mercredi 31 mars 2010

La revalo de Sarko

(source : Le Canard Enchaîné, 31 mars 2010)

Chatel le D.R. hache

(source : Le Canard Enchaîné, 31 mars 2010)

Les dessous d'une éviction.

La semaine dernière Le Canard Enchainé révélait dans quelles conditions Darcos avait été viré du gouvernement.Cette semaine, le même journal explique comment Sa Majesté a justifié la mise à mort de ce grand serviteur :
"comme je ne voulais pas passer pour un autiste, il fallait que je vire un perdant. Le plus faible d'entre eux, c'était Darcos. Donc, j'ai viré Darcos." C.Q.F.D.

Violence : de pire en pire

Après le couteau, la machette, la bombe lacrymo et la tringle à rideau, c'est un pistolet d'alarme qui a utilisé ce matin dans un établissement de Strasbourg par un type cagoulé qui s'est introduit dans l'enceinte du lycée Jean Monnet avant de faire usage de son arme dans une salle où se déroulait un cours d'allemand. Selon les témoins, il aurait pointé l'arme en direction de la prof. Fort heureusement il n'y a pas eu de blessé. "Des événements graves et indamissibles" a déclaré le proviseur devant tous les élèves réunis dans la cour à 10 h. Sans blague ! Plus que jamais il est urgent que Chatel réunisse ses états généraux, fasse installer des caméras de vidéo-surveillance et ériger des clôtures autour de tous les lycées... Mais que les profs de Strasbourg doivent faire très attention : nous savons le ministre plus prompt à ordonner des retenues sur salaire contre ceux qui utilisent leur droit de retrait pour dénoncer l'insécurité croissante qu'à s'attaquer aux racines du mal. Ce soir on attend toujours la réaction de Chatel et de son patron, celui qui prétendait sanctuariser l'école, après cette nouvelle agression.

mardi 30 mars 2010

Les profs augmentés ? Une arnaque !

Tout ça pour ça ? Lors de la campagne présidentielle, Nicolas Sarkozy avait fait miroiter, pour justifier les suppressions de postes dans l’éducation nationale, une revalorisation salariale des enseignants. « Moins de profs, mais mieux payés » : tel était le slogan. Las, alors que depuis 2007 pas moins de 45 000 postes se sont volatilisés, les augmentations de salaire, elles, s’annoncent bien moins ambitieuses. Dimanche soir, Luc Chatel a indiqué sur RTL que les « négociations » entamées en octobre avec les syndicats étaient terminées. Résultat ? Moins du quart des enseignants seront concernés…
FINANCÉE PAR LES SUPPRESSIONS DE POSTES
Selon le ministre, l’accent sera mis avant tout sur les 20 000 professeurs débutants. Dès le 1er septembre 2010, ils toucheront 157 euros net de plus par mois dans le primaire et 259 euros dans le secondaire s’ils ont l’agrégation. À ces mesures s’ajoute une revalorisation salariale de 660 euros net en moyenne par an, pendant sept ans, pour les enseignants qui ont entre une et sept années d’ancienneté. Au total, ces hausses de salaire concerneront donc 190 000 enseignants du primaire et du secondaire sur les 857 300 que l’on compte en France. Ces revalorisations représentent un coût total de « 196 millions d’euros, soit exactement la moitié des économies réalisées par le non-renouvellement d’un fonctionnaire sur deux partant en retraite », précise Luc Chatel.
30 EUROS PAR MOIS SUR TOUTE UNE CARRIÈRE
Reçus ce matin par le ministre, les syndicats ont accueilli plus que froidement ces annonces. « Notre déception est assez profonde, confie le secrétaire général du Snuipp-FSU, Gilles Moindrot, principal syndicat des enseignants du premier degré. La revalorisation du statut des enseignants n’est pas mise en oeuvre. » Même tonalité au SE-UNSA (« C’est l’option la plus basse qui a visiblement été retenue »), au Sgen-CFDT (« Il n’y a pas eu de vraies négociations ») et au Snes-FSU. Pour le premier syndicat du secondaire, le compte n’y est pas : « L’engagement de Nicolas Sarkozy d’une revalorisation du métier d’enseignant concernait l’ensemble des personnels, ce qui n’est pas le cas des annonces du ministre », rappelle l’organisation.
Et puis, les syndicats ont sorti leur calculette : pour eux, le montant de la revalorisation des nouveaux profs, recrutés dorénavant au niveau master 2 (bac + 5 contre bac + 4 actuellement) apparaît finalement très limité. Cette augmentation n’ayant d’effet que sur les sept premières années de la carrière, elle s’élèvera pour les personnes recrutées au niveau du master « au mieux à 30 euros par mois en moyenne sur l’ensemble de la carrière », souligne le Snes, qui continue de réclamer un plan de revalorisation pluriannuel.
De son côté, la CGT éduc’action parle d’« arnaque », rappelant que le gouvernement a profité de la « mastérisation » de la formation des maîtres pour supprimer l’année de professeur stagiaire, qui était rémunérée environ 1 500 euros par mois pendant un an. Même revalorisés dans leurs premiers salaires, les futurs enseignants auront donc perdu « plus de 13 000 euros » sur leur début de carrière, selon le calcul du syndicat.
(Source : L'Humanité, 30 mars 2010)

lundi 29 mars 2010

Chatel veut faire reculer l'illettrisme

"L'illettrisme est une réalité dans notre pays". Fort de ce constat, Luc Chatel, qui visitait ce matin le Salon du livre, a annoncé plusieurs initiatives pour lutter dès l'école maternelle contre ce qui reste une "réalité dans notre pays" : "un effort sur l'apprentissage méthodique du vocabulaire" dès la maternelle, des efforts pour "stimuler la mémoire grâce à l'apprentissage par coeur de textes et de chansons", la nécessité de "lire aux élèves de façon précoce des textes de qualité, de grands textes de notre littérature", et d'"encourager le plaisir de lire sous toutes ces formes". Rien de révolutionnaire en soi. Et si au lieu d'effets d'annonce, il veillait à améliorer les conditions de l'enseignement du français au collège, en redressant des horaires hebdomadaires plancher, en allégeant les effectifs dans les classes et en mettant fin à des suppressions de postes et à une politique qui fera de nombreuses victimes chez les élèves les plus fragiles.

