déclarer grévistes - et regagnent leurs salles de classe, ce sont ceux du lycée Guillaume Apollinaire de Thiais qui en sortent. Eux ausi font jouer leur droit de retrait après qu'une horde masquée et armée ait déferlé lundi sur un cours d'E.P.S. Sous pression, Luc Chatel a annoncé hier sur France 2 la tenue d'Etats généraux sur la sécurité à l'école au début du mois d'avril... "Il faut qu'à un moment les représentants des collectivités locales, les sociologues, l'Observatoire de la délinquance, l'Observatoire de la violence à l'école, puissent plancher avec un peu de recul sur la question de la violence à l'école". Rien ne presse... Un mois et demi de recul ne sera pas de trop pour permettre à ces spécialistes de la question - mais pas du terrain - d'enterrer le problème. La méthode a déjà fait ses preuves.
o.g.

lundi 15 février 2010

La masterisation pour les nuls

Les étudiants de l'I.U.F.M. de Paris vous expliquent ce qu'est la masterisation des concours. Quelques petits clics pour un grand choc.

Vitry 3 - Chatel 0

Après avoir été chahuté par des profs en colère vendredi, alors qu'il inaugurait une école labellisée haute qualité environnementale à Ban-de-Lavelline dans les Vosges (vidéo sur www.rue89.com), Luc Chatel a généreusement offert ce week-end un quatrième poste de surveillant aux profs de Vitry qui se sont empressés de refuser l'aumône et réclament maintenant un médiateur indépendant pour résoudre le conflit qui les oppose au ministère. Alors qu'ils lui avaient proposé un débat télévisé, Chatel a décliné l'offre au motif qu'il préfère dialoguer "dans le calme, loin des caméras" et qu'il n'est pas "un adepte de la téléréalité". Quand la Sarkozie évite les caméras, c'est qu'elle manque d'arguments crédibles. En attendant, à Vitry-sur-Seine, la grève a été reconduite et s'apprête à entrer dans sa troisième semaine.
o.g.

samedi 13 février 2010

La révolte des profs

Cette semaine dans Marianne, "Les profs racontent leur révolte". Un dossier de Anna Topaloff, Anna Alter, Laurence Dequay et Alice Géraud.
"Elèves qui ne les respectent pas, hiérarchie qui les infantilise, ministre qui ignore leur malaise, les profs sont en colère. Explications".

(Source : Marianne, 13-19 férier 2010)

jeudi 11 février 2010

L'Ain se mobilise contre les D.H.G.

Une quinzaine de jours après la publication des D.H.G., voici un premier état de la mobilisation dans les établissements de l'Ain. Le ras-le-bol est réel et la colère monte.
Les profs de Montrevel, Pont-de-Veyle et Vonnas ont annoncé leur refus collectif des H.S.A. Un peu partout des motions ont été votées en C.A. pour dénoncer la baisse de D.H.G. Les conseils d'administration des collèges de Saint-Trivier, Hauteville, Peron, Meximieux, Jassans, Belley, Pont-de-Veyle, T. Riboud à Bourg-en-Bresse et le Lycée international de Ferney-Voltaire ont déjà rejeté les leurs. Les collèges de Saint-Denis, Ceyzériat, Belley, Vonnas, Jassans, Meximieux, Pont-de-Veyle et Thomas Riboud de Bourg ont demandé audience à l'Inspecteur d'Académie. Le Lycée de Bellegarde et le collège de Saint-Denis-lès-Bourg ont déposé des préavis de grève locaux. Quant au collège de Meximieux, il annonce un "journée sans cours" le 9 mars prochain.
N'hésitez pas à faire connaître vos actions en commentaires. Ensemble nous n'en serons que plus forts pour contrer la politique mise en oeuvre par Chatel
o.g.

