mardi 2 mars 2010

Baiser de judas

"On ne parle pas bien des fonctionnaires. On ne respecte pas assez vos compétences. On ignore les difficultés qui sont les vôtres". Ces paroles pleines d'empathie sont sorties de la bouche grimaçante de Sarkozy himself, de passage à Laon pour défendre la réforme de la fonction publique. "Soyez fiers d'être fonctionnaires !". De la part de quelqu'un qui conduit une politique consistant à supprimer des dizaines de milliers de postes dans la fonction publique, à privatiser la poste, à favoriser le développement de la précarité, à bloquer les salaires et à laisser s'effondrer le pouvoir d'achat, à promouvoir la mobilité, à réclamer la mise en place de systèmes de notation au mérite et, prochainement à réformer les retraites, il y a en effet de quoi être ému par tant de reconnaissance et d'amour.
Comme à chaque fois, ce déplacement de Sa Majesté dans l'Aisne avait été minutieusement préparé et, comme il fallait "un public qui se comporte bien" - souvenez-vous des profs de Saint-Lô -, pour éviter tout débordement, les fonctionnaires invités à participer à la table ronde organisée à la mairie de Laon avaient été triés sur le volet. La préfecture avait soigné le casting. Les dossiers des volontaires - des fonctionnaires de catégorie A exclusivement, une question d'éducation sans doute - avaient été préalablement envoyés à la préfecture, qui avait pu faire son choix en sélectionnant les sujets les plus dociles. Et comme si cela ne suffisait pas, précaution supplémentaire mais désormais habituelle, "les questions ont été préparées à l’avance. Elles ont été négociées entre la préfecture et l’agent. Tout est verrouillé, mais personne n’est dupe. C’est une mise en scène", assure sous couvert d'anonymat un membre du cabinet du préfet.
o.g.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Un peu de vaseline peut tout faire passe, même le plus gros.