samedi 31 décembre 2011

Bonne année quand même

(source : Charlie Hebdo, 27 décembre 2011)

vendredi 23 décembre 2011

Fondapol propose une réforme du collège

Constatant l'échec du collège unique, la fondation Fondapol propose dans ses "12 idées pour 2012", une réforme du collège avec l'instauration d'un collège light pour élèves en difficultés scolaires et comportementales. Il s'agit de permettre aux élèves "les plus disposés à apprendre" de tirer de l'école "tout le profit qu'ils sont en droit d'en attendre", tout en offrant une formation professionnelle aux autres, via l'apprentissage. Verrons-nous réapparaître les CEG et les CET ? Ce projet s'appuie sur 8 propositions :

- "Organiser la différenciation des programmes pour répondre à la différenciation sociale et culturelle afin de mieux assurer l'égalité des chances".

-"Dans les zones identifiées comme devant faire l'objet d'une action spécifique, de nouveaux établissements d'enseignement secondaire doivent voir le jour sous le nom d' "écoles fondamentales" ". Elles accueilleront les enfants ayant des difficultés en français, mathématiques et "savoir être", qui ne pourront suivre une scolarité au sein du collège général. A partir de la 3e, elles conduiront aux filières d'apprentissage et aux formation professionnelles.
- "Très différemment, l'enseignement dispensé dans les écoles fondamentales doit se concentrer sur trois matières : français, mathématiques, éducation physique et sportive (augmentation de 50 % du nombre d'heures). Enfin, toutes les heures de cours doivent intégrer un objectif de socialisation des élèves, notamment au travers de la relation avec les enseignants et les autres élèves ("savoir être")".


- La salle de classe doit être reconfigurée, la disposition ne mettra plus en scène une confrontation netre le professeur et les élèves". Les élèves devront être placés autour de tables équipées en matériel informatique et l'enseignement s'appuiera largement sur les TICE.

-"Afin de renforcer la communauté enseignante et de créer un réel suivi des élèves, les enseignants doivenêtre présents dans l'établissement de façon continue durant toute la semaine".

-"La rémunération des enseignants et des chefs d'établissement engagés dans une école fondamentale doit être doublée".

- "Le chef d'établissement doit avoir autorité pour le choix de son équipe pédagogique."

- "Chaque trimestre, une commission départementale d'orientation peut décider du passage de certains élèves du collège vers une école fondamentale ou, inversement, d'une école fondamentale vers le collège".

(Source : Fondapol, "12 idées pour 2012", p. 86-90)

jeudi 22 décembre 2011

Fondapol propose un nouveau statut pour les profs

Dans son programme de réformes pour 2012, la fondation Fondapol, un des think-tank de la droite que dirige le politologue Dominique Reynié, propose une nécessaire redéfinition de la mission des enseignants. "Dans le cadre d'établissements devenus autonomes, les obligations de service devront se déduire des missions, et non en être l'objet." Au delà des "invariants" - "transmettre les savoirs essentiels, instruire et enseigner"- les profs devront donc se préparer à l'accompagnement individualisé des élèves en difficultés, "y compris en dehors du temps scolaire ordinaire", à encadrer les lycéens pour "les associer à des projets tout autant qu'à des programmes" et "les aider dans leur choix d'orientation". Une "disponibilité nouvelle" sera attendue : "les professeurs, présents dans les classes, doivent également l'être dans les établissements en dehors de la classe, auprès des élèves, pour assurer d'autres tâches, qui peuvent varier d'un établissement à l'autre selon les besoins des élèves et les choix exprimés par l'établissement". Quant aux nouveaux enseignants, ils auront le choix entre "une carrière classique et statutaire vouée dans sa durée à l'enseignement" et un parcours contractuel plus court "comportant des obligations de service plus soutenues, ne se réduisant pas au seul face à face pédagogique, offrant en contrepartie des rémunérations plus attractives, et donnant finalement vocation à exercer une autre activité soit dans le monde éducatif, soit en dehors ou autrement".

(Source : Fondapol, "12 idées pour 2012", p. 92)

mercredi 21 décembre 2011

Journal de bord d'une prof d'anglais (suite)

Retrouvez le 3e épisode de la chronique de Marine, prof d'anglais dans un collège Eclair de la région PACA : «Une odeur de brûlé envahit la salle de cours» (3 novembre-15 décembre).

(Source : Le Canard Enchaîné, 21 décembre 2011)

samedi 17 décembre 2011

14380 postes supprimés en 2012

En application du principe du non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux qui part en retraite, le ministère de l’Éducation nationale va perdre 13 980 postes d’enseignants à la prochaine rentrée. Disparaissent 5 700 postes de professeurs des écoles ; 6 550 postes de professeurs dans les collèges et les lycées ; 1 350 postes dans l’enseignement privé sous contrat ; 280 dans l’enseignement agricole. S’y ajoutent 400 postes administratifs(...). Ces 14 380 suppressions s’ajoutent aux 16 000 de l’an dernier. Ainsi, depuis l’élection de Nicolas Sarkozy, en 2007, ce sont 80 000 postes de fonctionnaires de l’Education nationale qui ont disparu.

(Source : Ouest-France, 17 décembre 2011)


Pour les collèges et lycées, les académies les plus touchées seront Lille (589 suppressions), Versailles (495), Nancy-Metz (425), Créteil (362), Aix-Marseille (285), Lyon (263) et Grenoble (260).

(Source : Libération, 19 décembre 2011)

Ce sont les recteurs qui décident localement des suppressions. Le ministère a déjà expliqué qu'il tablait sur une dizaine de «leviers» qui devraient les guider. Le nombre d'élèves par classe devrait augmenter dans les écoles et les collèges, sauf en éducation prioritaire où un plafond réglementé fixe un maximum de 25 élèves. Les suppressions porteront sur des postes d'assistants de langues, d'assistants pédagogiques et d'enseignants en surnombre. Des établissements seront regroupés, des options mutualisées. «Aujourd'hui, 300 collèges publics et 500 collèges privés comptent moins de 200 élèves», faisait-on observer dans l'entourage de Luc Chatel, à la rentrée.