Putain.... deux ans

29 mars 2008 - 29 mars 2010
Le blog du collège de Vonnas a...
2 ANS

706 messages publiés,
plusieurs milliers de visiteurs,
près de 730 revues de presse,
plusieurs centaines d'heures passées devant l'écran,
quelques kilomètres de manifs dans les pattes,
Pour défendre une école de qualité
Pour ne jamais voir ça
ALLEZ, on continue...

dimanche 28 mars 2010

Le retour de Chatel

Le temps d'une émission de radio Luc Chatel retrouvait brièvement ce soir sur R.T.L. sa casquette de ministre de L'Education nationale. Il a rappelé, malgré la claque électorale de la semaine dernière, sa fierté d'appartenir à un gouvernement qui ne recule pas devant les réformes et d'être au service d'un génie politique courageux, volontaire et à l'écoute de la nation. Il est apparu décidé à appuyer la réforme des retraites et à imposer aux forceps la réforme des lycées malgré les contestations et les polémiques qui portent sur certains programmes comme en sciences économiques et sociales. Mais, en bon libéral, il est resté sans avis sur la question de la semaine de quatre jours en primaire, laissant chaque conseil d'école décider des rythmes scolaires à adopter. Par contre, il a annoncé qu'un peu moins du quart des enseignants, 20.000 débutants et 170.000 enseignants déjà en fonction, vont bénéficier de mesures de revalorisation salariale de plus de 10 % à partir du 1er septembre 2010. Cela pourrait représenter plus de 5500 euros par an pendant les sept premières années de carrière, pour un montant de 200 millions d'euros, soit la moitié des sommes économisées par le non renouvellement des départs en retraite. "On va proposer en début de carrière une augmentation de 157 euros nets par mois pour les professeurs des écoles et les professeurs certifiés (...) et pour les professeurs agrégés 259 euros [nets mensuels] d'augmentation (...). Nous avons des étudiants qui font l'effort d'une année d'études supplémentaire, eh bien la contrepartie, c'est qu'ils sont mieux payés". En présentant la mise en place d'un droit individuel à la formation (DIF) de 20 heures par an à la prochaine rentrée, il a annoncé que tous ceux qui se porteront volontaires pour suivre ces "formations complémentaires de la formation professionnelle" pendant les vacances scolaires auront le droit à un petit bonus et seront rémunérés à "50% du salaire horaire". Notre D.R.H. a également annoncé la création d'un "entretien systématique" consacré à la mobilité professionnelle pour "tous les professeurs après deux ans et ensuite après 15 ans de carrière", de "passerelles" pour une évolution interne des carrières (pour permettre par exemple à un enseignant de premier degré qui le souhaiterait, d'aller enseigner dans le seconde degré ????) et la mise en place sur internet d'un "portail unique" recensant "les postes à pourvoir hors Education nationale". Mais rassurons-nous, l'essentiel est sauf : la chasse aux fonctionnaires continue et Chatel ne revient pas sur la ligne directrice du gouvernement, le non renouvellement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite.
o.g.

"Ces murmures allaient à une sédition toute ouverte" (C.F. de Vaugelas)

"Parents d'élèves et professeurs du collège Vaugelas de Meximieux durcissent le ton. Après plusieurs mois de mobilisation pour dénoncer la baisse de moyens alloués à l'établissement à la rentrée prochaine, ils avaient choisi de battre le pavé pour faire entendre un peu plus leur voix et alerter la population. Ils étaient une centaine hier matin à défiler dans les rues de la ville peu habituée à ce genre de cortège contestataire. Banderoles, concert de sifflets, de sirènes et de casseroles ont rythmé leurs revendications."

(source : Le Progrès, 28 mars 2010)

jeudi 25 mars 2010

Meximieux attend... mieux

Après demain, samedi 27 mars, les parents et les professeurs du collège Vaugelas de Meximieux descendront dans la rue pour protester à nouveau contre la baisse des moyens alloués à leur établissement à la rentrée prochaine. Ils estiment en effet que ces moyens ne permettront plus d'assurer les heures légales d'enseignement aux élèves de 5e et 4e et dénoncent la suppression d'une classe de 6e à la rentrée. Ensemble, profs et parents d'élèves attendent un large soutien de la population meximiarde et veulent, au travers de ce mouvement, inciter l'inspection académique à revoir sa position pour débloquer des moyens supplémentaires. La manifestation partira du collège à 9 h 30.

mercredi 24 mars 2010

De l'ombre (de Sarko) au (roi) soleil... le rêve de Darcos

Xavier Darcos n’a pas attendu. Dès qu’il a été débarqué du gouvernement, il a réclamé à cors et à cris la présidence du château de Versailles, en remplacement de Jean-Jacques Aillagon. Lequel, en dépit des ennuis de santé qui l’ont atteint l’été dernier, et des relations plutôt froides qu’entretient avec lui Frédéric Mitterrand, est candidat à son renouvellement, après trois années passées au domaine (...). L’ancien ministre du Travail a clamé dans les salons parisiens que Versailles lui avait été offert par Sarkozy, au choix avec l’ambassade de France à Rome ou la tête de la nouvelle agence culturelle de la France. Mais à l’Elysée comme rue de Valois, on a susurré qu’il agissait plutôt de son propre chef. «Ce choix serait bien étonnant vu les difficultés dans le dialogue qu’a montré l’intéressé à la tête d’un ministère», a même résumé un interlocuteur, qui lui est peu favorable.
(source : Libération, 24 mars 2010)

C.D.E.N. : "bonjour les dégâts"

