lundi 10 décembre 2012

Peillon prêt à discuter du salaire des profs ?


Vincent Peillon se déclare à ''prêt à ouvrir des discussions'' sur une revalorisation des salaires enseignants dès le mois de janvier 2013. Le ministre de l’Education nationale l'a annoncé lundi 10 décembre sur  RMC et BFMTV, alors qu'est lancée la campagne nationale pour le recrutement de plus de 43.000 enseignants (sur deux ans). En octobre dernier, il avait annoncé que cette augmentation se ferait "dans deux ans, dans trois ans". Apparemment, le calendrier a été bousculé. 
Il faut dire que pour recruter autant de personnel enseignant (60.000 postes créés sur le quinquennat, en plus du renouvellement des départs à la retraite), il faut s’en donner les moyens. Or, le métier n’attire plus suffisamment. Si ce n’est évidemment pas la raison principale, l’une des raisons de cette désaffection est pécuniaire… A juste titre : le salaire des enseignants français débutants et en milieu de carrière est inférieur à la moyenne des pays de l'OCDE. Il a même diminué depuis 1995 ! Un prof des écoles commence ainsi à 1.700 euros nets par mois, hors primes et heures supp. Une situation difficile alors que les prix du logement chassent de plus en plus les enseignants des grandes villes. Seule consolation pour les profs français : ils bénéficient du statut de fonctionnaire, donc de la sécurité de l’emploi, ce qui est rarement le cas des pays de l’OCDE.
(source : Nouvel Observateur, 10 décembre 2012)

dimanche 9 décembre 2012

Recherche profs... désespérément


Lundi, le ministre de l’Éducation nationale lance une campagne de recrutement des professeurs pour attirer des candidats vers un métier qui ne fait plus rêver. À la clé, ce sont 43.000 postes ouverts sur deux ans. Depuis son bureau de la rue de Grenelle, Vincent Peillon se pose en professeur de recrutement et lance un appel aux étudiants, presque un cri du cœur : "Nous avons besoin de bons professeurs. Professeur est un métier de talent, d’excellence." Pour que le message passe, le ministre de l’Éducation nationale lance lundi une campagne nationale de recrutement des enseignants destinée à rendre plus attractif un métier qui peine, depuis quelques années, à trouver preneurs.
Le ministre ambitionne de recruter "plus de 43.000 professeurs" ; 22.100 postes sont ouverts aux concours externes en 2013 - contre 16.000 en 2012 -, et le ministère prévoit également le recrutement de 21.350 enseignants dans le cadre des concours de 2014. "Nous organisons deux vagues de concours", détaille le ministre. Sur les 60.000 postes créés pendant le quinquennat - l’une des promesses de François Hollande - en plus du renouvellement des départs à la retraite, 27.000 seront affectés à la formation des enseignants. Pour le reste, deux tiers des postes seront alloués à l’école primaire et un tiers au secondaire.
Par ailleurs, Vincent Peillon souhaite "faciliter le rapprochement des conjoints dès 2013".  "J’ai à cœur d’être attentif aux situations individuelles des gens", confie-t-il avant d'ajouter : "Si les professeurs veulent entrer dans une discussion avec moi durant l’année 2013 pour voir de quelle façon nous pouvons améliorer la condition enseignante en changeant évidemment la définition du métier, j’y suis favorable." Parmi les autres annonces, le ministre de l'Education nationale veut "créer un cycle de maternelle à part entière et un cycle CM2-6e avec un conseil commun entre l’école et le collège". Il propose également d'intégrer une langue vivante étrangère dès le CP.
(source : Le Journal du Dimanche, 9 décembre 2012)