"On espère que le mouvement va s'étendre"

Ils étaient 1500 profs de collèges et de lycées de Seine-Saint-Denis, du Val-de-Marne et de Seine-et-Marne, venus de 80 établissements, à manifester cet après-midi dans les rues de Paris pour soutenir leurs collègues de Vitry et pour dénoncer la dégradation générale et accélérée de leurs conditions de travail, les suppressions de postes, la réforme bâclée du lycée, la masterisation des concours et la disparition de la formation des enseignants débutants. "C'est un mouvement qui démarre et qui, on l'espère, va s'étendre car cela touche l'ensemble du pays" déclarait un manifestant.

mardi 9 février 2010

Le 9-3 s'enflamme et Chatel attise le feu

"En Seine-Saint-Denis, le ras-le-bol des profs prend de l'ampleur. Une semaine après avoir voté la grève illimitée, les enseignants de la cité scolaire Henri Wallon d'Aubervilliers sont les fers de lance de l'opposition aux suppressions de postes dans l'Education nationale. Partie du lycée, la contestation se propage dans les écoles primaires et les collèges [une cinquantaine d'établissement touchés ce soir].
Armée de quelques tracts et d'une solide conviction, la délégation d'Henri Wallon pénètre à douze heures précises dans la salle des professeurs du lycée Auguste Blanqui, à Saint-Ouen. Une dizaine d'enseignants de ce complexe scolaire s'est mise en « grève illimitée » lundi dernier.
Tous comptent bien en profiter pour aller à la rencontre d'un maximum de collègues des autres établissements du département. Le but : bâtir une opposition unie contre les réformes entreprises par le ministère de l'Education nationale
". Lise Tchao, professeur de français au lycée Henri Wallon, explique : « il faut agir ensemble : chaque année, les établissements organisent de manière isolée des journées de grève qui n'ont aucun impact sur les décisions du gouvernement. Cette semaine, nous avons réalisé que les autres établissements rencontrent les mêmes difficultés. Beaucoup ont décidé de nous rejoindre. » ; suite sur
http://www.rue89.com/2010/02/09/ce-petit-lycee-qui-propage-sa-greve-partout-en-ville-137437
Aujourd'hui une centaine de profs, d'élèves et de parents de Vitry manifestaient devant le ministère. Une délégation a bien été reçue mais le ministre campe sur ses positions, reste accroché à sa clôture et à ses caméras et n'entend rien céder. "On ne peut pas rester dans un conflit comme ça. Si le ministre reste sur ses positions, il n'y a aucune issue", commentait un prof à la sortie de l'entretien. Loin de se décourager, ils ont "décidé de poursuivre leur droit de retrait mercredi malgré les déclarations du ministre" et restent "mobilisés". Ils se rassembleront demain à 11h devant l'Assemblée nationale.
o.g.

lundi 8 février 2010

Cocorico

A l'issue du séminaire gouvernemental sur l'Identité nationale, il a donc été décidé qu'un drapeau tricolore devrait désormais orner toutes les façades des établissements scolaires (mais c'est déjà très largement le cas) et qu'un exemplaire de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen devrait être affiché dans chaque classe. En outre, ont aussi été évoqués la mise en place d'un "carnet de jeune citoyen" (??) qui serait remis à chaque élève et un renforcement de l'enseignement de l'éducation civique, ainsi que l'obligation pour tout élève d'avoir à chanter au moins une fois par an la Marseillaise. On a échappé de peu au port du béret. Un joli rideau de fumée bleu-blanc-rouge pour camoufler d'autre problèmes, les vrais.
o.g.