Le Conseil départemental de l'Éducation nationale (CDEN) a rendu sa copie lundi soir à Bourg, à l'issue d'une séance marathon, présidée - une fois n'est pas coutume - par le préfet.
Inspection d'académie, enseignants, parents, associations et élus ont dessiné la carte scolaire 2010 du premier degré et validé les postes des collèges et lycées.
Résumé : dans le premier degré, pour l'instant, ça va. Dans le secondaire, bonjour les dégâts.
Collèges : 246 élèves en plus, 8 postes en moins
Le CDEN a confirmé la faiblesse de la dotation horaire globale allouée par l'académie. Soit un solde négatif de 8 équivalents-postes pour 246 élèves en plus. Classes surchargées, options et dédoublements sacrifiés, les 5e/4e délaissés, des professeurs qui bouchent les trous et des heures supplémentaires qui cachent la misère. Les enseignants et les parents ont déjà exprimé leur désarroi par la grève, dans la rue et à l'inspection. « Les problèmes se posent dans une bonne dizaine de collèges », relativise Philippe Sauret. « On a amélioré deux tiers des situations de ceux que j'ai entendus ». Pour s'en sortir, l'inspecteur d'académie jongle avec sa dotation, en attendant une hypothétique rallonge du rectorat et en appliquant le principe du « donner plus aux plus défavorisés ». Mais là, sa latitude paraît bien mince.
Lycées : 230 élèves en plus, 16 postes en moins
Tenu également lundi soir, à Lyon, le conseil paritaire technique d'académie n'a pas plus rassuré les enseignants. 11 290 lycéens dans l'Ain, 119 de plus qu'en 2009. 3 236 élèves en lycées professionnels, 111 de plus qu'en 2009. En face, 16 postes en moins, 27 suppressions, 11 créations en lycées, 5 suppressions, 5 créations en LP. Le recteur dit travailler dans « un budget contraint ». Au lycée professionnel Gabriel-Voisin de Bourg, ou à Painlevé à Oyonnax, l'addition est salée.
(source : Le Progrès, 24 mars 2010)

mardi 23 mars 2010

Mobilisation réussie

Entre 10 000 et 14 000 manifestants dans les rues de Lyon ce matin, 2 000 cet après-midi à Bourg-en-Bresse, le journée interprofessionnelle de mobilisation contre la politique sociale du gouvernement et la destruction progressive des services publics a remporté un certain succès ce mardi. Mais si Sarko et Fillon ne vont pas au delà de leur grotesque remaniement d'hier soir, le sang et les larmes de Darcos ne suffiront pas à éteindre la colère qui gronde dans la population.

Epitaphe (tu l'as dit bouffi) : "Le destin d'un ministre est de servir, quitte à durer moins longtemps que les réformes qu'il a entreprises". X. Darcos, 23 mars 2010.

lundi 22 mars 2010

ça sent le bouc

ça y est. C'est fait. Lourdé comme un malpropre, le pauvre Xavier a fait ses cartons. Le bon gros toutou de la Sarkozie est lâchement abandonné par son maître indigne sur une aire de repos de l'autoroute d'Aquitaine. La fidélité ne paye pas dans le royaume de Nicolas, pas plus que la propension à avaler d'énormes couleuvres. Ses états de service, sa réforme des lycées, son S.M.A. et les milliers de postes de profs supprimés n'auront pas pesé bien lourd face à la volonté du chef de trouver un bouc émissaire pour ne pas avoir à assumer personnellement la claque électorale d'hier. En attendant d'être "appelé à d'autres fonctions", Darcos va pouvoir dès demain, jour de grève dans la fonction publique, se porter volontaire pour assurer le service minimum d'accueil dans une école primaire de la capitale avant de postuler dans l'académie de Bordeaux pour palier aux absences de courte durée des profs de lettres. Bonne route à toi Xavier... nous ne te regretterons pas.
o.g.

dimanche 21 mars 2010

Et vlan !

Une petite pensée émue ce soir pour notre ancien ami Xavier Darcos, tête de liste en Aquitaine, qui vient de se prendre une monumentale dérouillée en ne recueillant sur son nom que 28 % des voix. C'est dix point de moins que la liste UMP de Champagne-Ardennes sur laquelle figurait en dernière place - non éligible - son successeur Chatel et quinze de moins que celle que conduisait Valérie Pécresse en Ile-de-France. Si ces deux là devraient bien rester au gouvernement, qu'adviendra-t-il de ce pauvre Xavier ? Dépourvu de tout mandat, il pourrait retourner à ses chères études en devenant TZR dans l'académie Créteil par exemple. Voilà qui aurait de la gueule.

samedi 20 mars 2010

Aux urnes citoyens

(source : Plantu, Le Monde, 12 mars 2010)

Un capes bien enterré

Pour protester contre les conditions dans lesquelles s'annonce la mise en oeuvre de la réforme de la masterisation, les profs des UFR d'histoire et de géographie de l'université de Nanterre-La Défense ont décidé à une nette majorité de ne pas assurer les préparations au CAPES d'histoire-géo pour le concours de 2010. Ces 50 historiens et ces 19 géographes estiment à l'unanimité et avec raison que "le dispositif prévu par le ministère dans le cadre de la réforme de la formation des enseignants, contre l’avis de la plupart des institutions représentatives de l’enseignement supérieur et de la recherche, menace gravement la qualité de la formation tant disciplinaire que pédagogique des futurs enseignants". 42 d'entre eux ont donc pris la décision de pas s'investir dans la préparation des étudiants à ce concours, une décision radicale qui montre aux deux ministres intermittents Pécresse et Chatel que la mobilisation des universitaires n'est pas morte.

