lundi 31 mars 2008

Poissons d'avril

Pas très "bling-bling" ces poissons...

Lettre à M. le Maire de Vonnas

Ce jour nous adressons une lettre à M. Chaize, maire de Vonnas. En voici quelques extraits :

"Monsieur le Maire,
Nous nous permettons de vous écrire à propos de la rentrée 2008 au collège de Vonnas.
Depuis maintenant deux mois, nous nourrissons de nombreuses inquiétudes quant aux conditions dans lesquelles nous accueillerons nos élèves à la rentrée de septembre. Nous avons eu, fin janvier, la désagréable surprise de découvrir les moyens qui nous seront alloués. De toute évidence, nous ne serons plus en mesure d'assurer aux enfants un enseignement de qualité. Nous avons donc décidé de nous mobiliser de toutes nos forces pour nos élèves.
Comme vous devez le savoir, la dotation horaire affectée au collège de Vonnas a été massivement rejetée lors du Conseil d'Administration du jeudi 13 février 2008, par les enseignants, les parents d'élèves, les élèves et tous les élus locaux présents. [...]
Répartir les heures pour préparer la rentrée 2008 (Monsieur le Principal s'y est attaché au mieux, son travail n'est absolument pas en cause) ne consiste plus à faire des choix pédagogiques (mettre l'accent sur le français, les langues, les sciences, les arts, le niveau 6e ou autre chose...), car tout choix est à présent trop "coûteux en heures", mais à envisager le "moins pire", faire rentrer coûte que coûte les élèves dans les salles, et surtout répartir ces sempiternelles heures supplémentaires que personne ne veut...
Pas d'"Educatif" donc, mais une gestion comptable, qui confine au rangement de sardines dans des boîtes trop étroites.
Enseignants et parents d'élèves sont consternés de cette dérive de l'Education Nationale, et de voir l'avenir de nos enfants ainsi compromis.
Suite au Conseil d'Administration, nous avions sollicité une audience auprès de Monsieur l'Inspecteur d'Académie, et nous avons été reçus le jeudi 13 mars 2008. Les parents d'élèves nous avaient accompagnés, ainsi que M. Carjot, Maire-adjoint de Vonnas, qui nous avait fait l'amitié de se joindre à notre délégation.
Nous avons été écoutés [...]. Cependant aucune réponse concrète ne nous a été fournie. Il nous a été assuré que le colège de Vonnas n'était ni mieux ni plus mal doté que les autres établissements de l'Ain, ce dont nous n'avons jamais douté, et que cette baisse drastique des moyens était le fruit de "choix politiques nationaux".
Conscients de l'ampleur des manques de moyens pour nos élèves à la rentrée, et du peu de réserves de l'Inspection Académique, nous avons décidé, le 25 mars :
- de solliciter une audience auprès de Monsieur le Recteur, pour obtenir ce que nous demandons pour nos élèves [...] ;
- d'occuper le collège, la nuit du lundi 7 avril au mardi 8 avril 2008, et celà à partir de 17 h. [...]
C'est une action fortement symbolique, qui traduit notre désarroi, notre découragement, mais aussi nos espoirs et notre attachement à notre métier, et au service public d'Education.
C'est aussi un engagement citoyen qui, vous le comprenez, n'a rien de corporatiste, pour demander que l'école redevienne enfin une priorité nationale, pour nos enfants, pour nos territoires, et pour garantir un avenir à notre pays.
Nous vous demandons de bien vouloir relayer nos inquiétudes auprès des représentants de l'Etat, et vous accueillerons avec plaisir lundi 7 avril au soir au collège de Vonnas où se tiendra un Consiel d'Administration à 18 h. 30.
Veuillez agréer, Monsieur le Maire, nos respectueuses salutations."

Le marchand de tapis est passé...