(Source : Le Figaro, 19 décembre 2011)

5700 postes supprimés en primaire en 2012

Au mois de juin dernier, face à la grogne des élus locaux, Sarko Ier annonçait la fin des fermetures de classes en primaire. Bien naïfs ceux qui ont cru encore une fois à la sincérité du Président. Le défenseur du triple A les a bien pris pour des triples C... En effet, hier, en guise de cadeau de noël, le ministère de l'Education nationale a annoncé 5700 nouvelles suppressions de postes dans les écoles primaires à la rentrée 2012. Si l'académie de Lille sera la plus touchée et perdra 399 postes, aucune région ne sera épargnée par cette nouvelle saignée : Versailles (- 260), Amiens (- 235), Créteil (- 233), Toulouse (- 227), Aix-Marseille (- 219), Strasbourg (- 216), Bordeaux (203), Orléans-Tours (- 196), Dijon (- 181), Caen et Rennes (- 179), Montpellier (- 172), Rouen (- 166), Besançon (- 154), Grenoble et Reims (- 153), Nice (- 143), Clermont-Ferrand (- 141), Nantes (- 137), Guadeloupe (- 134), Limoges (- 131), Lyon et Poitiers (- 129), Paris (- 98), Martinique (- 97), La Réunion (- 69) et Corse (- 20).

Les profs dans les rues de Bourg-en-Bresse

Jeudi, près de 200 profs ont manifesté dans les rues de Bourg-en-Bresse sous une pluie battante pour dénoncer la réforme des prodécures de notation. En passant devant la rue de la paix, où se trouve l'inspection académique, les militants de la FSU ont pris le temps de rebaptiser la ruelle "Impasse pour l'Education". Le cortège s'est dispersé ensuite devant la préfecture après qu'un "Petit Père Chatel", juché sur un camion, ait lancé quelques paquets de fumigènes dans la cour en énumérant toutes les mauvaises réformes que le ministre a pu offrir au monde de l'éducation. Alors que le ministère annonçait 16,4 % de grévistes dans le secondaire, dans plusieurs collèges de la région on constatait l'absence d'un prof sur deux en moyenne.

dimanche 4 décembre 2011

Lyéce Carriat : un mois de carence en allemand

Entre congé maternité, désistement et manque de candidats, les germanistes n’ont pas de cours d’allemand depuis un mois. Les parents d’élèves montent au créneau.
« Dans l’histoire, qui est-ce qui trinque ? Les élèves ! », s’agace David Demolder, président de la FCPE au lycée Carriat, à Bourg. Il s’inquiète du non-remplacement d’un professeur d’allemand, en congé maternité depuis un mois. Le lycée peine à trouver son remplaçant. Les parents d’élèves, réunis au sein de la FCPE, ont envoyé des mails au rectorat pour protester. « Dans l’Ain, on sait que c’est très difficile de faire venir des professeurs pour certaines matières, en maths, italien… », rappelle le président de la FCPE départementale, Philippe Pélissier. Depuis la restriction des effectifs, il n’y a plus de professeurs tournants dans le département, pour remplacer les absents. « Il n’y a plus de réserve, poursuit-il. On ne peut pas être à flux tendu ou demander aux autres enseignants de pallier ces absences. »
Du côté du rectorat, « cette situation reste exceptionnelle, pour Bruno Brevet, responsable du personnel enseignant. Ce n’est pas un problème structurel mais plutôt conjoncturel. » Trois professeurs avaient été trouvés, mais ils se sont désistés. Le dernier recours a été Pôle Emploi. Un candidat a répondu à l’annonce diffusée : une personne qui n’est pas enseignante de métier mais qui en connaît les rudiments. Elle devrait se présenter en début de semaine, à Carriat, pour assurer les cours pendant quatre mois. Les élèves, notamment les Terminales, bénéficieront de cours de rattrapage pour se remettre à niveau. Le problème semble résolu, pour cette fois.

(Source : E.Viresolvit, Le Progrès, 4 décembre 2011)

mercredi 30 novembre 2011

Ouh la copieuse (bis)

Depuis la publication du "Plaidoyer pour une instruction publique" de Rama Yade, la traque au plagiat est lancée. Depuis quelques jours le Petit Journal de Canal + régale ses inconditionnels d'un florilège d'extraits intégralement copiés dans la presse ou sur les sites internet de journaux et de magazines comme Le Figaro, Le Monde ou Marianne, révélant une belle entreprise de pillage. Pour se défendre la copieuse plaide la citation libre et se retranche derrière la maigre bibliographie publiée à la fin du livre : "tout ce que je cite dans mon livre est en bibliographie ou en note de bas de pages, assure-t-elle ; mon erreur, c'est qu'en citant les auteurs en bibliographie, je m'autorise à les citer librement". Alors pourquoi se gêner... Les véritables auteurs apprécieront.

vendredi 25 novembre 2011

Salaires des profs : encore du flan

Des annonces comme celle-là, on croyait qu'il n'en existait plus que dans le royaume merveilleux de Babar. Les profs vont être augmentés. Tous les profs ? Oh non. Seulement les plus jeunes, qui toucheront désormais dès leur embauche un traitement de 2000 € (brut !... faut pas rêver non plus) par mois. Une générosité qui ne s'explique que par l'inquiétante diminution du nombre d'inscrits aux concours de l'Education nationale. Le métier n'attire plus. Alors, à défaut d'oeuvrer à l'amélioration des conditions de travail et à une meilleure reconnaissance professionnelle de ses soutiers, le ministère a décidé d'attirer le chaland en lui promettant une vraie-fausse reconnaissance de son vrai-faux bac +5 (qui reste dans la réalité plus proche d'un bac + 3). Quant aux autres profs, les vétérans et autres grognards , ceux qui alignent déjà les années de classe au compteur (près de 90 % de l'effectif), leurs salaires ne sont toujours pas revalorisés malgré les promesses de 2007 maintes fois réitérées, demeurant très en deçà de ceux de leurs collègues européens, tandis que leur pouvoir d'achat continue de se réduire comme peau de chagrin.

dimanche 20 novembre 2011

Ouh la copieuse !