vendredi 19 mars 2010

Chatel dénigre les TZR

C’est bien connu : les profs ne travaillent pas beaucoup, ont des vacances interminables et ne cessent de se plaindre. Le cliché, traditionnellement véhiculé par la droite, a manifestement encore de beaux jours devant lui. Le ministre de l’Education nationale Luc Chatel en personne vient de donner de nouveaux arguments à tous ceux qui dénigrent les profs. Le 10 mars, il est interrogé sur le plateau de Canal + au sujet de son plan de bataille pour résoudre le problème endémique des remplacements de postes à l’école. Il propose notamment de recourir à de «jeunes retraités de l’Education et à des étudiants qualifiés» que l’on pourrait appeler au «pied levé». Devant les caméras de télévision, il justifie alors cette idée en évoquant «le paradoxe du système de remplacement actuel» : «dans le second degré, vous avez un professeur sur deux qui est titulaire remplaçant qui n’est pas utilisé, et de l’autre côté, vous avez des absences qui ne sont pas remplacées
Depuis quelques années, le taux d’occupation des professeurs remplaçants («TZR» dans le jargon, pour titulaire sur zone de remplacement) est parfois évoqué par le ministère pour justifier une réforme du système et, accessoirement, des suppressions de postes. Mais jamais un tel chiffre n’avait été donné. Plusieurs fois sollicité par Libération pour expliciter ce taux d’un remplaçant sur deux inutilisé - donc payé à ne rien faire… -, le ministère n’a pas répondu. Parce qu’aucune statistique ne vient confirmer l’assertion de Chatel ? En décembre 2005, le ministre de l’Education d’alors, Gilles de Robien, donnait un chiffre supérieur. Il estimait à 84% le taux d’utilisation des TZR.
Cette notion de taux d’occupation, qui ne figure pas parmi les statistiques publiques, mérite par ailleurs quelques précisions. Par définition, un TZR ne doit pas être utilisé à plein temps, avec la charge d’une classe toute l’année. Ou alors il ne peut plus remplacer ses collègues, ce qui est tout de même sa fonction première. De plus, entre deux remplacements, il ne reste pas à rien faire. Il est rattaché à un établissement où il intervient en renfort. «Si l’on retient le nombre de 20 000 dans le secondaire, il faudrait qu’il y ait chaque jour 20 000 profs absents, et ce en proportion dans les disciplines des remplaçants, explique Guy Barbier, secrétaire national du SE-Unsa. Ce qui supposerait de prévoir les épidémies, les maladies, etc. C’est évidemment impossible.» Par ailleurs, il faut tenir compte du fait que ces TZR interviennent sur des «zones», c’est-à-dire sur des aires géographiques, ce qui complique encore les ajustements.
Ensuite, de qui parle exactement le ministre? Parmi ces remplaçants, on inclut des personnels très divers : les profs «en surnombre» - dont les disciplines ont périclité - et qui sont en attente de reconversion, ceux qui traversent des situations difficiles et à qui on cherche des points de chute, ou encore ceux qui n’ont pas un temps de service complet (18 heures de cours par semaine). «En plus, les académies ont des méthodes très différentes pour calculer le taux d’occupation des TZR, souligne Didier Parizot, du Sgen-CFDT. Certaines comptent même les petites vacances comme des périodes de non-utilisation
Enfin, si tant de profs remplaçants se tournent les pouces, pourquoi faire appel à des contractuels étudiants ? En fait, 3 000 postes de TZR ont disparu à la rentrée 2009, dans le cadre de la suppression de 13 500 postes. «Résultat, on a dû en affecter cette année un grand nombre sur des postes à l’année, ce qui explique les problèmes de remplacement», explique Guillaume Delmas, du Snes, le principal syndicat du secondaire.
Les syndicats estiment que le taux d’occupation des TZR dans l’enseignement secondaire se situe plutôt autour de 80 %. C’est d’ailleurs ce que le ministre affirmait dans une interview au Parisien, publiée le 9 mars. Dès le lendemain, le chiffre dégringolait à 50 %. Pour mieux frapper les esprits?
(source: V. Soulé, Libération, 18 mars 2010)

mercredi 17 mars 2010

Le troisième trimestre sera «  agité  »

Extension de la lutte ? Après un mois de février mouvementé dans l’académie de Créteil sur fond de violence scolaire, (...) « il y a un ras-le-bol généralisé, assure Frédérique Rolet, cosecrétaire générale du Snes. Et la crise est maintenant à son paroxysme. » Difficile de savoir quelle sera l’ampleur de la mobilisation. « Mais une chose est sûre, précise Roland Hubert, autre dirigeant du Snes, il se passe beaucoup de choses dans les établissements : rencontres avec les parents, assemblées générales, interpellation d’élus. » Notamment en Île-de-France et dans les académies de Lille, d’Aix-Marseille ou Lyon. Les sujets de mécontentement s’accumulent sur le bureau du ministre. Il tente, depuis quelques semaines, de les circonscrire à la seule question de la sécurité dans les établissements. Mais sa stratégie n’abuse pas les enseignants dont les revendications vont au-delà des lubies ministérielles sur la vidéosurveillance. Elles commencent par l’arrêt des suppressions de postes (45 000 depuis 2007, dont 16 000 en 2010) et l’exigence de moyens humains et financiers supplémentaires.
Ces dernières semaines, la découverte dans les collèges de « dotations horaires globales » (DHG – nombre d’heures et donc de postes) en chute libre pour la rentrée 2010 a fait l’effet d’une douche froide. « J’ai rarement vu autant de conseils d’administration rejeter leur DHG, confirme Roland Hubert. Pour le moment, cela se traduit par des motions, des pétitions ou des délégations dans les inspections académiques. Mais la colère pourrait bien monter encore d’un cran. » Surtout que la réforme de la formation des maîtres, qui placera dès septembre des profs débutants à temps plein dans les classes, tout comme celle des lycées, avec ses programmes de seconde très contestés, continuent de braquer une bonne partie de la profession et des lycéens.
Les syndicats pronostiquent – au minimum – une « agitation chronique » au cours de ce troisième trimestre. Comment pourrait-il en être autrement ? « Les suppressions de postes de CPE ou encore de conseillères d’orientation psychologues affaiblissent gravement les équipes, relève Frédérique Rollet. Il y a une lassitude qui s’installe face à des conditions de travail qui ne cessent de se dégrader. »

(Source : Laurent Mouloud, L'humanité, 12 mars 2010)

Jassans-Riottier en grève

"Le collège Léon-Marie-Fournet sans élèves
Hier, les professeurs étaient en grève au collège Léon-Marie-Fournet. Ce mouvement de mécontentement fait suite à l'audience tendue qui s'est déroulée avec l'inspecteur d'académie
."

