jeudi 20 septembre 2012

Promesses : encore une

A la différence de son prédécesseur qui, chaque année, annonçait début octobre le nombre de profs qu'il avait prévu de supprimer au cours de l'exercice suivant, Vincent Peillon a préféré annoncer le recrutement de près de 40000 nouveaux profs pour l'année 2013. Et comme "le changement c'est maintenant" - paraît-il...- il a décidé d'en recruter... 90 au cours des prochaines semaines, à l'arrach', pour faire face aux demandes de remplacements qui, depuis la rentrée, remontent des établissements dans "les académies les plus déficitaires à quelques problèmes" (sic). Ne nous réjouissons pas trop vite cependant. La prodigalité du ministre a des limites puisqu'en fait le nombre de créations de postes sera de l'ordre de 15000 à 18000, dans la mesure où 22000 des nouveaux profs prévus remplaceront des cadors qui partiront à la retraite. Quant aux quelques "réparations" (re-sic) prévues dans l'immédiat, elles ne suffiront pas à réaliser la "grande ambition" de Peillon, "changer l'école". Mais le véritable défi est à venir : trouver suffisamment de volontaires pour embrasser la carrière d'enseignant, alors que le métier de prof n'attire plus les étudiants (2 ans de préparation au concours après la licence, salaires trop faibles, conditions de travail de plus en plus difficiles). Et la chose n'est pas aisée dans la mesure où, à l'issue des concours 2012, quelques 700 postes n'ont pas été pourvus, faute de candidats présentant le niveau requis. En attendant l'arrivée de ces hypothétiques renforts, les profs en poste devront se contenter de "toute [la] sympathie" du ministre, même si elle ne les protège pas plus des baffes et des insultes qu'elle ne leur permet d'augmenter leur pouvoir d'achat.

lundi 17 septembre 2012

Têtes à claques

Alors que la semaine passée a été marquée par une reprise des actes de violence à l'encontre de professeurs (4 agressions caractérisées recensées), le ministre Peillon, invité sur BFM TV hier soir, n'a rien trouvé de plus pertinent pour lutter contre ce fléau que de convoquer une nouvelle commission pour réfléchir sur une question qui gangrène les établissements scolaires depuis de longues années. Dans "les semaines qui viennent", un nouvel observatoire de la violence scolaire verra donc le jour. Pourtant un tel organisme existe déjà, mais il ne dépend pas du ministère de l'Education nationale, qui pourra désormais, grâce au travail redondant de cette nouvelle instance, «mieux connaître les réalités» et «mettre en place un dispositif de prévention». En attendant un improbable résultat, des profs continueront à prendre des baffes en toute quiétude.

samedi 15 septembre 2012

Capitaine de pédago

(source : Le Canard Enchaîné, 12 septembre 2012)

vendredi 7 septembre 2012

Bêêê !


L'inspectrice d'académie de Loire-Atlantique avait décidé de fermer la 12e classe de l'école Jules Simon de Saint-Nazaire, après avoir recompté personnellement les élèves et constaté que les effectifs étaient de 286 et non de 287 enfants. Furieux mais très imaginatifs, les parents d'élèves se sont alors empressés d'inscrire un nouvel élève : il s'appelle Vincent P, et c'est un sympathique mouton noir d'Ouessant. "Nos enfants ont été comptés comme des moutons le jour de la rentrée. Nous nous sommes donc dit que l’on pouvait considérer le mouton comme un élève", justifie un parent. " Grâce au mouton, nous avons franchi la barre des 287 élèves ". L'effectif nécessaire pour ré-ouvrir la classe est atteint, mais l’académie a fait savoir que la classe resterait fermée malgré tout, faute de budget.  Les parents attendent maintenant un geste de l'autre Vincent P... qui ne saurait laisser son parent sur la touche.

lundi 3 septembre 2012

Rentrée dans l'Ain : le changement ce n'est pas pour maintenant


C’est l’histoire d’un lycée, celui de Ferney-Voltaire, qui est au paroxysme des difficultés que peuvent connaître actuellement certains établissements scolaires. En juin dernier, les prévisions d’inscriptions pour la rentrée prévoyaient une forte augmentation du nombre d’élèves. À tel point que, pour rester dans les normes, les syndicats demandaient l’ouverture de deux classes de seconde supplémentaires. En vain. « On aurait été en moyenne à 31,6 élèves par classe, note Roland Mirguet, de FO. Mais là, on va être à 35,6 et, comme certaines options accueillent plus d’élèves, des classes pourront en avoir 40 »
Dans l’Ain, au moins trois établissements du secondaire sont dans une situation très délicate pour cette rentrée. Toutefois, certains établissements tels que les collèges Thomas-Riboud, à Bourg-en-Bresse, et ceux de Châtillon-sur-Chalaronne, Belley et Divonne-les-Bains ont obtenu la création d’une classe supplémentaire. « Mais depuis cinq ans, insiste Nicolas Jambon, du Snes, il y a 1 200 élèves de plus, soit l’équivalent de trois collèges. Il aurait donc fallu une centaine de profs supplémentaires. Or, on a perdu l’équivalent de 40 postes… »
Dans le primaire, la situation n’est pas plus enviable. « On évalue les besoins du département à 100 postes, explique Pascal Baudet du Snuipp. Rien que pour être dans la moyenne nationale, il faudrait 40 postes supplémentaires ! » Or, ce sont seulement 19 postes qui vont voir le jour. Et encore : ils ne sont supplémentaires que par rapport à ce qui était prévu avant le changement de gouvernement, qui prévoyait la suppression de dix postes. « Ça ne fait que répondre à des situations d’urgence mais ça n’améliore pas la situation », note Pascal Baudet. « De plus, remarque Hervé Colas du SE-Unsa, ce sont des postes de stagiaires, non de titulaires, et comme ils doivent passer un quart de leur temps en formation, ça ne fait que 15 « vrais » postes. On devait être à moins 10 et on va être à plus 5. On reste donc à moins 35 par rapport à ce qu’il faudrait. C’est très ric-rac… » Car, nouveauté cette année, les stagiaires ont obtenu des heures de formation à effectuer chaque semaine. Sauf que, du coup, il faut leur trouver des remplaçants… « Avant, les stagiaires étaient des postes complémentaires, rappelle Hervé Colas. Aujourd’hui, ils ont une classe et il faut donc les remplacer lorsqu’ils partent en formation. Il n’y a plus de réserve. On masque en disant qu’on a un prof devant chaque élève mais dès qu’il part en arrêt maladie, maternité ou en formation, il n’y a plus personne… » Ce sont donc aux titulaires de faire des heures supplémentaires pour combler les manques. « Mais ça coince de plus en plus à force de leur en demander toujours davantage », assure Roland Mirguet.
Alors, parfois, devant le manque de choix, les heures laissées vides par les stagiaires devront être comblées par… les stagiaires eux-mêmes ! Une situation qui ne force pas les jeunes à vouloir devenir professeur. « Le problème, actuellement, est que même si le Gouvernement voulait augmenter le nombre de professeurs, il ne pourrait pas par manque de candidats !, s’exclame Roland Mirguet. Il faut reconsidérer le métier, au niveau du salaire et des conditions de travail. » Et de conclure : « On sait que le Gouvernement fait ce qu’il peut avec la situation dont il a hérité. Mais on espère que pour les années suivantes, l’éducation sera prioritaire car elle est primordiale à la société. »
(Source : Le Progrès, 3 septembre 2012)