Le roi de la clôture

Le sens du dialogue du ministre Chatel a des limites. Les profs du lycée de Vitry-sur-Seine qui refusent de reprendre leurs cours ce matin n'ont pas tardé à l'apprendre. Après avoir usé de leur doit de retrait pendant trois jours pour protester contre l'insécurité et réclamer la création de onze postes de surveillants, ils ont reçu hier un fin de non recevoir de la part du premier héraut de la Sarkozie. "Je partage l'émotion des enseignants, je partage même leur ras le bol, a déclaré Chatel sur France 5. Les professeurs ont été entendus par l'Etat, nous avons fait des gestes en matière de moyens [trois surveillants supplémentaires et six médiateurs], j'ai demandé au recteur de réunir la région et le département qui semblent avoir entendu les professeurs puisqu'ils vont engager les travaux nécessaires pour clôturer, sécuriser l'établissement". Mais, a-t-il poursuivi, "je crois qu'aujourd'hui, il faut surmonter son émotion et la place des professeurs est à mon sens davantage dans les classes auprès des élèves". Pour confirmer ces belles paroles, le ministère a fait savoir qu'à compter de vendredi les arrêts de travail des profs de Vitry seraient considérés comme des journées de grève, et à ce titre non-payés. Chatel a donc décidé de clôturer la discussion tout autant que le lycée. Ce matin sur R.T.L., il a assuré comprendre "l'émotion des enseignants, des élèves et de leurs parents" mais, campagne pour les régionales oblige, a continué à rejeter la responsabilté de ce qui s'est passé dans ce lycée sur "les collectivités locales qui ont la responsabilité de l'entretien des bâtiments", accusant la région Île-de-France de ne pas avoir fait installer la fameuse clôture magique. Selon lui, plus de surveillance ne résoudrait rien dans un lycée où, à le croire, 19 personnels de vie scolaire et d'encadrement (en comptant l'équipe de direction et les 4 CPE) suffisent pour encadrer 1500 élèves disséminés dans 22 bâtiments. "L'accompagnement humain est une priorité" a-t-il alors rappelé, tout en se délivrant au passage un autosatisfecit pour avoir augmenté de 30 % les effectifs de CPE, créé 5000 postes de médiation scolaire et 500 autres au sein des équipes mobiles de sécurité. Devant tant de mépris, nos collègues, scandalisés, semblent décidés à faire front. "On demande onze créations de postes. Onze créations de postes, ce n'est rien du tout. Le budget de l'Etat est énorme, le budget de l'Education nationale est énorme, déclarait ce matin sur les mêmes ondes un des professeurs d'histoire-géo de l'établissement. Leur argument, c'est : "on n'a pas les lignes budgétaires". Mais nous leur répondons que ce n'est pas un problème budgétaire, mais un problème humain, un problème de vie de tous les jours pour des milliers d'élèves et de professeurs ! Nous refuser le droit de retrait, c'est une manière d'essayer de nous faire flancher. S'ils espèrent nous faire peur en prenant nos journées de salaires, qu'ils les prennent. Ca n'entamera pas notre mobilisation. C'est un comble, d'être obligés de se mettre en grève et de perdre une partie de son salaire pour pouvoir travailler dans des conditions normales!"
o.g.

dimanche 7 février 2010

Premiers frémissements

Alors que les médias ont beaucoup parlé ces derniers jours des profs du lycée Adolphe Chérioux de Vitry-sur-Seine qui ont avec raison justifié de leur droit de retrait pour faire pression sur le rectorat de Créteil et le ministère afin d'obtenir des postes de surveillants supplémentaires - et pas seulement une clôture ! - ils n'ont que peu relayé les mouvements de grève qui, un peu partout dans le pays, et en particulier en Seine-Saint-Denis, commencent à affecter des collèges et des lycées dont les personnels se mettent en grève pour protester à la fois contre les D.H.G. et les suppressions de classes et de postes qu'elles annoncent et contre les conditions dans lesquelles se prépare la réforme des lycées. Seule la P.Q.R. se fait l'écho de ces mobilisations ponctuelles, notamment des occupations d'écoles primaires par des parents partout inquiets des conditions dans lesquelles se déroulera la prochaine rentrée et qui se mobilisent contre les nombreuses fermetures de classes annoncées par les inspecteurs d'académie. Le monde de l'éducation commence à frémir mais la tempête tarde à se lever.
o.g.

samedi 6 février 2010

Portion congrue

Luc Chatel a beau rappeler à longueur d'interviews que le budget de l'Education nationale augmente constamment, il est des données qui ne trompent pas, surtout quand elles émanent de ses propres services. La part du P.I.B. consacrée à l'Education n'a en effet cessé de régresser au cours des quinze dernières années. On est passé de 7,6 % du P.I.B. en 1995 à 6,6¨% en 2008. Globalement, un point de perdu c'est peu, notamment au regard de l'évolution de l'augmentation des dépenses brutes. Mais en regardant la courbe de plus près, on constate que depuis 2006 elle stagne. Non seulement l'Etat sarkozyste n'investit plus dans l'Education mais il a même nettement restreint ses dépenses en la matière puisque les collectivités locales qui, elles, ont dans le même temps fait de nets efforts - décentralisation oblige - participent dorénavant pour près d'un quart au financement de la dépense intérieure d'éducation (contre 14 % en 1980). Mais les dépenses de ces collectivités territoriales concernent avant tout les locaux, écoles, collèges et lycées. Par contre c'est à l'Etat qu'incombent les frais les plus lourds, c'est à dire les frais de personnel. Et c'est sur ce poste là que portent, depuis 2007, les plus gros efforts d'économie du gouvernement. 16 000 postes supplémentaires devraient en effet être supprimés en 2010, soit près de 50 000 en trois ans. On ne le rappelera jamais assez : l'école est en danger.
o.g.