(source : leprogres.fr, 17 mars 2010)

Sur son site, Le Progrès a mis en ligne un sondage : "collèges et lycées de l'Ain de l'Ain ont-ils asez de moyens ?" A l'heure où nous consultons, 236 votes sont comptabilisés et le "non" l'emporte à 58 % contre 32 % pour "oui". Tout le monde peut participer pour faire connaître la vérité.

samedi 13 mars 2010

"Les enseignants en cortège dans les rues de Lyon"

Les professeurs de collèges et lycées s'alarment surtout des moyens attribués aux établissements pour la prochaine rentrée
« Réforme Chatel à la poubelle ». Chaque ministre de l'Education nationale inspire de nouvelles rimes dont il se passerait bien. Ce slogan a été scandé lors de la manifestation qui a rassemblé hier environ 1 300 personnes (1). A l'appel de plusieurs syndicats (Snes, Fo, CGT éduc'action, CNT, Snalc) les enseignants des collèges et lycées étaient appelés à faire grève et à défiler. Comme principaux mots d'ordre, les restrictions des heures d'enseignement dans les établissements, l'évolution de la formation des professeurs et la réfome des lycées.
A chaque ministre ses rimes, et à chaque grève ses chiffres qui ne s'accordent pas. Selon le rectorat de Lyon, la grève a été suivie en moyenne par un peu plus de 13 % des enseignants sur l'Ain, le Rhône et la Loire. Ce chiffre fait bondir Jean-Louis Pérez, le secrétaire académique du Snes-FSU. « L'administration relève les absents à 8 heures du matin et les rapporte au nombre total d'enseignants, y compris ceux qui ne travaillent pas ce jour-là » dénonce-t-il. Le syndicaliste estime pour sa part que plus d'un enseignant sur deux a suivi la grève. De fait, le pourcentage avancé par l'administration, non détaillé (malgré notre demande) semble bien faible au regard de quelques situations observées dans plusieurs établissements.
Surtout, l'exaspération est palpable. Ces derniers jours, plusieurs actions « dures » ont été menées. Les collèges Barbusse à Vaulx-en-Velin, Longchambon à Lyon 8e, Schoelcher à La Duchère ont ainsi obtenu une rallonge sur leur budget. Au lycée Colbert, hier matin, une vingtaine d'enseignants a bloqué l'accès aux cours. A Vénissieux, Saint-Fons, Givors, les enseignants ont exprimé vivement leur mécontentement. « Pour assurer l'aide personnalisée aux élèves, nous devons supprimer des dédoublements en physique-chimie et en langue vivante » illustre un enseignant du lycée Ampère. « Selon les moyens qui nous sont attribués, nous aurons 35 élèves en seconde contre 28 aujourd'hui » affirme un autre à la Martinière Diderot. « Notre dispositif spécifique pour les élèves exclus risque de disparaître » relève une enseignante de Schoelcher. Ici et là, on affirme refuser « une logique comptable au détriment des élèves ».
Dans l'Ain, l'inspection d'académie ne livre qu'un nombre global de 350 grévistes, collèges et lycées confondus. Beaucoup plus précis, le Snes-FSU fournit un échantillon représentatif d'une vingtaine d'établissements avec le nombre de grévistes déclarés, l'effectif enseignant et le pourcentage. La participation oscille entre 10 % pour le collège de Péronnas, à 93 % pour celui de Saint-Trivier, en passant par Bâgé (23 %) Jassans (24 %) ou Trévoux (28 %) pour les moins motivés, le lycée d'Oyonnax (70 %), les collèges de Pont-de-Veyle (70 %), Bourg St-Roch (76 %) et Ceyzériat (80 %). Le syndicat en tire une moyenne de 50,5 % supérieure de 10 points à la mobilisation de février.
Une bonne centaine d'enseignants de l'Ain sont ainsi descendus manifester hier à Lyon où l'exaspération étaient palpable. Ces derniers jours, plusieurs actions ont été menées entre grèves locales, mobilisation longue durée et demandes d'audience à l'inspection. De nombreux conseils d'administration ont refusé de voter les budgets (ce qui n'a qu'une valeur consultative) et rédigé des motions parfois transmises aux parents. Dans plusieurs établissements, les enseignants ont refusé les heures supplémentaires qui permettent de gérer la pénurie. Beaucoup dénoncent les économies qui guident les réformes.
Muriel Florin ; Marc Dazy
(1) selon notre estimation et celle de la police /3 000 selon les organisateurs.
(source : Le Progrès, 13 mars 2010)

Près de trois profs sur quatre étaient en grève au collège de Vonnas

vendredi 12 mars 2010

Le blog des "Voisin"

Fortement mobilisés contre la réduction de leur DHG (100 heures de cours et 5 postes en moins annoncés), les profs du lycée Gabriel Voisin ont créé leur blog. Après avoir rejeté cette DHG en conseil d'administration, un peu plus de la moité d'entre eux se sont mis en grève le 11 février dernier. Ils n'acceptent pas non plus la décision du rectorat de supprimer la section "transport de voyageurs", une filière unique dans le département et qui rencontre un grand succès depuis son ouverture. Ils ont reçu le soutien du sénateur Mazuir, Président du Conseil Général, et du maire de Bourg, J.F. Desbats.

Pour tout savoir sur leurs actions, rendez-vous sur http://lpvoisinendanger.blogspot.com/

"Onzième jour de mobilisation au lycée professionnel Voisin Depuis l'annonce de leur dotation horaire globale amputée de 100 heures par semaine, les professeurs se déclarent grévistes à tour de rôle, remontés contre une dégradation générale des conditions d'enseignement"
(source : leprogres.fr, 13 mars 2010)

Dans les rues de Lyon

Aujourd'hui un prof sur deux serait en grève selon les syndicats qui appelaient à manifester ce matin dans les rues de Lyon. Plus de 3000 personnes avaient répondu présent pour une manifestation buyante et colorée qui s'est déplacée entre la place des Terreaux et le Rectorat, rue de Marseille.