dimanche 21 octobre 2012

Peillon veut augmenter les profs... mais pas maintenant


Il n'est "pas digne" que les enseignants ne soient pas mieux rémunérés, a déclaré Vincent Peillon à Mediapart vendredi 19 octobre, n'excluant pas de revaloriser leurs salaires dans "deux, trois ans", lorsque la situation budgétaire le permettra. "Il n'est pas digne" et "pas juste" de payer nos professeurs comme on les paye, "mais aujourd'hui, nous ne pouvons pas" revaloriser leur salaire, a dit le ministre de l'Education nationaleMais "si nous pouvons à un moment donné - dans deux ans, dans trois ans - commencer à profiler - ça ne peut être que progressif quand vous voyez les masses - une revalorisation financière du métier, nous le ferons", a ajouté Vincent Peillon, interrogé pendant deux heures et demie par des enseignants, des sociologues et des chercheurs. Vincent Peillon a rappelé que le gouvernement avait fait un "choix politique" : "des professeurs devant les élèves, de meilleures conditions de travail pour les professeurs, et une formation des professeurs".
Fin août, Vincent Peillon avait déjà estimé qu' "il serait digne de mieux payer" les enseignants et avait promis de le faire quand la situation financière le permettrait. La question est revenue dans le débat ces jours-ci avec les discussions entre le ministre et les organisations syndicales sur la mise en place de la réforme des rythmes scolaires. Les syndicats réclament une compensation financière pour le rétablissement du mercredi matin, à partir de la rentrée 2013 dans le primaire. Ils font valoir que cette demi-journée supplémentaire va entraîner des frais supplémentaires de transports et de garde d'enfants. La baisse des salaires s'aggrave depuis 2010 à cause du gel du point d'indice salarial des fonctionnaires alors que le niveau d'études demandé est plus important.Le salaire des enseignants français débutants et en milieu de carrière est inférieur à la moyenne des pays de l'OCDE et a même diminué depuis 1995 : un professeur des écoles démarre à 1.700 euros nets par mois, hors primes et heures supplémentaires.
(source : Le Nouvel Observateur, 20 octobre 2012)

dimanche 14 octobre 2012

Tout ça pour ça !

(source : L'Express, 10-16 octobre 2012)

mercredi 10 octobre 2012

Hollande : ses voeux pour l'école

Qui a eu cette idée folle un jour de refonder l'école ? C'est François Hollande. Hier, en Sorbonne, le Président a révélé les principaux axes du "changement". le retour à la semaine de 4 jours et demi en primaire dès la rentrée 2013, avec la réhabilitation du mercredi matin, n'a surpris personne et ne devrait pas faire polémique. Pas plus que le scolarisation des moins de trois ans dans les "zones en difficultés" (et pourquoi pas ailleurs ?). Dans ces mêmes zones, il a fait part de son souhait de voir de plus en plus de professeurs expérimentés exercer dans les banlieues difficiles. La lutte contre le décrochage scolaire est en effet une préoccupation du chef de l'Etat alors que 140 000 jeunes sortent chaque année du système scolaire sans formation ou diplôme. Est-ce que la suppression des redoublements et la remise en question des systèmes de la notation permettront d'éradiquer l'échec scolaire ? Pas si sûr. D'ailleurs, à propos de la notation - sujet sensible, voire passionnel - l'élève Hollande, qui vient juste de passer sous la moyenne dans les sondages - a rappelé qu'elle «doit indiquer un niveau plutôt que sanctionner». Le rapport de 50 pages rendu le 5 octobre au ministre de l'Éducation par la commission de concertation préconise en effet de «pratiquer, plutôt qu'une notation-sanction, une évaluation positive simple et lisible, valorisant les progrès, compréhensible par les familles». Si les syndicats d'enseignants et les associations de parents se retrouvent sur la nécessité de pratiquer une évaluation stimulante, tous ne concluent pas cependant à la suppression des notes. Ainsi le Snalc reste-t-il fortement attaché, au collège et au lycée, à la notation sur 20, «une échelle qui a une réelle subtilité et qui est profondément ancrée dans notre héritage culturel», tandis que du côté de l'Unsa on juge trop large cette amplitude de 0 et 20 : «la note qui a pour objectif de classer les élèves n'a pas de sens à l'école primaire et au collège. La scolarité obligatoire ne nécessite pas de trier». De son côté la droite n'a pas tardé à riposter et, par la bouche autorisée de l'ancien ministre Chatel, s'est empressée de dénoncer une «idéologie pédagogiste qui tire le niveau vers le bas».

jeudi 20 septembre 2012

Promesses : encore une

A la différence de son prédécesseur qui, chaque année, annonçait début octobre le nombre de profs qu'il avait prévu de supprimer au cours de l'exercice suivant, Vincent Peillon a préféré annoncer le recrutement de près de 40000 nouveaux profs pour l'année 2013. Et comme "le changement c'est maintenant" - paraît-il...- il a décidé d'en recruter... 90 au cours des prochaines semaines, à l'arrach', pour faire face aux demandes de remplacements qui, depuis la rentrée, remontent des établissements dans "les académies les plus déficitaires à quelques problèmes" (sic). Ne nous réjouissons pas trop vite cependant. La prodigalité du ministre a des limites puisqu'en fait le nombre de créations de postes sera de l'ordre de 15000 à 18000, dans la mesure où 22000 des nouveaux profs prévus remplaceront des cadors qui partiront à la retraite. Quant aux quelques "réparations" (re-sic) prévues dans l'immédiat, elles ne suffiront pas à réaliser la "grande ambition" de Peillon, "changer l'école". Mais le véritable défi est à venir : trouver suffisamment de volontaires pour embrasser la carrière d'enseignant, alors que le métier de prof n'attire plus les étudiants (2 ans de préparation au concours après la licence, salaires trop faibles, conditions de travail de plus en plus difficiles). Et la chose n'est pas aisée dans la mesure où, à l'issue des concours 2012, quelques 700 postes n'ont pas été pourvus, faute de candidats présentant le niveau requis. En attendant l'arrivée de ces hypothétiques renforts, les profs en poste devront se contenter de "toute [la] sympathie" du ministre, même si elle ne les protège pas plus des baffes et des insultes qu'elle ne leur permet d'augmenter leur pouvoir d'achat.

