En septembre, comme à chaque rentrée, le ministère devra placer devant des élèves des enseignants débutants. La différence, c'est que cette fois, une partie d'entre eux auront un handicap supplémentaire : ils seront encore plus débutants que leurs prédécesseurs et n'auront même pour certains jamais vu une classe. Ce sera l'un des effets de l'entrée en application de la réforme de la formation des enseignants, engagée en 2008 par Xavier Darcos, alors ministre de l'éducation, et dont son successeur Luc Chatel a hérité.
Pour le ministère, tout va bien. En organisant le "compagnonnage", c'est-à-dire l'accompagnement des profs débutants par des enseignants expérimentés, cette réforme va introduire du concret et du bon sens à la place des théories pédagogiques issues de 1968. Pour tous les autres dans l'éducation nationale, y compris les adversaires de ces théories, tout va mal. Ils regrettent qu'on prenne le risque de mettre des jeunes non formés face à des élèves qui vont servir de cobayes. A part quelques officiels, personne ne semble croire vraiment en la viabilité de cette réforme. Dernière déclaration dans un océan de commentaires négatifs : le secrétaire général du principal syndicat des chefs d'établissement, Philippe Tournier, a prédit, le 5 mars, que "la formation des enseignants reviendra sur le tapis dans les années à venir".
En attendant, l'heure est aux protestations. Elles peinent à s'organiser, car l'épreuve des faits est encore lointaine et la réforme si complexe que seuls les négociateurs spécialisés parviennent à en appréhender toutes les conséquences. Son principe-clé est que le compagnonnage se substitue à l'actuelle année de formation en alternance, composée de 40 % de pratique devant les élèves et de 60 % de cours dans les instituts universitaires de formation des maîtres (IUFM). A partir de septembre, les reçus aux concours de recrutement d'enseignants seront directement affectés à un poste. L'opération permet de réaliser d'un seul coup les 16 000 suppressions de postes prévues au budget 2010 : l'année en alternance, supprimée, s'effectue en effet sous le statut de fonctionnaire stagiaire.
A ceux qui dénoncent le manque de préparation des futurs débutants, le gouvernement répond qu'ils seront au contraire mieux formés, car désormais recrutés au niveau master (bac + 5), alors que le minimum requis pour s'inscrire aux concours était précédemment la licence
Pour le ministère, tout va bien. En organisant le "compagnonnage", c'est-à-dire l'accompagnement des profs débutants par des enseignants expérimentés, cette réforme va introduire du concret et du bon sens à la place des théories pédagogiques issues de 1968. Pour tous les autres dans l'éducation nationale, y compris les adversaires de ces théories, tout va mal. Ils regrettent qu'on prenne le risque de mettre des jeunes non formés face à des élèves qui vont servir de cobayes. A part quelques officiels, personne ne semble croire vraiment en la viabilité de cette réforme. Dernière déclaration dans un océan de commentaires négatifs : le secrétaire général du principal syndicat des chefs d'établissement, Philippe Tournier, a prédit, le 5 mars, que "la formation des enseignants reviendra sur le tapis dans les années à venir".
En attendant, l'heure est aux protestations. Elles peinent à s'organiser, car l'épreuve des faits est encore lointaine et la réforme si complexe que seuls les négociateurs spécialisés parviennent à en appréhender toutes les conséquences. Son principe-clé est que le compagnonnage se substitue à l'actuelle année de formation en alternance, composée de 40 % de pratique devant les élèves et de 60 % de cours dans les instituts universitaires de formation des maîtres (IUFM). A partir de septembre, les reçus aux concours de recrutement d'enseignants seront directement affectés à un poste. L'opération permet de réaliser d'un seul coup les 16 000 suppressions de postes prévues au budget 2010 : l'année en alternance, supprimée, s'effectue en effet sous le statut de fonctionnaire stagiaire.
A ceux qui dénoncent le manque de préparation des futurs débutants, le gouvernement répond qu'ils seront au contraire mieux formés, car désormais recrutés au niveau master (bac + 5), alors que le minimum requis pour s'inscrire aux concours était précédemment la licence
(bac + 3). D'où le nom de "mastérisation" donné à cette réforme. En outre, pour tempérer les critiques, le gouvernement avait promis au printemps 2009 qu'un tiers du temps de service des futurs débutants resterait consacré à un "complément de formation". Cette promesse a accentué la complexité du dossier : si les débutants nommés sur un poste doivent partir en formation, alors, il faut les remplacer. Or, le remplacement est un légendaire point faible de l'éducation nationale...
La réforme a par ailleurs prévu qu'avant de passer leur concours, les étudiants se destinant à l'enseignement effectueront des stages dans les classes durant leurs deux années de master. D'où une perspective que le gouvernement cherche aujourd'hui à écarter mais que les familiers de ce dossier jugent inévitable : des débutants tout juste lauréats des concours, directement nommés sur un poste à plein-temps, partant néanmoins en formation pour certaines périodes, risquent alors d'être remplacés par de jeunes étudiants... Un cauchemar de chef d'établissement, accessoirement d'élève ou de parent.
L'envoi, le 25 février, aux recteurs et inspecteurs d'académie d'une circulaire sur l'organisation de la première année scolaire des lauréats des concours n'a pas éteint les inquiétudes à ce sujet. En précisant que toutes les formes d'accompagnement seront "décomptées" du tiers-temps de formation complémentaire, le texte réduit celle-ci à la portion congrue et restreint sans le supprimer le problème du remplacement. Celui-ci resurgit partiellement avec l'annonce que les futurs professeurs des écoles seront "accompagnés" par des collègues expérimentés jusqu'à la Toussaint.
Encore une fois, un problème chasse l'autre. Le texte, en laissant une large autonomie aux rectorats, les invite à inventer les solutions qui se dérobent à l'échelle nationale.
La réforme a par ailleurs prévu qu'avant de passer leur concours, les étudiants se destinant à l'enseignement effectueront des stages dans les classes durant leurs deux années de master. D'où une perspective que le gouvernement cherche aujourd'hui à écarter mais que les familiers de ce dossier jugent inévitable : des débutants tout juste lauréats des concours, directement nommés sur un poste à plein-temps, partant néanmoins en formation pour certaines périodes, risquent alors d'être remplacés par de jeunes étudiants... Un cauchemar de chef d'établissement, accessoirement d'élève ou de parent.
L'envoi, le 25 février, aux recteurs et inspecteurs d'académie d'une circulaire sur l'organisation de la première année scolaire des lauréats des concours n'a pas éteint les inquiétudes à ce sujet. En précisant que toutes les formes d'accompagnement seront "décomptées" du tiers-temps de formation complémentaire, le texte réduit celle-ci à la portion congrue et restreint sans le supprimer le problème du remplacement. Celui-ci resurgit partiellement avec l'annonce que les futurs professeurs des écoles seront "accompagnés" par des collègues expérimentés jusqu'à la Toussaint.
Encore une fois, un problème chasse l'autre. Le texte, en laissant une large autonomie aux rectorats, les invite à inventer les solutions qui se dérobent à l'échelle nationale.
(Source : Le Monde, 8 mars 2010)
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