Les profs à la Une du Progrès

AIN : VENT DE FRONDE
DANS LES COLLEGES ET LES LYCEES

(source : Le Progrès, 12 mars 2010)

jeudi 11 mars 2010

Contre les réformes Chatel et les suppressions de postes dans le secondaire

MANIFESTATION ACADEMIQUE

Vendredi 12 avril 2010

LYON

Place des Terreaux - 10 h.

Les bébés, c'est comme les sardines

Aujourd'hui, les personnels des crèches étaient en grève pour protester contre le projet de décret Morano sur les jardins d'éveil, qui prévoit d'accueillir toujours plus de bébés sans modifier le nombre de places dans les strucures, tout en réduisant la proportion de personnel qualifié (40% au lieu de 50%), sans nouvelles embauches. Si le projet de la redoutable murène voyait le jour, il devrait donc préparer dès le berceau, le parc et la chaise haute les collégiens des années 2020 à ce que seront alors les conditions d'accueil qu'ils découvriront au moment de leur entrée en sixième, dans des classes qui, au rythme où vont les choses, pourraient alors largement dépasser les 30 élèves.

Grève des trousses et des cahiers

La Fidl a lancé un appel à une grève des trousses et des cahiers dans tous les lycées lundi 15 mars. L'organisation lycéenne souhaite imposer des "cours alternatifs" pour "favoriser le dialogue entre professeurs et élèves ; avertis à l'avance, [les profs] seront bien obligés de s'y plier puisque les lycéens n'auront ni trousse ni cahier". 50.000 délégués ou élus de la Fidl auraient déjà annoncé leur volonté de participer à cette journée. Parmi les sujets de débats : la réforme du lycée "qui ne passe pas bien" et "pour laquelle il y a un gros manque d'information", la violence scolaire qui ne "peut se résoudre par la vidéosurveillance", et "la politique du gouvernement en matière d'éducation".

Fronde... au second degré

(Source : Le Progrès, 11 mars 2010)

mercredi 10 mars 2010

Manifestation à Jassans

"Le froid et le vent n'ont pas découragé la centaine de parents d'élèves et de professeurs qui ont manifesté devant le collège J.-M. Fournet de Jassans, pour dénoncer la politique de la rentrée 2010. L'augmentation des élèves (environ 20 nouveaux élèves) et la diminution des heures de cours prévue (15 heures de moins) ne résout pas l'équation qui donne des classes surchargées, des heures supplémentaires et le risque de cours non assurés. Si aucun compromis n'est obtenu les enseignants envisagent un mouvement de grève."
(source : www.Leprogres.fr, 10 mars 2010)

Des établissements de l'Ain rebaptisés

Une centaine de profs se sont retrouvés en début d'après-midi devant l'inspection académique de l'Ain à Bourg-en-Bresse, pour dénoncer la baisse des dotations horaires et donner solennellement à leurs établissements de nouveaux noms davantage dans l'air du temps.

VONNAS : le collège du NON ! et du Re-NON !

PONT-DE-VEYLE : collège du GRAND SABORDAGE

MONTREVEL : collège de L'HUPPE... PLUMEE

CEYZERIAT : collège DESOSSE

BOURG (Gabriel Voisin) : L.P. de L'ABANDON

HAUTEVILLE : collège SIXDENIER... PAS UN DE PLUS !

mardi 9 mars 2010

En attendant la manifestation académique
du 12 mars.
Lycées, collèges, lycées professionnels de l'Ain
Mercredi 10 mars
14 h. 30
RASSEMBLEMENT départemental
DEVANT l'I.A.
BOURG-EN-BRESSE
Contre les D.H.G., les suppressions de postes, la réforme du lycée, la masterisation et les dernières provocations imbéciles et électoralistes d'un ministre indigne.
Nous y serons - Venez nombreux.

L'interview de la honte qui attise la colère

Face à la multiplication des recours lancés par les associations de parents d'élèves contre sa personne pour non-remplacements trop fréquents d'enseignants, Chatel a décidé de prendre à bras le corps le problème du non remplacement des absences de courte durée. Mais à quel prix ! Ces solutions sont inadmissibles ! Une agression supplémentaire ! Des jeunes retraités et des étudiants pourraient être sollicités pour remplacer les enseignants absents, ce qui permettrait aux rectorats de se constituer à bon compte des fichiers de contractuels associés qui s'ajouterait à celui des professeurs non titulaires. Pire, il affirme que des étudiants sont capables de prendre en charge n'importe quelle classe, sans aucune formation. Des propos honteux ! Tout le monde le sait : n'importe qui peut "faire le prof" car ce n'est pas un vrai métier. Quant à sa comparaison avec les internes en médecine elle est d'une absurdité totale. Enfin, comme cet incapable n'est pas à une provoc' près, il propose également de pouvoir affecter les titulaires remplaçants dans d'autres académies que celle à laquelle ils sont en théorie rattachés. Une seule chose intéresse le ministre : "mettre chaque jour" des adultes face aux élèves. Peu importe qui ils sont. Peu importe pour quoi faire.