Maltraitée puis virée par Sarkozy, abandonnée en rase campagne par Borloo, Rama Yade s'est piquée, à des fins électralistes, d'écrire elle aussi sur l'éducation, préoccupation numéro un des Français, si on en droit les sondages. Bien mal lui en a pris, car étant à cours d'idées sur un sujet qu'elle ne maîtrisait peut-être pas aussi bien qu'elle le pensait, elle a tenté, telle une lycéenne laborieuse, de trouver de l'inspiration sur internet. Et grâce à Google elle a découvert le site de Jean-Michel Muglioni (mezetulle.net), vice-président de la Société Française de Philosophie et auteur de nombreuses analyses sur la crise de l'école dans lesquelles elle a abusivement pompé, sans même prendre la précaution de modifier ou de maquiller le texte initial. Démasquée par l'auteur qui a eu la surprise de relire ses écrits dans les extraits du livre de Rama publiés en avant première par Marianne, l'ex-secrétaire d'Etat s'est défendue avec une bonne foi toute sarkoziste en plaidant l'erreur de bibliographie. M. Muglioni, qui ne se satisfait pas de cette explication, réclame à Grasset le retrait de la vente de cette compilation pirate publiée sous le titre Plaidoyer pour une instruction publique. La prochaine fois qu'elle voudra signer un livre, Rama ferait mieux, à l'instar de la plupart de ses collègues politiciens, de prendre un nègre.

lundi 14 novembre 2011

Réformer le statut des profs : une nécessité pour l'UMP

Les enseignants sont concernés au premier chef par les propositions de l'UMP sur l'éducation. Le parti envisage de «revoir leurs obligations de service» en créant un «nouveau corps» de fonctionnaires qui concernerait les candidats à l'actuel concours du Capes et serait ouvert aux professeurs certifiés en exercice.
Selon Éric Charbonnier, expert en éducation auprès de l'OCDE, une telle réforme pourrait être intéressante, d'autant plus que le statut et la formation des enseignants sont «atypiques» par rapport à ce qui se passe dans le reste de l'Europe : «en France, si on réussit son concours dans une matière, on a accès à la profession. Ailleurs, l'apprentissage des méthodes pédagogiques et l'apprentissage de la discipline que l'on va enseigner se font en même temps », rappelle-t-il. Selon Bernard Hugonnier, un autre expert de l'OCDE, partout ailleurs, les contrats signés entre l'État et les municipalités concernant les enseignants englobent les cours mais aussi des activités pédagogiques, des échanges avec les parents, le soutien scolaire, etc. «Si on incluait dans les contrats des enseignants français toutes ces tâches qu'ils font déjà pour partie, quitte à les payer davantage, leur investissement serait meilleur», estime-t-il.
Éric Charbonnier rappelle aussi que les professeurs français sont parmi les plus mal payés d'Europe : en Allemagne, un enseignant touche le double de ce que touche un Français. Selon François Dubet, pour réussir une telle réforme «il faut être capable de convaincre le monde enseignant qu'il peut y gagner». Pour le sociologue, la question ne se pose pas «forcément uniquement en termes financiers mais en termes de temps, de qualité de travail et de reconnaissance pédagogique, car les enseignants ne sont pas tous hostiles à une évolution de leur travail».
À l'inverse, «si ces intentions sont perçues comme une agression politique, on va assister à cinq années de paralysie sur le front de l'éducation». Proposer un nouveau statut uniquement aux jeunes enseignants est, selon lui, «la seule façon un peu futée» de poser le problème. Laurent Bigorgne, le directeur de l'Institut Montaigne s'interroge sur l'urgence d'une telle réforme touchant les professeurs de collège et lycée. «Je ne suis pas contre l'idée de créer un nouveau corps avec un salaire différent, mais je trouve que l'on parle beaucoup de réformes dans l'enseignement secondaire, qui en France est pourtant très bien doté, alors qu'on délaisse l'enseignement primaire, où il y a urgence: il faut quand même se rappeler qu'à l'âge de 10 ans, un Français sur cinq ne sait pas lire


(Source : Le Figaro, 14 novembre 2011)

Lycées : de plus en plus de "décrocheurs"

Invité hier du Grand Jury RTL-Le Monde, Luc Chatel a révélé qu'au cours des trois derniers mois 223.000 lycéens (5 % des effectifs) sont sortis du système éducatif sans diplôme et que 160.000 d'entre eux ont été "perdus de vue", le quart restant étant pris en charge par les missions locales. Un formidable aveu d'échec et un bien triste bilan. Le ministre a donc promis "de leur apporter une réponse personnalisée, individualisée" et de transmettre aux préfets et aux inspecteurs d’académie "sur 400 bassins de vie (...) la liste exacte de ces décrocheurs [pour] faire du sur-mesure" : "à chacun, on proposera soit un contrat en alternance, soit un suivi par une mission locale, un travail individualisé", a-t-il promis. Une promesse à la Babar, sans doute.

samedi 12 novembre 2011

Chatel candidat en 2017 ?

Dans la perspective de la présidentielle, Chatel a choisi de s'engager ouvertement au sein de la tendance libérale de la majorité. Participant mercredi à un dîner organisé par les Réformateurs de l'UMP, le ministre de l'Education s'est dit résolu à "assumer un certain nombre de convictions" et s'estime "aujourd'hui bien placé pour porter les valeurs libérales qui ont de l'avenir". Tout en se disant favorable à la fin des 35 heures, à une réorganisation du temps de travail et à une redéfinition des missions de l'État, il a eu toutefois tenu à préciser qu'il n'est pas (encore ?) question pour lui de "sortir l'Éducation du giron de l'État" car "elle fait (toujours ?) partie des fonctions régaliennes". Pour les libéraux de l'UMP, il n'y aplus de doute à avoir : "Chatel peut être le candidat libéral qu'il faut pour 2017. C'est un élu de terrain, il est jeune et expérimenté". L'intéressé, qui ne cache plus ses ambitions face à Copé et à Bertrand, ne désapprouve pas et savoure.