Beau succès pour la réunion de cet après-midi : 24 présents. Il s'agissait de répondre à une proposition de M. l'Inspecteur d'Académie. Visiblement soucieux d'éteindre ce qui n'est encore qu'un feu de broussailles, le diligent fonctionnaire souhaiterait que nous définissions nos priorités afin de nous affecter quelques moyens supplémentaires... dont nous ne manquerions pas de priver quelqu'autre établissement si nous les acceptions. Désolés ! Nous ne mangeons pas de ce pain là.
A l'unanimité nous réitérons donc notre demande initiale : rendez-nous les heures qui nous permettraient d'assurer le fonctionnement normal d'un collège de 17 classes dans des conditions qui seraient les mêmes que celles de cette année, ce qui est loin d'être optimal.
Profitons-en pour rappeler clairement comment se profile aujourd'hui la rentrée 2008 :
- l'enveloppe d'heures qui nous est proposée permet à peine defaire fonctionner le collège dans une configuration raménée à 16 classes ;
- en 6e, 27 heures de cours hebdomadaires seulement pourront être assurées au lieu des 27 heures 1/2 réglementaires ; et en 5e, 25 heures sur 25 heures 1/2 ;
- les horaires minima (qualifiés "d'horaires réglementaires" par l'I.A.) seront appliqués dans toutes les disciplines ;
- les groupes disparaîtront en langues ; en sciences expérimentales ils ne seront maintenus qu'en classe de 4e... uniquement parce que les salles spécialisées ne peuvent pas accueillir plus de 26 élèves ;
- nous n'aurons plus les moyens de mettre en place les P.P.R.E. en 6e et en 5e, ni les I.D.D. en 5e, ni les aides personnalisées en 6e.
Nous refusons de gérer la pénurie et ne souhaitons pas nous engager dans une négociation de marchands de tapis !

Vonnas interdit de J.T. !

Juste avant le week-end nous étions contactés par un journaliste de France 2 qui cherchait à faire un reportage dans un collège de province mobilisé contre les restrictions d'horaires. Pile Poil ! On avait le bon profil. Hélas, trois fois hélas ! Veto du Rectorat de Lyon ! Les caméras ne sont donc pas les bien venues dans les établissements de l'Académie. Le reportage devrait donc être tourné dans l'Académie de Toulouse où les journalistes ont encore le droit de circuler librement. Serions-nous devenus les nouveaux Tibétains ? M. le Recteur, ignorez-vous ce principe fondamental qu'on appelle liberté d'information ?
Au fait, vous avez bien le bonjour d'Anasthasie !

Mardi 18 mars, première action

Dès 8 h. le piquet de grève se positionne à l'entrée du collège


Les manoeuvres d'approche et de déchargement sont rendues plus délicates pour les autocars.



dimanche 30 mars 2008

Communiqué de presse

Texte du communiqué de presse envoyé le 25 mars aux rédactions de France.3-Lyon, M.6-Lyon, I-Télé, BFM-TV, France Info et France Inter