Texte de l'entretien publié aujourd'hui par Le Parisien (http://www.leparisien.fr)
Q. : Ce matin, vous allez demander aux recteurs de se mobiliser pour améliorer les remplacements...
R. Luc Chatel : Il est temps de décréter la mobilisation générale à tous les échelons de l’Education nationale. Je caricature un peu en disant qu’on entend parfois : « Tiens, le prof de musique est absent depuis trois semaines, mais ce n’est pas grave ». Ce ne devra plus être le cas. Il faut se mobiliser pour toutes les disciplines, parvenir au remplacement des enseignants, dans le primaire comme dans le secondaire, dans les délais les plus brefs : enclencher la recherche de solution dès le premier jour.
Q. : Le manque de remplaçants a toujours mécontenté les parents. Mais, ces derniers mois, la tension est montée : forte mobilisation et recours devant le tribunal administratif en Seine-Saint-Denis… La situation s’est-elle donc aggravée ?
R. : Non, et je tiens à ce qu’on évite deux idées fausses. La première serait de considérer que les professeurs sont trop souvent absents. Si l’on regarde les motifs dans le premier degré, qui compte 80 % de population féminine, dans 38 % des cas il s’agit de congés maternité. Deuxième idée fausse : parce qu’à certains endroits il y a de réelles tensions, ponctuelles, considérer que l’ensemble de la machine est grippé. Il n’y a pas de problèmes partout. Mettre chaque jour l’un des 857 000 professeurs devant chacun des 12 millions d’élèves pour assurer 2,5 millions d’heures de cours, c’est une prouesse. Ceci dit, le système actuel est plus efficace pour les absences de plus de quinze jours : 91,3 % en primaire, 92 % dans le second degré. Pour les absences de courte durée, le taux de remplacement n’est que de 19 % dans le second degré ! Or, les trois quarts des absences sont imprévisibles, inférieures à une semaine. C’est là-dessus que nous allons concentrer nos moyens.
Q. : Comment comptez-vous améliorer le système ?
R. : Je veux qu’il devienne plus réactif, mieux structuré et plus souple. Il n’est pas question de le piloter depuis le ministère, mais au plus près du terrain : c’est là qu’on pourra faire du « cousu main ». Je veux que chaque chef d’établissement désigne chez lui un « pilote » chargé du remplacement. Que dès le premier jour d’absence, s’il ne peut pas faire remplacer l’heure manquante par un collègue au sein de son collège ou lycée, il fasse appel au rectorat. Dans chaque académie, il devra également y avoir un interlocuteur dédié à ce seul problème, identifiable par les établissements et les fédérations de parents d’élèves. Parallèlement, d’ici la rentrée, chaque rectorat va devoir améliorer son vivier de remplaçants pour le second degré.
Q. : Pourquoi ? N’y en a-t-il pas assez ?
R. : Oui et non. Cinquante mille des 857 000 professeurs sont des remplaçants titulaires. Il apparaît même que 10 % de ces titulaires en primaire et 20 % dans le secondaire ne sont pas pleinement utilisés. Pour en finir avec ce curieux paradoxe, je souhaite qu’on fasse bouger les frontières académiques. En cas de besoin, le futur responsable de rectorat devra pouvoir appeler son homologue de l’académie voisine : si, à Paris, on manque de remplaçants en maths dans le XIXe ou le XXe arrondissement, il y en a peut-être 3 disponibles à Créteil rattachés à des établissements proches de Pantin ou Bagnolet. Même chose entre Avignon et Villeneuve-lès-Avignon, qui se touchent mais ne font pas partie de la même académie. Ensuite, pour mieux pallier les absences de courte durée, chaque rectorat devra constituer un vivier supplémentaire de contractuels associés : des personnes qui auront déjà été vues par les inspecteurs, et dont on sait qu’on pourra les appeler au pied levé, pour un ou trois jours, de jeunes retraités de l’Education nationale, des étudiants qualifiés ou adultes diplômés.
Q. : Des étudiants ? C’est un sujet sensible : les pensez-vous capables de prendre une classe sans y avoir été formés ?
R. : Mais oui. La pratique, lorsqu’on est en formation, consiste justement à se trouver « en responsabilité » devant une classe. C’est devant les élèves qu’on apprend le mieux à enseigner ! En outre, ces étudiants auront avant bénéficié de stages d’observation avec des profs expérimentés. Nombre de métiers fonctionnent d’ailleurs ainsi : quand vous allez à l’hôpital, le médecin que vous rencontrez est la plupart du temps un étudiant en médecine qui passe une partie de son temps en cours et l’autre face aux malades.

lundi 8 mars 2010

Lycées français : un succès... à nos frais

Fort de 250 000 élèves, le réseau des lycées fraçais de l'étranger a enregistré cette année 4 % d'augmentation de ses effectifs.
L'actrice Jodie Foster, le diplomate Boutros Boutros Ghali, l'architecte Ricardo Bofill ou la cinéaste Marjane Satrapi : ces personnalités de premier plan issues du monde entier ont bénéficié de l'enseignement des lycées français de l'étranger dont l'attractivité est aujourd'hui au plus haut. Ce réseau, fort de ses 450 établissements et de ses 250 000 élèves, a enregistré cette année 4 % d'augmentation, selon Anne-Marie Descôtes, directrice de l'Aefe (Agence pour l'enseignement français à l'étranger), dépendant du ministère des Affaires étrangères.
Souvent vilipendé en France, le système scolaire français est plébiscité hors de nos frontières… Selon une enquête menée auprès de parents américains, ces derniers apprécient surtout sa ­rigueur ainsi que l'apprentissage de l'esprit critique qui y est délivré. Ils sont d'autant plus avides d'y inscrire leurs enfants que ces derniers réussissent mieux, ensuite, à l'université que leurs camarades élevés à l'américaine.
L'augmentation des effectifs est particulièrement fulgurante depuis deux ans dans plusieurs pays d'Asie (+ 10 %), en Inde, au Vietnam, en Corée ou en Chine. Cet accroissement s'explique par le fait que les Français sont plus nombreux à s'installer dans ces pays. À l'inverse, les établissements de Moscou, de Prague ou de Tokyo ont perdu quelques dizaines d'élèves à cause du départ de nationaux, lié à la crise financière.
Les Français sont prioritaires pour les inscriptions. Près de 40 % des élèves sont néanmoins étrangers, car les lycées ont aussi une mission d'influence et de rayonnement. Loin devant les différents instituts culturels de l'étranger, ce sont eux qui portent haut les couleurs de la francophonie.
Grand chamboulement dans ce système, depuis 2007, grâce à une promesse de Nicolas Sarkozy, pour les élèves français, l'inscription est gratuite à partir de la classe de seconde, alors que les familles ou, souvent, leurs employeurs finançaient auparavant une scolarité moyenne de 3 500 euros pouvant atteindre jusqu'à 15 000 euros pour le lycée français de San Francisco ! Des sommes s'expliquant par le coût de la vie dans ces pays. Désormais, l'État prend tout en charge, soit 100 millions d'euros par an. L'effet d'aubaine ne s'est pas fait attendre. La hausse des effectifs est essentiellement le fait de familles françaises, notamment à Londres, à Bruxelles, à Madrid, à New York ou dans les pays du Maghreb : des familles franco-marocaines dont les enfants étaient scolarisés dans des «établissements moyens» de la banlieue parisienne ont carrément fait le choix de s'établir au Maroc pour inscrire leurs enfants à Casablanca ou à Rabat dans un des lycées français, connus pour leur excellent taux de réussite au bac et leur environnement protégé. La gratuité les a incités à déménager, affirment-ils ! Mécaniquement, il y a moins d'élèves étrangers dans les établissements. Non prioritaires, ils risquent de servir de «variable d'ajustement», craignent des diplomates. Et les grandes entreprises se désengagent sur un plan financier, explique Anne-Marie Descôtes.
Généreuse dans son principe, cette me­sure peut néanmoins avoir des «con­séquences préoccupantes liées à l'équité et à la discrimination», observe un rapport remis au ministre des Affaires étrangères. À Londres, des familles disposant de revenus annuels compris entre 500 000 et 1 million d'euros bénéficient de la gratuité. «Cette mesure profite par ailleurs à de nombreuses familles sans attache avec la France et non soumises à l'imposition fiscale en France», argue le rapport. À l'inverse, des familles expatriées aux revenus parfois modestes ont aujourd'hui accès à ces établissements. Le débat est donc loin d'être clos. Si le système devenait entièrement gratuit de la maternelle à la terminale - un sujet polémique qui n'est pas encore tranché au Parlement -, la somme prise en charge par l'État avoisinerait, selon certaines sources, de 400 à 500 millions d'euros par an (*).
(source : Le Figaro, 8 mars 2010)
(*) Rappelons en passant que Petit Louis est élève du lycée français de New York.