Quand Chatel caviarde et bidouille les statistiques

Interstat, un collectif qui réunit les syndicats de l'Insee et des services de statistiques ministériels, accusent le ministère de l'éducation de faire de la rétention d'information, en ne publiant pas dans les temps leurs travaux.
Dans un communiqué, les statisticiens publics s'étonnent de voir que huit de leurs publications n'ont été ni publiées, ni mises à disposition du public sur le site Internet du ministère. Selon eux, des études annuelles, traitant par exemple du nombre d'élèves par classe [la prévision de
l’évolution de ce nombre d’élèves, le nombre de professeurs en postes, recrutés] ou de la réussite aux examens, sont mises en réserve par les services de Luc Chatel. Pas tant par volonté de censure mais pour mieux contrôler sa communication : "des publications validées et prêtes à être diffusées sont retenues en attendant une éventuelle communication du ministre sur le sujet", dénoncent ainsi les chercheurs.
Plus grave, les statistiques présentées seraient faussées. Interstat accuse Luc Chatel de "s'enorgueillir, lors de sa conférence de presse de rentrée [le 1er septembre], d'améliorer les compétences des élèves malgré la hausse du nombre d'élèves et la baisse du nombre d'enseignants". Seulement, les données sur lesquelles se base ce propos sont "sujettes à caution". En cause, la réorganisation des services de statistiques publiques. Les chercheurs affirment que les données utilisées par le ministère de l'éducation ne sont plus produites par un organisme "indépendant du pouvoir" mais par la direction pédagogique du ministère, qui publierait des résultats faussés. "La publication des résultats moins flatteurs d'opérations conduites en parallèle par la DEPP [direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance, un service public de statistiques] n'est pas autorisée, ce qui est plus inquiétant encore", souligne le communiqué.
Au-delà de la défense de leur mission de service public, les statisticiens estiment que cette situation fausse le débat sur le destin de l'éducation nationale. "Les citoyens doivent pouvoir s'informer en toute indépendance et ne pas être tributaires de la propagande, quelle que soit son origine", concluent-ils.
Joint par le Monde.fr, le ministère de l'éducation n'a pas souhaité réagir
.

(source : Le Monde.fr, 4 novembre 2011)

Le communiqué de l'intersyndicale de la DEPP peut être lu sur http://www.cgtinsee.org/dossiers/independance/2011/tract%20interstat%20depp%202%20nov%202011_def.pdf

mercredi 9 novembre 2011

Sarko 2 : on va morfler !

Hier soir, lors de sa convention sur l'éducation, l'UMP a révélé à quelle sauce les profs allaient être mangés en cas de victoire de Sarkozy à la présidentielle de 2012. Un nouveau credo a été défini : «passer du savoir pour tous à la réussite pour chacun». Et pour y arriver on ne manque pas de bonnes idées dans la majorité. Amis enseignants, accrochez-vous à vos privilèges de nantis... tant que ça dure. Que la fête commence :
- remise en question du décret de 1950 sur les services des agrégés et des certifiés ; la réforme du statut des enseignants serait une priorité du prochain quinquennat ; et Chatel le confirme !
- intégration de l'accompagnement des élèves (tutorat, orientation) dans les obligations de service avec la création d'un nouveau corps de certifiés ;
- mise en place d'une évaluation des enseignants par le chef d'établissement qui s'appuierait sur «une dimension qualitative» mesurant la capacité de chacun à faire progresser ses élèves» ; ne mettez que des bonnes notes pour favoriser votre évolution de carrière !
- dans les «grands établissements» scolaires, désignation d'un «responsable disciplinaire» qui "pourrait animer l'équipe de professeurs de sa discipline" et qui... participerait à l'évaluation de ses collègues !


- développement des masters en alternance pour les futurs enseignants ;
- renforcement de l'autonomie des établissements scolaires avec la possibilité pour le principal ou le proviseur de «recruter librement» son équipe enseignante, une idée déjà expérimentée dans trois centaines d'établissements "éclair" ;
- allongement de l'année scolaire de deux semaines et suppression des cours du samedi pour les lycéens ;

- publicité des évaluations en primaire «afin de montrer la valeur ajoutée de chaque école ».
Pour en savoir plus, consultez les 30 propositions concoctées par l'UMP (http://www.projet-ump.fr/wp-content/uploads/2011/11/Dossier__convention_Education-vf.pdf) et souvenez-vous en dans l'isoloir au mois de mai prochain.
Ce matin, sur Europe 1, le ministre Chatel confirmait ces orientations : http://www.europe1.fr/MediaCenter/Emissions/L-interview-de-Jean-Pierre-Elkabbach/

samedi 5 novembre 2011

Des ministères à la com'

Après l'Elysée, dix ministères viennent d'être épinglés par la Cour des Comptes pour avoir abusé des deniers de l'Etat pour satisfaire leur boulimie de sondages et leurs dépenses de communication. Les dépenses de ces ministères ont augmenté en moyenne de 50 % entre 2006 et 2009. La note s'élève à plus de 600 millions d'euros pour la période 2006-2010, dont 133 millions pour la dernière année, une bagatelle quelques jours avant l'annonce d'un nouveau serrage de ceinture. Mais dépensent-ils pour la bonne cause, au moins ? Pas sûr. En effet, la Cour constate que "le financement sur deniers publics, de sondages relatifs à l'image personnelle des ministres ou à des sujets éloignés de l'action du gouvernement, prête à discussion". Dans bien des cas on frôle même l'illégalité, quand "les obligations de mise en concurrence sont parfois méconnues" et que "l'exécution des marchés, le contrôle du service fait et la conservation des pièces justificatives ne sont pas toujours assurés". Tout cela fait notamment le bonheur de Pierre Giacometti, un proche de Sa Majesté qui fait fortune depuis 2008 dans le conseil en stratégie et communication, mais certainement pas du citoyen contribuable, puisque sa société aurait engrangé auprès des ministères un peu plus de 1,7 million d'euros entre 2008 et 2010, soit l’équivalent de ce qu'elle le touche par ailleurs grâce à ses contrats avec l’Elysée ! Sans surprise, Luc Chatel figure en bonne place parmi les flambeurs du gouvernement, aux côtés de Besson, Wauquiez, Devedjian, Hortefeux ou Kosciuzko-Morizet.