lundi 17 septembre 2012

Têtes à claques

Alors que la semaine passée a été marquée par une reprise des actes de violence à l'encontre de professeurs (4 agressions caractérisées recensées), le ministre Peillon, invité sur BFM TV hier soir, n'a rien trouvé de plus pertinent pour lutter contre ce fléau que de convoquer une nouvelle commission pour réfléchir sur une question qui gangrène les établissements scolaires depuis de longues années. Dans "les semaines qui viennent", un nouvel observatoire de la violence scolaire verra donc le jour. Pourtant un tel organisme existe déjà, mais il ne dépend pas du ministère de l'Education nationale, qui pourra désormais, grâce au travail redondant de cette nouvelle instance, «mieux connaître les réalités» et «mettre en place un dispositif de prévention». En attendant un improbable résultat, des profs continueront à prendre des baffes en toute quiétude.

samedi 15 septembre 2012

Capitaine de pédago

(source : Le Canard Enchaîné, 12 septembre 2012)

vendredi 7 septembre 2012

Bêêê !


L'inspectrice d'académie de Loire-Atlantique avait décidé de fermer la 12e classe de l'école Jules Simon de Saint-Nazaire, après avoir recompté personnellement les élèves et constaté que les effectifs étaient de 286 et non de 287 enfants. Furieux mais très imaginatifs, les parents d'élèves se sont alors empressés d'inscrire un nouvel élève : il s'appelle Vincent P, et c'est un sympathique mouton noir d'Ouessant. "Nos enfants ont été comptés comme des moutons le jour de la rentrée. Nous nous sommes donc dit que l’on pouvait considérer le mouton comme un élève", justifie un parent. " Grâce au mouton, nous avons franchi la barre des 287 élèves ". L'effectif nécessaire pour ré-ouvrir la classe est atteint, mais l’académie a fait savoir que la classe resterait fermée malgré tout, faute de budget.  Les parents attendent maintenant un geste de l'autre Vincent P... qui ne saurait laisser son parent sur la touche.