"Les professeurs du collège de Vonnas, dans l'Ain, réunis en assemblée générale ce jour, mardi 25 mars 2008, ont décidé d'intensifier leur mouvement de protestation contre la réduction de la dotation horaire de leur établissement annoncée pour la rentrée 2008.
Il y a quelques semaines nous apprenions en effet qu'à effectifs constants notre dotation, déjà amputée d'une cinquantaine d'heures au cours des trois dernières années, se verrait imposée une nouvelle cure d'amaigrissement de 40 h. supplémentaires à la prochaine rentrée, ce qui aura des conséquences catastrophiques sur l'organisation des enseignements, dans la mesure où cette D.H.G. ne couvre même pas les besoins élémentaires de l'établissement. Il y a un mois le Conseil d'établissement rejetait cette D.H.G. et les professeurs demandaient une entrevue à l'Inspecteur d'Académie de l'Ain. Une délégation a été reçue le 13 mars dernier sans rien obtenir, l'I.A. ayant fait savoir qu'il ne disposait plus d'heures à distribuer, la politique de restriction des moyens étant nationale et le résultat d'une volonté politique affirmée par le Ministère. Le 18 mars, journée d'action nationale, la mobilisation était importante à Vonnas où trois enseignants sur quatre étaient grévistes. La matin même nous organisions un blocage des accès à l'établissement avant de faire passer des communiqués dans la presse locale (
Le Progrès et La Voix de l'Ain) et à la radio (RMC Info). La veille, nous avions distribué un courrier aux parents d'élèves pour expliquer notre mouvement : à ce jour plus d'un quart d'entre eux (une centaine de familles) nous ont apporté leur soutien.
Pour dénoncer l'autisme et l'inertie de notre Administration face à des revendications légitimes, nous avons aujourd'hui décidé d'occuper le collège dans la nuit du 7 au 8 avril prochain. En effet, non seulement une réunion du Conseil d'Etablissement se tiendra ce soir là, mais le 7 avril le collège accueillera les correspondants allemands (un enseignement menacé de disparition !) ainsi que les élèves de CM2 du secteur qui viendront participer au "défi maths" (une manifestation qui ne pourra plus être organisée à l'avenir !). Il s'agit pour nous de durcir et de donner une publicité nouvelle à un mouvement de protestation qui enfle dans tous les collèges de la région. Il en va des conditions même d'enseignement dans tous les établissements secondaires publics à la rentrée 2008 ! Les élèves d'abord, les professeurs ensuite pâtiront durement de la dégradation annoncée de leurs conditions de travail.
Pour donner un maximum d'audience à notre action, nous sollicitons votre rédaction et nous vous invitons à venir nous voir et à relayer nos revendications auprès du grand public. Nous ne voulons pas laisser détruire le service public d'éducation sans réagir face à une politique qui n'a d'autre motivation que la réduction des dépenses publiques sans tenir compte des devoirs régaliens de l'Etat ni du droit le plus élémentaire qu'ont tous les élèves de pouvoir étudier dans de bonnes conditions."


Collège : les enseignants en grève

Mardi [18 mars], les professeurs du collège de Vonnas se sont fortement mobilisés afin de faire entendre leur désaccord. La mobilisation sur la question des moyens a commencé fin janvier, quand la dotation horaire globale a été envoyée au collège. Ils n'acceptent pas la baisse importante particulièrement frappante comme d'ailleurs dans tous les établissements du second degré. Les horaires sont au minimum dans toutes les matières, plus aucun groupe n'existe en science, sauf en 4e où 28 à 30 élèves remplissent chaque classe. Ils pointent des manques dans les dispositifs réglementaires, comme par exemple l'aide au travail personnel en 6e.

L'autre problème concerne les heures supplémentaires. Les collèges et les lycées ont besoin d'un petit nombre d'heures supplémentaires pour fonctionner et ajuster les emplois du temps, mais cette année le nombre d'heures supplémentaires explose. Des professeurs seront envoyés dans d'autres collèges pour obliger ceux qui restent à faire des heures supplémentaires. Les enseignants jugent cette situation inacceptable. Dans l'Ain, 36 postes ont été supprimés, soit environ 650 heures en moins et 350 élèves en plus.

Après deux mois de mouvement, la mobilisation reste intacte, les enseignnats ont été nombreux à être en grève ce mardi 18 mars. Ils ont bloqué l'accès au parking du collège, exigeant "une dotation qui permette un enseignement de qualité pour leurs élèves", soit l'équivalent d'une classe supplémentaire, et demandent "que l'école redevienne une priorité nationale". Victor Hugo écrivait : "ouvrez une école, vous fermerez une prison."