mercredi 3 février 2010

Rejet de la D.H.G. et refus des heures supplémentaires

Opposés à la D.H.G. qui leur est proposée par l'Inspection d'Académie, cette année encore les profs du collège de Vonnas sont résolus à refuser toute heure supplémentaire au delà de la première heure et l'ont fait savoir à l'Inspecteur d'Académie de l'Ain dans un courrier qui vient de lui être adressé.
"Suite à la découverte et à l'examen de la D.H.G. affectée au collège de Vonnas pour la rentrée 2010, nous tenons à vous faire part de nos fortes inquiétudes, de nos exigences, mais aussi d'un engagement que nous prenons.
L'an dernier, nous pointions déjà les carences induites par le montant de la D.H.G. Pour l'an prochain, comme le H/E prévisionnel, déjà insuffisant l'an dernier, est à nouveau en baisse, c'est une dotation en forte baisse qui se profile. En tous cas, avec la D.H.G. prévue, nous ne serons pas en mesure de mettre en place une structure permettant d'accueillir dans de bonnes conditions les 394 élèves annoncés, d'autant que parmi eux sont comptabilisés, mais non pris en compte pour le calcul de la D.H.G., au moins cinq élèves relevant de la future structure U.P.I. Nous demandons donc une nette augmentation de cette D.H.G. afin d'avoir les moyens de reconduire la structure actuelle à 16 divisions.
D'autre part, le contingent excessif d'H.S.A. allouées au collège de Vonnas va fragiliser la situation des postes existant et surtout compromettre un vrai choix éducatif dans la répartition des moyens.
C'est porquoi, en référence au décret modificatif n°99-880 du 13 octobre 1999 relatif aux obligations de service des personnels enseignants du second degré, nous ne souhaitons pas effectuer d'heures supplémentaires et nous engageons en tous cas, comme nos statuts nous y autorisent, à les refuser au-delà de la première heure.
Il apparaît donc indispensable de procéder rapidement à une baisse drastique de ce contingent d'H.S.A. au profit d'heures-postes afin d'éviter toute situation de blocage."

mardi 2 février 2010

Virons le surplus

Ainsi le non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite ne suffirait plus au gouvernement. Pour pouvoir tailler davantage dans les effectifs de la fonction publique, voilà que la bande à Sarko s'apprête à présenter, sans passer par la voie de la représentation nationale, un projet de décret relatif à la "réorientation professionnelle des fonctionnaires de l'Etat" (sic). Il s'agirait en fait de la plus grave remise en question jamais faite du statut de fonctionnaire d'Etat, puisqu'il prévoirait la mise en disponibilité - sans travail ni salaire - de tout fonctionnaire placé en statut de réorientation qui refuserait trois postes en vue d'une nouvelle affectation, "ce qui est bien normal" estime Eric Woerth. Une décision très inquiétante dans un contexte de suppressions de poste à gogo et de multiplication des services partagés. La bonne nouvelle tombe par ailleurs une semaine jour pour jour après que notre Majesté Compatissante ait assuré sur un plateau de télé, devant plus de 8 millions de téléspectateurs, qu'il fallait titulariser tous les contractuels de l'Education nationale. Cherchez l'erreur !
o.g.

lundi 1 février 2010

Travailler mieux pour manger plus

Le kébab à 2 € au lieu de 4 €. C'est ce que propose un snack de Mont-de-Marsan aux lycéens qui, en s'attablant, peuvent présenter une copie arborant une note supérieure ou égale à 18 /20 TTC. "Mon mari et moi avons eu cette idée en discutant avec un ami professeur de physique-chimie, explique la propriétaire des lieux. Il nous disait que les lycéens ne sont pas souvent motivés par cette matière et cela faisait un moment que nous avions envie de faire quelque chose pour donner un coup de pouce aux jeunes. Alors on a testé cette idée, et ça marche." Loin d'être sectaire, l'aimable cantinière récompense aujourd'hui toutes les bonnes notes, quelle que soit la matière. Mais le menu reste le même. Kébab pour tout le monde. Alors proposons lui de varier sa carte : une bonne note en histoire ? de la poule au pot ! En français ? poulet frites ! En anglais ? fish and chips ! En allemand ? choucroute ! En espagnol ? paella ! Et en SVT ? cuisses de grenouilles bien sûr.
o.g.