jeudi 3 novembre 2011

"Pour la droite, l'école est un fardeau et une charge"

Ancien ministre de l'éducation, le Député du Pas-de-Calais et ancien ministre de l'Education nationale, Jack Lang revient sur les engagements de François Hollande en matière de politique éducative.
Q : Est-ce une erreur d'avoir proposé de créer 60000 postes dans l'éducation sur cinq ans ?
R : Tout au contraire. Cet engagement clair et fort sera ratifié par les Français. François Hollande est le seul candidat qui, courageusement, prend le taureau par les cornes.La droite est coupable d'un double saccage du paysage éducatif. Quantitatif d'abord : 150 000 postes supprimés en dix ans, soit 15 % des effectifs de l'éducation nationale. Les médecins de Molière sont au pouvoir : ils croient à la thérapie de la purge. L'école est malade? Amputons-la… Jamais, dans l'histoire de la République, une telle saignée ne lui avait été infligée. Le saccage est également qualitatif, avec la multiplication des classes surchargées, le massacre de la formation des enseignants, la recrudescence des violences, la hausse de l'échec scolaire… Le plan pluriannuel de recrutement et de formation de François Hollande sera le levier d'une véritable révolution éducative.
Q : L'UMP dépeint François Hollande en "irresponsable". Cette proposition des 60000 embauches va-t-elle devenir le "péché originel" de sa campagne ?
R : Que le candidat Hollande place l'école au cœur de tout est une vertu, non un péché ! Le président Obama, confronté au sujet de l'école à la même critique des républicains, répond avec force : "Il faut choisir entre l'enrichissement des milliardaires et l'enrichissement de l'école." Comme lui, nous choisissons l'école.
Quand le président de la République dit qu'il veut construire 30 000 ou 40 000 nouvelles places de prison, personne ne proteste. Et lui, où trouve-t-il l'argent ?
Q : Peut-on augmenter de 60 000 le nombre de professeurs sans augmenter ni le nombre total de fonctionnaires ni la masse salariale de l'Etat ?
R : L'effort ne s'accomplira pas en un jour. Des redéploiements s'effectueront sur toute la durée de la mandature. Le plan de François Hollande est en vérité raisonnable : 60 000 recrutements en cinq ans, principalement des professeurs mais aussi des personnels non enseignants, alors que 77 000 emplois d'enseignants ont disparu en cinq ans, et 150 000 en dix ans.
Q : A quel rythme rétablir les postes ?
R : Le plan pluriannuel permettra de recruter chaque année 40 000 personnes. 28 000 correspondront au remplacement des fonctionnaires partant à la retraite, 12 000 seront les nouveaux emplois proposés par François Hollande.
Q : Comment financer ces 60 000 embauches ?
R : Chaque année, un crédit de 500 millions d'euros sera ouvert, une goutte d'eau dans le budget. Sur cinq ans, la somme totale sera de 2,5 milliards d'euros. Rien à voir avec les 7,5 milliards inventés par Luc Chatel en contradiction avec le droit budgétaire. Illusionniste en chef, l'actuel ministre est capable de vendre du sable dans le désert. Les 3,5 milliards d'euros en faveur de la restauration assureraient aisément le financement de ces nouveaux postes. N'oublions pas non plus les 90 milliards de niches fiscales considérées comme inefficaces par l'inspection des finances.Au-delà des chiffres, ce sont deux visions de la société qui s'affrontent. Pour la droite, l'école est un fardeau et une charge. Pour la gauche, l'école est une chance.
Q : Au-delà de la logique comptable, quels chantiers faut-il engager pour une école plus démocratique ?
R : La formation des maîtres est à réinventer. C'est le socle du système. Ne pourrait-on pas concevoir que le diplôme du master consacre trois années de licence et deux années de formation disciplinaire et pratique? Pourquoi les futurs professeurs seraient aujourd'hui moins bien traités que les futurs magistrats ou les futurs hauts fonctionnaires qui bénéficient d'au moins une année d'apprentissage professionnel? On pourrait imaginer une Ecole nationale supérieure de formation des maîtres, à l'image de l'ENA ou de l'Ecole nationale de la magistrature.
Q : N'est-il pas hypocrite d'affirmer qu'on embauchera 12 000 enseignants par an quand on sait que les candidats aux concours manquent déjà ?
R : Le gouvernement actuel a détourné les jeunes de l'enseignement et installé la fonction d'enseignant dans le mépris. Les professeurs, confrontés à la dislocation des familles, à l'apartheid social, aux violences et aux incivilités, n'ont été ni épaulés ni pleinement reconnus dans leur dignité intellectuelle. D'où cette spirale négative. Une dynamique positive contribuera à attirer les nouvelles générations d'étudiants vers ce grand et beau métier. Au demeurant, le vivier existe: 120000 jeunes sont chaque année titulaires d'un master.


( Source : Le Monde, 3 novembre 2011)

mercredi 2 novembre 2011

Le scandale des créations de postes

(Source : Le Canard Enchaîné, 2 novembre 2011)

dimanche 30 octobre 2011

Le très coûteux voyage de Sarko chez Chatel

Au moment où certains évoquent de possibles diminutions de salaires des fonctionnaires, on aime savoir que Sarko Ier a le sens des économies...