lundi 3 septembre 2012

Rentrée dans l'Ain : le changement ce n'est pas pour maintenant


C’est l’histoire d’un lycée, celui de Ferney-Voltaire, qui est au paroxysme des difficultés que peuvent connaître actuellement certains établissements scolaires. En juin dernier, les prévisions d’inscriptions pour la rentrée prévoyaient une forte augmentation du nombre d’élèves. À tel point que, pour rester dans les normes, les syndicats demandaient l’ouverture de deux classes de seconde supplémentaires. En vain. « On aurait été en moyenne à 31,6 élèves par classe, note Roland Mirguet, de FO. Mais là, on va être à 35,6 et, comme certaines options accueillent plus d’élèves, des classes pourront en avoir 40 »
Dans l’Ain, au moins trois établissements du secondaire sont dans une situation très délicate pour cette rentrée. Toutefois, certains établissements tels que les collèges Thomas-Riboud, à Bourg-en-Bresse, et ceux de Châtillon-sur-Chalaronne, Belley et Divonne-les-Bains ont obtenu la création d’une classe supplémentaire. « Mais depuis cinq ans, insiste Nicolas Jambon, du Snes, il y a 1 200 élèves de plus, soit l’équivalent de trois collèges. Il aurait donc fallu une centaine de profs supplémentaires. Or, on a perdu l’équivalent de 40 postes… »
Dans le primaire, la situation n’est pas plus enviable. « On évalue les besoins du département à 100 postes, explique Pascal Baudet du Snuipp. Rien que pour être dans la moyenne nationale, il faudrait 40 postes supplémentaires ! » Or, ce sont seulement 19 postes qui vont voir le jour. Et encore : ils ne sont supplémentaires que par rapport à ce qui était prévu avant le changement de gouvernement, qui prévoyait la suppression de dix postes. « Ça ne fait que répondre à des situations d’urgence mais ça n’améliore pas la situation », note Pascal Baudet. « De plus, remarque Hervé Colas du SE-Unsa, ce sont des postes de stagiaires, non de titulaires, et comme ils doivent passer un quart de leur temps en formation, ça ne fait que 15 « vrais » postes. On devait être à moins 10 et on va être à plus 5. On reste donc à moins 35 par rapport à ce qu’il faudrait. C’est très ric-rac… » Car, nouveauté cette année, les stagiaires ont obtenu des heures de formation à effectuer chaque semaine. Sauf que, du coup, il faut leur trouver des remplaçants… « Avant, les stagiaires étaient des postes complémentaires, rappelle Hervé Colas. Aujourd’hui, ils ont une classe et il faut donc les remplacer lorsqu’ils partent en formation. Il n’y a plus de réserve. On masque en disant qu’on a un prof devant chaque élève mais dès qu’il part en arrêt maladie, maternité ou en formation, il n’y a plus personne… » Ce sont donc aux titulaires de faire des heures supplémentaires pour combler les manques. « Mais ça coince de plus en plus à force de leur en demander toujours davantage », assure Roland Mirguet.
Alors, parfois, devant le manque de choix, les heures laissées vides par les stagiaires devront être comblées par… les stagiaires eux-mêmes ! Une situation qui ne force pas les jeunes à vouloir devenir professeur. « Le problème, actuellement, est que même si le Gouvernement voulait augmenter le nombre de professeurs, il ne pourrait pas par manque de candidats !, s’exclame Roland Mirguet. Il faut reconsidérer le métier, au niveau du salaire et des conditions de travail. » Et de conclure : « On sait que le Gouvernement fait ce qu’il peut avec la situation dont il a hérité. Mais on espère que pour les années suivantes, l’éducation sera prioritaire car elle est primordiale à la société. »
(Source : Le Progrès, 3 septembre 2012)

vendredi 31 août 2012

"Il serait digne de mieux payer les enseignants"

«Il serait digne de mieux payer les enseignants si nous en avions les moyens, et lorsque nous les aurons, nous le ferons» a déclaré le ministre Peillon. Et bien chiche ! Parole en l'air cependant, puisqu'il s'est empressé de rajouter que "le contexte budgétaire" ne s'y prête pas. Le ministre est persuadé que l'argent n'intéresse pas les profs : «Les gens qui choisissent ce métier ne le choisissent pas d’abord pour l’argent [...]. Ce qu’ils veulent, c’est qu’on leur donne les moyens de faire réussir les élèves", affirme-t-il. Ah bon ? Le prof serait donc complètement désintéressé ? Il ne ressentirait pas la baisse de son pouvoir d'achat, conséquence du gel des salaires, à l'heure où tout augmente ? Sans blague... M. Peillon, les revendications salariales des enseignants sous-payés devront être prises en compte et nous ne saurons nous contenter de promesses repoussées d'emblée aux calendes grecques.