Réforme de la formation : une usine à gaz

La réforme de la formation des enseignants tend le climat dans l'Education nationale

En septembre, comme à chaque rentrée, le ministère devra placer devant des élèves des enseignants débutants. La différence, c'est que cette fois, une partie d'entre eux auront un handicap supplémentaire : ils seront encore plus débutants que leurs prédécesseurs et n'auront même pour certains jamais vu une classe. Ce sera l'un des effets de l'entrée en application de la réforme de la formation des enseignants, engagée en 2008 par Xavier Darcos, alors ministre de l'éducation, et dont son successeur Luc Chatel a hérité.
Pour le ministère, tout va bien. En organisant le "compagnonnage", c'est-à-dire l'accompagnement des profs débutants par des enseignants expérimentés, cette réforme va introduire du concret et du bon sens à la place des théories pédagogiques issues de 1968. Pour tous les autres dans l'éducation nationale, y compris les adversaires de ces théories, tout va mal. Ils regrettent qu'on prenne le risque de mettre des jeunes non formés face à des élèves qui vont servir de cobayes. A part quelques officiels, personne ne semble croire vraiment en la viabilité de cette réforme. Dernière déclaration dans un océan de commentaires négatifs : le secrétaire général du principal syndicat des chefs d'établissement, Philippe Tournier, a prédit, le 5 mars, que "la formation des enseignants reviendra sur le tapis dans les années à venir".
En attendant, l'heure est aux protestations. Elles peinent à s'organiser, car l'épreuve des faits est encore lointaine et la réforme si complexe que seuls les négociateurs spécialisés parviennent à en appréhender toutes les conséquences. Son principe-clé est que le compagnonnage se substitue à l'actuelle année de formation en alternance, composée de 40 % de pratique devant les élèves et de 60 % de cours dans les instituts universitaires de formation des maîtres (IUFM). A partir de septembre, les reçus aux concours de recrutement d'enseignants seront directement affectés à un poste. L'opération permet de réaliser d'un seul coup les 16 000 suppressions de postes prévues au budget 2010 : l'année en alternance, supprimée, s'effectue en effet sous le statut de fonctionnaire stagiaire.
A ceux qui dénoncent le manque de préparation des futurs débutants, le gouvernement répond qu'ils seront au contraire mieux formés, car désormais recrutés au niveau master (bac + 5), alors que le minimum requis pour s'inscrire aux concours était précédemment la licence
(bac + 3). D'où le nom de "mastérisation" donné à cette réforme. En outre, pour tempérer les critiques, le gouvernement avait promis au printemps 2009 qu'un tiers du temps de service des futurs débutants resterait consacré à un "complément de formation". Cette promesse a accentué la complexité du dossier : si les débutants nommés sur un poste doivent partir en formation, alors, il faut les remplacer. Or, le remplacement est un légendaire point faible de l'éducation nationale...
La réforme a par ailleurs prévu qu'avant de passer leur concours, les étudiants se destinant à l'enseignement effectueront des stages dans les classes durant leurs deux années de master. D'où une perspective que le gouvernement cherche aujourd'hui à écarter mais que les familiers de ce dossier jugent inévitable : des débutants tout juste lauréats des concours, directement nommés sur un poste à plein-temps, partant néanmoins en formation pour certaines périodes, risquent alors d'être remplacés par de jeunes étudiants... Un cauchemar de chef d'établissement, accessoirement d'élève ou de parent.
L'envoi, le 25 février, aux recteurs et inspecteurs d'académie d'une circulaire sur l'organisation de la première année scolaire des lauréats des concours n'a pas éteint les inquiétudes à ce sujet. En précisant que toutes les formes d'accompagnement seront "décomptées" du tiers-temps de formation complémentaire, le texte réduit celle-ci à la portion congrue et restreint sans le supprimer le problème du remplacement. Celui-ci resurgit partiellement avec l'annonce que les futurs professeurs des écoles seront "accompagnés" par des collègues expérimentés jusqu'à la Toussaint.
Encore une fois, un problème chasse l'autre. Le texte, en laissant une large autonomie aux rectorats, les invite à inventer les solutions qui se dérobent à l'échelle nationale.
(Source : Le Monde, 8 mars 2010)