(source : Le Canard Enchaîné, 26 octobre 2011)

lundi 24 octobre 2011

Elections professionnelles

40,4 %. C’est, en pourcentage, le faible taux de participation aux élections professionnelles qui se sont déroulées dans l’éducation nationale entre le13 et le 20 octobre. La participation chute de 22 points par rapport à 2008. Les syndicats dénoncent notamment la complexité du scrutin électronique qui a incontestablement découragé de nombreux électeurs. Au final, la FSU reste en tête (40,62%), devant l’Unsa (20,72%), FO (10,09%), le Sgen-CFDT (9,99%), la CGT (6,47%) et Sud Education (5,79%).

Record du sans maîtres

(Source : Le Canard Enchaîné, 19 octobre 2011)

samedi 22 octobre 2011

Journal de bord d'une prof d'anglais

Retrouvez tous les mois, dans Libération, le journal de bord de Marine, prof d'anglais dans un collège difcile de la région PACA.
Episode 1 : "Une classe de plus, c'est 25 fois plus de risques de conflit" (1er-18 septembre) ; http://www.liberation.fr/vous/01012361073-une-classe-de-plus-c-est-25-fois-plus-de-risques-de-conflit
Episode 2 : "J'ai atteint mon objectif : faire cours" (19 septembre-19 octobre) ; http://www.liberation.fr/vous/01012366880-j-ai-atteint-mon-objectif-faire-cours

vendredi 21 octobre 2011

Burn-out

Les professeurs de collèges et lycées sont 17% à être touchés par le «burn-out», ce phénomène d'épuisement physique, mental et émotionnel, contre 11% dans les autres professions, révèle une étude de deux spécialistes publiée dans Le Monde daté de jeudi. «Près de 30% des enseignants interrogés ont dit songer, souvent, à quitter le métier, explique Georges Fotinos, ancien inspecteur général de l'Education nationale et coauteur de cette enquête réalisée auprès de 2100 personnels de 400 établissements. Les différences entre les sexes et entre les établissements -en zone urbaine, en zone rurale, en ZEP...- sont moins déterminantes que le facteur âge. Les jeunes en dessous de 30 ans sont plus exposés». Crise de l'autorité, classes parfois surchargées et plus hétérogènes qu'il y a 20 ans, manque de soutien de l'institution, difficultés face au rythme des réformes, quasi-absence de médecine de prévention, manque d'organisation des enseignants eux-mêmes en collectifs de travail... Telles sont les raisons avancées par les professeurs pour expliquer ces sentiments d'impuissance et de solitude (...). "Il y a des souffrances extra-ordinaires (...) mais elles sont rares, constate Françoise Lantheaume, sociologue à Lyon-2. Et il y a des souffrances ordinaires : les enseignants français expriment massivement des sentiments d'usure, d'impuissance et d'abandon. Je l'ai constaté il y a une dizaine d'années déjà en collèges et lycées, je le vois maintenant en primaire".

(Source : Le Figaro, 20 octobre 2010)

jeudi 20 octobre 2011

Hommage

2300 personnes ont défilé mardi dans les rues de Béziers à la mémoire de Lise Bonnafous, la professeure de maths qui s'est immolée jeudi dernier dans la cour du lycée Jean Moulin. Une marche digne, sans banderoles ni revendications, en silence jusqu'à ce que la foule hurle "Plus jamais ça ! Plus jamais ça !" à neuf reprises. Mercredi après midi c'est un cortège de 800 personnes qui s'est rendu devant le rectorat pour dénoncer le "malaise enseignant". Les profs et les élèves du lycée ont adressé une lettre à Luc Chatel : "Nous nous interrogeons sur votre absence au lycée et aux obsèques de Lise" ont-ils écrit au ministre avant de l'inviter à venir visiter leur établissement alors qu'il avait soigneusement évité de s'y rendre le jour du drame, quand il s'était contenté d'aller à la sous-préfecture.

De son côté, le père de notre collègue a adressé un mail et une photo de sa fille à la rédaction du Midi Libre : " Ma fille était devenue fragile, sans doute, mais elle restait un excellent professeur de mathématiques et aurait dû pouvoir continuer d’exercer. Son message désespéré était celui-ci : il faut refonder, à tout prix, une nouvelle et authentique école de la république, celle où primaient les valeurs du civisme et du travail. Celle où le professeur était au centre de tout. Celle où l’enfant du peuple pouvait devenir fils de roi."


(source : Le Midi Libre, 18 et 19 octobre 2011)

lundi 17 octobre 2011

Des ballons blancs dans le ciel de Béziers

À l’heure où sa famille, ses amis et ses plus proches collègues assistaient à ses obsèques, dans le petit village de Causse-et-Veyrans, un peu plus de 200 élèves de la cité scolaire Jean-Moulin de Béziers ont rendu hommage à Lise Bonnafous, cette enseignante qui s’est donné la mort par le feu la semaine dernière dans la cour de l’établissement. Après avoir lu un poème de Lamartine et une chanson de Grand Corps Malade, les adolescents ont lâché des ballons blancs dans le ciel. Avant d’écrire quelques mots sur un drap blanc, notamment un poignant “Plus jamais ça”.
Ce matin, réunis en assemblée générale, les enseignants avaient décidé d’organiser une marche blanche demain après-midi dans les rues de Béziers. Mercredi, ils se rendront à l’inspection d’académie à Montpellier.
Ils appellent également à un débrayage national d’une heure, jeudi matin à 10 h. Soit une semaine exactement après ce geste dramatique de Lise Bonnafous, qui a choqué la France entière.


(source : Le Midi Libre, 17 octobre 2011)

vendredi 14 octobre 2011

Chatel veut trier les maternelles : un projet à "haut risque"

Emoi ce jeudi dans le milieu éducatif. Objet du courroux ? Un projet sorti des cartons du ministère de l'Education nationale, qui vise à mettre en place à partir de novembre une évaluation des enfants «à risque» dès cinq ans en fonction de leurs comportement et capacité d'apprentissage, selon un document qui a fuité (à lire ici en PDF). Ce projet, intitulé «Aide à l'évaluation des acquis en fin d'école maternelle», et présenté comme un «outil de repérage des élèves présentant des risques pour les apprentissages à l'usage des enseignants (en) grande section de maternelle», vise à classer les élèves dans trois catégories: «RAS» (rien à signaler), «risque» et «haut risque». Forcément, du côté des syndicats, on est un peu estomaqué par cette classification qui n'est pas sans rappeler le débat sur l'identification dès la maternelle des élèves perturbateurs. La réaction de Sébastien Sihr, secrétaire général du Snuipp-FSU, le principal syndicat du primaire.
Etiez-vous au courant de ce projet de repérage des élèves ?
"Absolument pas, nous n'avons eu aucune information préalable, ni sur le fond ni sur le calendrier. On est vraiment tombé du placard. D'où notre surprise et notre colère aujourd'hui. Colère sur l'idée même, ou sur les modalités?