Conférence de rentrée


Le changement est en marche à l’Education nationale. Hier, à la surprise générale, le ministre Vincent Peillon a commencé sa conférence de presse de rentrée quasiment à l’heure, avec seulement cinq petites minutes de délai. Son prédécesseur, Luc Chatel, arrivait lui nonchalamment avec une bonne demi-heure de retard en articulant de vagues excuses…
Vincent Peillon, qui promet une grande «refondation» de l’école, était justement venu présenter «la première rentrée du changement». Plus détendu qu’avant l’été - l’effet des vacances, le résultat des arbitrages budgétaires pour 2013 ou un peu des deux… -, il s’est félicité de tout ce qui avait déjà changé, quitte à charger un peu la barque. La rentrée 2012 a en effet été préparée par le gouvernement sortant, et la nouvelle équipe, arrivée en mai, ne pouvait guère la modifier qu’à la marge. Elle reste donc marquée par 13 000 suppressions de postes dans le primaire et le secondaire - portant à près de 80 000 les coupes depuis 2007.
En fait, pour l’instant, le changement le plus spectaculaire concerne l’atmosphère. Les promesses de François Hollande de faire de la jeunesse une grande priorité, avec l’engagement de créer 60 000 postes dans l’Education durant son quinquennat, ont suscité des espoirs dans le monde éducatif. Chacun sait que cette rentrée sera encore difficile, avec des classes à 30 élèves en maternelle, une pénurie de remplaçants ou des effectifs surchargés en lycées professionnels. Mais l’attente est palpable, souvent teintée de réalisme. Et les premiers gestes du nouveau pouvoir ont rassuré sur le fait que les promesses seront bien tenues.
«La jeunesse est une priorité de François Hollande qui a été affirmée et réaffirmée, a martelé hier Vincent Peillon. Pour preuve de cette mobilisation, demain, le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, se rendra dans une école. Lundi, ce sera le Président, puis encore le Premier ministre… Pas moins de 22 ministères sont impliqués dans les débats sur la refondation de l’école.»
Aux antipodes d’un Luc Chatel qui assurait goguenard pouvoir supprimer des postes «sans problème», le ton et la méthode ont radicalement changé. Les syndicats, au plus mal avec l’équipe Chatel, saluent le retour à un dialogue social. Aux côtés des associations de parents, des élus locaux, des représentants du monde économique et associatif, ils participent aux débats sur la refondation de l’école qui, ouverts en juillet, se poursuivent sur un ton plutôt aimable. La plupart croient aujourd’hui à une vraie chance de changer l’école, chacun y mettant ses propres attentes, souvent antagoniques.
«Je suis un peu étonné quand je lis qu’on a l’impression que peu de choses ont changé, a déclaré hier le ministre, un ancien prof de philo avec une nette propension à donner des leçons. En réalité, beaucoup de choses se sont produites. En quelques mois, nous n’avons pas chômé.» Retour sur tous ces changements - ceux déjà mis en place, promis pour bientôt et remis à plus tard.
Les mesures déjà prises : souvent limitées mais très symboliques
Le gouvernement Ayrault a voulu marquer la rupture dans l’Education dès cette rentrée. Dans le cadre du collectif budgétaire de juillet, le secteur a été l’un des mieux servis. Conformément à la promesse de François Hollande, l’allocation de rentrée scolaire, qui bénéficie à 3 millions de familles pauvres, a été augmentée de 25 %. Une mesure présentée comme un coup de pouce au pouvoir d’achat des plus modestes, mais aussi comme un signe de l’importance accordée à l’école et aux inégalités qu’elle génère.
Pour soulager les situations les plus problématiques, Vincent Peillon a par ailleurs obtenu la création de 1 000 postes dans le primaire dès septembre - ce qui a ramené le nombre de suppressions de 14 000 prévues par Chatel à 13 000. La preuve que le primaire, où se nouent les difficultés scolaires et où se creusent les inégalités, sera désormais la priorité de la politique éducative, alors que traditionnellement le secondaire, et surtout le lycée passent avant.
Un autre geste, limité mais tout de même coûteux pour l’Etat, a été fait pour remédier à l’un des grands ratages du précédent quinquennat : la réforme de la formation des enseignants qui a quasiment sacrifié la dimension professionnelle. Cette année, les professeurs débutants, qui viennent de réussir leur concours, auront ainsi trois heures de décharge par semaine afin de compléter leur formation.
La mesure - peu coûteuse - la plus symbolique à destination des enseignants a été l’abrogation du décret réformant l’évaluation des profs, qui aurait donné la haute main aux chefs d’établissement dans leur notation. Luc Chatel l’avait signé à la veille de la présidentielle. Sa suppression était attendue par la profession, dénonçant la «caporalisation» sous Sarkozy.
Enfin, pour donner un signal de la volonté de changer les rythmes scolaires, le calendrier a été modifié : les congés de la Toussaint ont été rallongés de deux jours, pour durer deux semaines comme les autres petites vacances. En contrepartie, la sortie des classes est repoussée d’un jour, au 6 juillet, et une journée sera rattrapée dans l’année.
Les nouveautés imminentes : plutôt bien accueillies
En visite en Seine-Saint- Denis pour rencontrer une association prenant en charge les élèves exclus, François Hollande avait annoncé en avril un nouveau métier pour prévenir la violence scolaire. A la Toussaint, 500 assistants de prévention et de sécurité vont être affectés dans les établissements les plus exposés. Après avoir prôné les portiques de sécurité, Nicolas Sarkozy avait mis en place des équipes mobiles de sécurité, appelées en urgence lors de crises. Ces assistants, intégrés aux équipes, feront, eux, de la prévention de la violence et au delà, du décrochage scolaire. Les établissements difficiles, qui réclament davantage de présence humaine, y sont favorables. Par ailleurs, dès janvier, 6 000 étudiants boursiers en deuxième année de licence, tentés par l’enseignement mais reculant devant les cinq ans d’études à financer, signeront des contrats d’avenir. Ils s’engageront à passer les concours de l’enseignement, auront des missions de douze heures hebdomadaires dans les écoles et toucheront au total 900 euros par mois, bourse comprise. «Il n’y a pas de crise des vocations, a assuré hier Vincent Peillon. Enormément de jeunes ont envie de s’engager dans ce métier mais les conditions qui leur ont été faites pour y entrer les ont découragés.» Avec 22 000 postes mis au concours l’an prochain, soit le double de cette année, on saura bientôt si le ministre a raison d’être optimiste.
Les chantiers en attente : nettement plus risqués
C’est après la concertation sur la refondation - qui va déboucher sur une loi d’orientation et de programmation débattue à l’automne et votée début 2013 - que les choses vont se compliquer. Il faudra alors discuter de textes concrets pour mettre en musique les grandes lignes de la loi. Des tensions vont alors apparaître sur les principaux chantiers, comme les rythmes scolaires. «L’idée de la semaine des quatre jours et demi fait son chemin», s’est félicité hier Vincent Peillon, déterminé à y revenir dès la rentrée 2013. Mais il faudra alors raccourcir des journées trop chargées, étaler la semaine en faisant revenir élèves et enseignants le mercredi, rallonger l’année en grignotant les vacances d’été… Autant de sujets polémiques.
La réforme de la formation s’annonce également compliquée : le professeur doit-il être un as de sa discipline ou d’abord un bon pédagogue ? Enfin, si l’on veut relancer «l’école du socle» en rapprochant la primaire du collège et en atténuant la coupure, cela risque de remettre au goût du jour la guéguerre avec les partisans d’un collège plus près du lycée… Après le bon temps de la refondation, les ennuis pourraient commencer.
(source : V. Soulé, Libération, 29 août 2012)