Le Progrès de l'Ain, 19/03/2008

samedi 29 mars 2008

Des conditions inacceptables pour la rentrée 2008

A la fin du mois de janvier dernier, nous apprenions à quelle sauce le Rectorat de Lyon avait décidé de nous croquer... D'un grand coup de hachoir une trentaine d'heures supprimées dans notre D.H.G. pour une pincée d'élèves en moins. Le choc fut brutal. Plusieurs enseignements se retrouvaient sur la sellette : le français, les maths, l'histoire-géographie, l'anglais, l'allemand, les sciences, la technologie, les arts, le sport... bref, rien que des matières secondaires. Alors que dans la réalité (et on la perçoit toujours mieux sur place que dans les bureaux de l'Inspection d'Académie) les effectifs de l'établissement sont stabilisés autour de 400 élèves, une première évidence s'est imposée à tous : on allait nous supprimer une classe et, inévitablement, les effectifs des autres devaient s'alourdir, jusqu'à 30 élèves par classe, une pécadille ! Après tout, comme le laisse entendre l'I.A., les élèves de l'Ain ne sont pas si terribles que ça... Alors n'hésitons pas ! Parquons les jusqu'à 40 par classe !
De manière toute aussi évidente il apparaissait aussi que quelques uns d'entre nous auraient le plaisir de découvrir les charmes cachés d'une profession vouée à un bel avenir : prof itinérant. De collège en collège ils iraient porter leur savoir sur les routes bucoliques de l'Ain. A eux l'aventure ! Déjà Nicolas, le prof de maths, Magali, la prof d'allemand et Loïc, le prof de français, avaient cette chance. Qui seraient les prochains ? La vénérable Visa de Philippe, notre géographe, (25 ans d'âge... la voiture bien sûr) en frémissait de joie, toute heureuse à l'idée de caracoller dans la campagne. Mais d'autres aussi faisaient leurs comptes d'heures en se demandant si la suppression des groupes en sciences, en anglais ou en techno n'allaient pas les transformer eux aussi en V.R.P. de l'Education Nationale.
Deux mois plus tard la situation s'est éclaircie (façon de parler). Bien que le Conseil d'Administration ait rejeté la proposition de D.H.G., l'amputation est toujours prévue, sans anesthésie préalable, ni concertation (un gros mot dans l'Education Nationale). Une classe devrait disparaître. Le nombre d'heures affectées ne permet même pas de couvrir les besoins les plus élémentaires du collège. Quasiment tous les profs ont signé une pétition dans laquelle ils s'engagent à refuser toute heure supplémentaire au delà de l'heure sup' réglementaire à laquelle on ne peut déroger. En effet, un certain nombre d'heures d'enseignement avaient été converties en heures sup'., ce qui créait des situations aberrantes. Ainsi, en histoire-géographie, les trois profs du collège, qui devaient ensemble un service de 54 heures, couvraient parfaitement les besoins de l'établissement. La situation était trop simple. L'Inspection d'Académie décidait donc d'affecter l'un d'entre pour six heures hebdomadaires dans un autre collège à 30 km. tandis que les deux autres se partageraient en H.S. les six heures "libérées". Une belle arithmétique qui se répétait également en anglais et en français.
Aujourd'hui la coupe est pleine. Nous avons décidé de nous faire entendre. Le 18 mars, nous étions nombreux à faire grêve. Le matin, un petit groupe bloquait le parking du collège pour empêcher les cars de livrer leur précieuse cargaison. Un petit coup de semonce bon-enfant qui gêna la manoeuvre des autocars et énerva même passablement un de leurs cochers. L'après-midi, derrière notre belle banderole, dont le slogan avait déjà eu les honneurs de la presse, nous étions une dizaine à arpenter le pavé burgien entre Préfecture et Inspection Académique. D'ailleurs, la semaine précédente, le 13 mars, deux d'entre nous avaient déjà honoré ces lieux de leur présence puisque le vénérable fonctionnaire académique avait accepté de recevoir une délégation vonnassienne composée, outre ces deux profs, de deux parents d'élèves et d'un élu municipal... pour leur annoncer qu'il avait affecté à notre collège tous les moyens qu' "On" avait bien voulu lui accorder.
Prenant acte du statu-quo, nous avons donc décidé, lors d'une Assemblée générale qui s'est réunie mardi 25 mars, d'amplifier notre mouvement de contestation. Nous ferons connaître aux parents d'élèves nos revendications et les menaces qui pèsent sur le collège lors des réunions parents-profs qui auront lieu le 31 mars et le 1er avril. Puis nous irons porter la bonne parole sur la place publique, lors du marché hebdomadaire le jeudi 3 avril. Enfin, nous occuperons le collège dans la nuit du 7 au 8 avril. Pourquoi cette date ? Parce que ce jour-là le collège reçoit à la fois les élèves de CM2 qui viennent participer au "défi-maths" et les correspondants allemands qui arrivent de Wächtersbach, mais aussi parce qu'un Conseil d'Administration aura lieu dans la soirée. De l'animation en perspective...