Le problème n'est pas celui de l'évaluation, les enseignants exercent déjà ce travail au quotidien dans leur classe. Le problème, c'est que ce protocole, s'il devait se confirmer en l'état, introduit une confusion des genres des plus pernicieuses. Certains items portent sur des questions d'ordre médical (vision, audition...), normalement du ressort des médecins scolaires. D'autres sont d'ordre pédagogiques, d'autres encore portent sur le comportement de l'élève.
Ce qui nous scandalise, c'est que l'on puisse faire des amalgames entre des troubles du comportement et ce que l'on pourrait appeler des différences de maturité. On risque de marquer des enfants de cinq, six ans du sceau de l'échec scolaire, là où il s'agit surtout de différences de développement, à un âge où cela change très vite. La maternelle n'est pas une école de tri, de compétition. C'est une école où l'on donne aux enfants le temps de se développer.

Un tel projet n'est-il pas aussi vécu par les enseignants comme une reprise en main ?

C'est l'autre aspect. On assiste depuis un certain temps à une vraie évaluationnite : on demande aux enseignants de cocher des cases à n'en plus finir, au détriment du temps d'apprentissage. Les enseignants n'ont pas besoin de protocoles lourds et inutiles pour savoir observer leurs élèves, repérer leurs difficultés et étayer quand cela est nécessaire".
Faut-il inscrire ce nouveau protocole dans le débat sur le dépistage des troubles du comportement en maternelle, qui avait déclenché un tollé en 2007 ?
"Soit le ministère de l'Education nationale ne se soucie pas du travail des enseignants et fonce tête baissée. Soit il s'agit d'une volonté politique d'étiqueter des enfants. Et là il s'agirait en effet d'une façon de faire revenir par la fenêtre ce débat sur les troubles du comportement — cette idée d'identifier de la graine de délinquance, dans la foulée du rapport de l’Inserm qui préconisait en 2005 un dépistage systématique et précoce des enfants perturbateurs. Si cela devait se confirmer, il faudra une démarche unitaire et citoyenne pour s'y opposer".

(Source : Libération, 14 octobre 2011)

Atroce

Sous le préau, une grande tache noire. Autour d’un poteau, le sol carbonisé. Et puis il y a ces traces de pas, noires elles aussi. Une trentaine d’empreintes très visibles qui tracent une diagonale incertaine dans la cour de récréation, jusqu’à l’entrée d’un bâtiment. Là, d’autres marques d’incendie recouvertes par la texture gluante de la neige carbonique.
Il est environ dix heures, hier matin, dans le lycée professionnel Jean-Moulin de Béziers (Hérault). L’heure de la récréation. Lise B., 44 ans, professeure de mathématiques, vient de lever les bras pour s’asperger la tête et tout le corps d’essence. Une immense flamme jaillit. «Plus de deux mètres», selon un élève qui assisté à la scène. L’enseignante avance, torche vivante, sous les hurlements des lycéens, «en envoyant des bisous de la main», raconte l’une des témoins. «Je fais ça pour vous», aurait-elle articulé. Des lycéens s’écartent, d’autres manquent de s’évanouir. Un jeune homme tente de la mettre à terre. Un autre lance sa veste. «Les cris des filles étaient comme ceux qu’on entend à la télé quand il y a une vedette. On n’a pas compris…», rapporte une dame de service. C’est finalement un extincteur qui viendra à bout des flammes. La professeure est aussitôt transportée à l’infirmerie. Elle n’a plus de cheveux, son visage est ravagé. Elle tente de refuser les premiers soins. Dans les couloirs de cet établissement des années 70, totalement décati, «l’odeur d’essence et de tissus brûlés est alors insoutenable».
Peu avant son geste, l’enseignante avait assuré une heure de cours, de 8 heures à 9 heures. A ses élèves à qui elle a rendu des copies, elle a répété, selon un membre de l’établissement : «Ne vous inquiétez pas, tout va bien se passer.» Personne n’a vraiment compris pourquoi, car les notes étaient dans l’ensemble médiocres. Puis elle s’est fait porter absente pour son cours suivant de 9 heures à 10 heures, jusqu’à son geste funeste.
Hier après-midi, le pronostic vital de l’enseignante n’était plus engagé, selon le procureur de la République de Béziers, Patrick Mathé. Pour lui, c’est une «tentative de suicide en lien avec l’activité professionnelle». «Il se dit en effet qu’elle avait des soucis avec ses classes, confirme Sabine, mère d’une lycéenne scolarisée au lycée Jean-Moulin, qui a assisté au drame. Il y avait des cris dans sa classe. Ma fille, qui avait souvent cours à côté, les a entendus. De là à expliquer son geste…»