mardi 28 août 2012

Promesses de rentrée

En accueillant hier les nouveaux profs stagiaires de l'académie de Créteil, Vincent Peillon a annoncé l'ouverture de 22000 postes aux prochains concours de recrutement, afin de renforcer les effectifs du primaire et du secondaire en septembre 2013. Il a donc annoncé la fin du non remplacement d'un poste sur deux d'enseignant partant à la retraite - la fin de la "saignée" -, la fin du temps du mépris du savoir et de ceux qui le transmettent, et la remise sur pied d'une pied d'une formation, même si celle ci est limitée à une journée par semaine, soit trois heures de décharge hebdomadaires, ce que beaucoup considèrent encore, à juste raison, comme insuffisant. «Il y a trois générations sacrifiées", a rappelé le ministre, déplorant que ces jeunes enseignants n’aient "eu aucune formation [et aient] été jetés immédiatement sur le terrain, souvent dans les conditions les plus difficiles, avec les classes les plus difficiles, parfois sur plusieurs établissements. J’ai interdit que cela ait lieu cette année ». Pour rattraper le coup, il a promis la mise en place en place d'une "formation continue pour que ces trois générations qui n’ont pas eu ce à quoi elles avaient droit aient dans les années qui viennent un rattrapage».

lundi 20 août 2012

Les chantiers de la rentrée

(source : Le Parisien - Aujourd'hui en France, 20 août 2012)

dimanche 19 août 2012

Refondation de l'école : la concertation commence


La concertation lancée début juillet par Vincent Peillon pour refonder l'école reprendra lundi 20 août après la pause estivale, sur des thèmes aussi sensibles que les rythmes scolaires, avant la remise d'un rapport et la présentation d'une loi à l'automne.
La concertation, promesse de François Hollande, lancée à la Sorbonne le 5 juillet par Vincent Peillon et le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, réunit environ 600 personnes (enseignants, sociologues, parents d'élèves, patronat, élus, recteurs...) qui ont planché pendant deux semaines en juillet. Ces travaux reprennent lundi et dureront jusque fin septembre autour de quatre thématiques: la réussite scolaire (priorité au primaire, socle commun), les élèves (rythmes scolaires, lutte contre la violence), un système éducatif efficace (développement du numérique) et les personnels (formation, évaluation). Un comité de pilotage remettra un rapport au ministre avant le 15 octobre, prélude à un projet de loi d'orientation et de programmation dans la foulée.
Le calendrier est serré mais "aujourd'hui, aucun article de la loi n'est rédigé", a-t-il assuré. "Les grandes orientations sont déjà définies mais les décisions politiques ne sont pas prises", a ajouté le conseiller du ministre."Je ne crois pas à un rapport consensuel salué par tout le monde", a averti un proche de Vincent Peillon, soulignant que les membres du comité "ne feront pas un filet d'eau tiède". "Après le temps de la concertation, et celui du Parlement, il y aura le temps de la démocratie sociale", autrement dit de la négociation avec les organisations syndicales, a rappelé Vincent Peillon devant la commission des Affaires culturelles de l'Assemblée nationale."Le temps est court", mais "si nous ne faisons pas les réformes assez vite, elles ne se feront pas", a ajouté le ministre. "Nous n'avons pas caché notre réforme de l'éducation", priorité du quinquennat, a-t-il rappelé.
Le retour à la semaine de 4,5 jours dans le primaire, abandonnée en 2008, semble faire consensus même s'il reste à définir ses modalités. A peine nommé, Vincent Peillon avait annoncé un retour à la semaine de cinq jours dans le primaire dès la rentrée 2013. Le thème des rythmes scolaires est l'un de ceux qui fait le plus débat tant les parties prenantes sont nombreuses: parents, enseignants, collectivités, associatifs et professionnels du tourisme n'ont pas les mêmes contraintes, bien que tous s'accordent à dire que le bien-être de l'enfant doit primer. Le plus difficile est à venir : respecter une pause déjeuner d'une heure et demie, réduire les vacances d'été, supprimer ou non les zones A, B et C qui étalent les vacances d'hiver et de printemps en fonction des académies et qui sont défendues mordicus par l'industrie touristique, ou encore alterner sept semaines de cours et deux de congés. Autant de terrains d'affrontements. Alléger la journée de classe de l'élève est aussi un sujet sensible car il faudra trouver les moyens financiers d'occuper les enfants après les cours. Les activités périscolaires relèvent des collectivités locales qui n'en n'ont pas toutes les moyens. Vincent Peillon a promis une égalité entre territoires. "Il faut que l'Etat joue son rôle (et) crée le cadre (d'une péréquation entre les communes) pour que tous les enfants de France, quel que soit leur territoire d'origine, aient les mêmes droits".
Le ministère a lancé un site internet à l'occasion de la concertation. Plus de 3.000 contributions avaient été recueillies courant août, émanant essentiellement d'enseignants.
http://www.refondonslecole.gouv.fr/
(source : tempsreel.nouvelobs.com, 18 août 2012)

lundi 30 juillet 2012

Crise des vocations


Quel métier pensez-vous faire ? Lorsque les universités posent la question à leurs étudiants, c'est devenu un leitmotiv : "Tout mais pas l'enseignement !" C'est ce que raconte notamment Anne Fraïsse, présidente de Montpellier-3 et vice-présidente de la CPU (Conférence des Présidents d'Université) : "On a beau leur répéter que c'est le plus beau métier du monde, ils préfèrent s'inscrire en communication ou en médiation culturelle." Révélatrice aussi, cette une de « l'Etudiant » : "40 métiers d'avenir pour la génération Y". A l'occasion de ses 40 ans, le mensuel propose à ses jeunes lecteurs quarante professions en phase avec leurs valeurs : quête de sens, usage des nouvelles technologies, solidarité, utilité sociale... On n'y trouve pas celle de professeur...
L'an passé, près de mille postes de professeur en collèges et lycées n'ont pu être pourvus " faute d'un nombre suffisant de candidats", reconnaissait l'Education nationale. "Nous enregistrons de graves pénuries de candidatures au professorat des écoles dans certaines académies", constate Patrick Demougin, président de la Conférence des Directeurs d'IUFM (instituts universitaires de formation des maîtres). Pourtant, les jeunes diplômés se bousculent aux épreuves des autres concours de fonctionnaires, pour devenir inspecteur des impôts, lieutenant de police ou assistante sociale. Comment en est-on arrivé là ? C'est une crise profonde, complexe et qui ne touche pas seulement la France. La Commission européenne vient de rendre un rapport sur l'aggravation préoccupante de cette panne de vocations. "Pour des raisons différentes, un grand nombre de pays, que ce soit l'Allemagne, la Belgique, l'Autriche ou la Norvège, connaissent également ces difficultés de recrutement", explique Bernadette Forsthuber, coordinatrice éducation à la Commission européenne. En cause : "Les salaires, souvent faibles au vu du niveau de diplôme, mais surtout le manque d'accompagnement, l'absence de perspectives d'évolution de carrière." Au-delà des particularités propres à chaque Etat, si le métier ne plaît plus, c'est que les jeunes veulent aujourd'hui, on le sait bien, être "utiles". " Pour eux, avoir les moyens d'aider vraiment les élèves, de pratiquer leur métier avec efficacité est un facteur essentiel de motivation", explique Pauline Musset, analyste à l'OCDE, qui a conduit plusieurs enquêtes sur cette question.
Sur ce terrain fragile, la réforme de la formation mise en place en 2009 a fait chez nous des ravages. "Elle a accru de façon dramatique la désaffection déjà installée", constate Jean-Pierre Obin, ancien inspecteur général. "Hausser le diplôme requis au concours de bac+4 à bac+5 a mécaniquement réduit le vivier des candidats. De plus, avec un master, les jeunes ont des attentes plus élevées et beaucoup d'autres débouchés possibles", observe la sociologue Nathalie Mons. Et il faut y ajouter des salaires plus faibles encore qu'ailleurs, la disparition de l'année d'apprentissage du métier en alternance pour les débutants, jetés directement devant les classes, et une politique d'économies à tout crin : suppressions massives de postes, disparition des Rased, des ZEP, de la formation continue, etc.
Comment relancer la vocation à l'heure où il va falloir plus que doubler les recrutements pour tenir la fameuse promesse des 60 000 postes ? Vincent Peillon promet de revoir la formation de bout en bout, de remettre des moyens, mais voici quelques bonnes pratiques. En Corée du Sud ou en Finlande, un poste dans un établissement en difficulté est une promotion, une mission particulièrement intéressante et non une corvée. A la clé, des effectifs réduits, du temps pour se former, etc. "En Suède, explique Pauline Musset, les jeunes enseignants disposent d'une journée par semaine pour aller observer leurs collègues chevronnés. Au Royaume-Uni, une campagne de publicité jouant sur le prestige, qui comparait les professeurs à des avocats, à des médecins, a donné d'excellents résultats." Peut-être faudrait-il surtout revoir nos méthodes : la France se distingue dans les enquêtes de l'OCDE par le mal-être de ses élèves. Et Anne Fraïsse en est sûre : "Nos étudiants, avant tout, ne veulent pas retourner dans l'école qu'ils ont connue."
(source : nouvelobs.com, 17 juillet 2012)

mardi 17 juillet 2012

Fiscalisation de heures sup' : les grands perdants

(source : Le Parisien - Aujourd'hui en France, 17 juillet 2012)
(source : Le Parisien -  Aujourd'hui en France, 19 juillet 2012)

vendredi 6 juillet 2012

La consultation du Dr Peillon

Les gouvernements changent mais les méthodes restent quand il s'agit d'endormir les attentes et d'éteindre les espérances. Hier, dans le cadre prestigieux de la Sorbonne, J.M. Ayrault et V. Peillon ont lancé une nouvelle campagne de concertation pour "refonder l'école". Une de plus avec, très certainement, les mêmes objectifs que les précédentes : préparer l'annonce et entériner des projets que le ministère a déjà engagés dans ses tuyaux. 400 "experts" - dont une partie est très certainement déconnectée des réalités du terrain - répartis en 21 groupes de réflexion, vont phosphorer au cours des trois mois à venir sur quatre thèmes prédéterminés, avec pour objectif de rendre au ministre un rapport qui lui permettra ensuite de préparer la grande loi d'orientation et de programmation de l'école promise par le candidat Hollande, loi qui devrait être soumise au Parlement avant la fin de l'année. Quelques thèmes majeurs, éternels serpents de mer, devraient être abordés au cours de ces palabres : les rythmes scolaires bien sûr, mais aussi la rénovation - et non la réforme - du collège, la lutte contre l'échec et le décrochage, la valorisation de l'enseignement professionnel, la formation et l'évaluation des enseignants, la place et le rôle des parents à l'école... Les expériences passées ont malheureusement montré que ces auscultations internes du pachyderme ont trop souvent accouché d'une souris. En sera-t-il de même cette fois ? A suivre... 
(source infographie : Le Parisien, 6 juillet 2012)

dimanche 1 juillet 2012

A table !

Trop de bruit pour rien ? Le maire de Feillens, Guy Billoudet, également conseiller général UMP, qui menaçait d'entamer ce soir une grève de la faim pour protester contre la fermeture de la 8e classe du RPI de Bâgé-le-Chatel et Saint-André-de-Bâgé,  a annoncé qu’il suspendait son ultimatum. En effet, depuis cette annonce fracassante, l'édile, qui se plaignait du silence radio de l’inspection académique, a reçu des nouvelles de l'Inspecteur Tarlet qui lui a donné rendez-vous demain lundi. Du coup, la grève de la faim est annulée en attendant le résultat de cette rencontre. A suivre....