D’après des parents d’élèves, la professeure, qui enseignait depuis sept ou huit ans dans la filière générale de cette cité scolaire accueillant plus de 3 000 élèves et 280 enseignants, était en conflit avec certains jeunes, qui la trouvaient trop sévère. Une tentative d’explication, mercredi, avec certains élèves, aurait été «mal vécue» par l’enseignante, selon des témoins interrogés par l’AFP.
Lise B. rencontrait également des difficultés personnelles, ce qui avait conduit le proviseur du lycée à lui proposer récemment de se mettre en arrêt maladie.
«Nous ne voulons pas nous prononcer sur sa vie privée, et nous n’avons pas eu de confirmation sur l’existence de cette réunion houleuse, mais il est certain que le choix du lieu pour effectuer un tel acte n’est pas neutre, commente Jean-Luc Vaïsse, secrétaire départemental du syndicat d’enseignants SE-Unsa. Le problème, c’est que son mal-être, probablement à la fois personnel et professionnel, n’a pas été détecté. Depuis 2008, je répète que les enseignants ne sont soumis à aucune visite médicale. Il n’y a pas de suivi des personnels de l’Education nationale. Ils ne sont pas accompagnés. Les cellules psychologiques de crise, c’est bien, mais quand elles sont mises en place, il est trop tard
Venu en fin d’après-midi rencontrer la direction du lycée, le ministre de l’Education nationale, Luc Chatel, a déclaré : «L’enquête déterminera le détail de la situation et ce qui a pu la pousser à un geste désespéré comme celui-ci.» La cellule de crise installée dans la cité scolaire, qui a reçu environ 80 élèves hier, accueillera aujourd’hui les enseignants qui le souhaitent. Pour les écouter et les aider à trouver les mots face à leurs élèves.

(Source : Libération, 14 octobre 2011)



A la mi-journée, les collègues de l'enseignante avaient lu, devant les grilles du lycée, un message de "solidarité pour Lise", brandissant de petites pancartes blanches intitulées "Plus jamais ça", "On veut des actes". "Hier, une enseignante a choisi de s'immoler dans la cour du lycée à l'heure de la récréation. Cet acte symbolique nous bouleverse et nous interroge tous", avaient déclaré les 280 professeurs du lycée dans ce communiqué. "Son geste appelle à la solidarité de l'ensemble des personnels et témoigne de notre difficulté à accomplir notre mission. Nous attendons donc l'engagement responsable de nos autorités", ajoutaient-ils.
Interrogé par l'AFP à la nouvelle du décès, l'un d'eux, Christophe Quittet, a annoncé la tenue d'une "marche blanche" lundi à 14 h au départ de l'établissement. Selon lui, les cours ne reprendront pas lundi matin, en vertu d'un droit de retrait éventuellement reconductible.Si ses collègues se veulent prudents sur les raisons de cet acte, l'un d'entre eux estimait jeudi soir, sous couvert de l'anonymat, que la "pression ambiante était peut-être trop forte" et qu'"une écoute aurait peut-être évité ce passage à l'acte" (...).
"Au cours des années, on a vu le métier évoluer, le public changer, les réformes arriver, des réformes nécessaires mais bien souvent menées à l'emporte-pièce, sans discernement, dans l'urgence, et à un moment donné il peut arriver ce genre de geste", confiait-il.
Au niveau national, le Snes, premier syndicat du secondaire, a réclamé un "débat" sur le métier d'enseignant après cette "tragédie". Il souhaite notamment "interpeller le ministre sur l'importance de la mise en place d'une véritable médecine du travail dans l'Education nationale" et l'amélioration des "conditions générales de travail des enseignants, dont la pénibilité s'est considérablement accrue ces dernières années".


(Source : Le Midi Libre, 14 octobre 2011)

samedi 8 octobre 2011

Recalés mais recyclés

(Source : Le Parisien/Aujourd'hui en France, 8 octobre 2011)

vendredi 30 septembre 2011

Suppressions de postes : la nouvelle provocation de Chatel

Vingt-quatre heures à peine après une mobilisation réussie dans l’Education, l’annonce du projet de budget 2012 a provoqué hier la colère des syndicats. Indifférent aux protestations, le gouvernement a maintenu la suppression de 14 000 postes l’an prochain au nom de la réduction de la dette publique. Au total, quelque 80 000 postes auront ainsi disparu depuis 2007.
A la suite de ce que le ministère appelle un «dialogue de gestion» avec les recteurs, censé améliorer l’efficacité du système et surtout conduire à des économies, les coupes se répartissent ainsi : 5 700 postes supprimés dans le primaire, 6 550 dans le secondaire, 1 350 dans le privé et 400 dans les services administratifs. Le ministère n’a pas su dire combien on attendait d’élèves supplémentaires à la rentrée 2012. Mais avec le dynamisme démographique de la France, les effectifs devraient continuer de gonfler.
Comme les années précédentes, le ministère assure que l’on fera dans la dentelle et qu’il reste encore des marges à grignoter sans pour autant s’attaquer à la qualité de l’enseignement. Les recteurs, qui sont les personnages clés dans cette affaire, devront trouver les «leviers à actionner» pour récupérer des postes. Comme cette année, les économies porteront notamment sur les effectifs des classes qui vont continuer d’augmenter, sur les enseignants qui ne sont pas affectés à une classe - comme les Rased (maîtres spécialisés dans la difficulté scolaire) -, sur les intervenants en langues étrangères en primaire qui, selon le ministère, n’ont pas fait leurs preuves. Autres postes d’économies : les options rares, qui vont être regroupées dans un seul établissement du secteur, la scolarisation des moins de 3 ans, qui va continuer de chuter, et enfin les remplacements (...). Les écoles rurales à classe unique et toutes celles avec de faibles effectifs, dont certaines ont déjà été menacées cette année et se sont battues, risquent d’être les premières victimes [des suppressions de poste en primaire]. Si les «leviers» habituels ne suffisaient pas, le ministère a d’autres idées. Ainsi, a expliqué le directeur de cabinet du ministre Luc Chatel, il n’est pas raisonnable, financièrement, d’«avoir à cette rentrée 3 000 places vacantes de BTS (brevet de technicien supérieur) ou des classes préparatoires avec 4 ou 5 élèves». «C’est nous qui payons les professeurs», a-t-il précisé, même s’il s’agit d’enseignement supérieur.
«Il est encore temps d’agir», estime le Snuipp-FSU, principal syndicat du primaire, qui a appelé hier «les parlementaires à revoir la copie du gouvernement» en ne votant pas le budget. «Pour Luc Chatel, la vraie question aujourd’hui c’est le sur-mesure, ironise le syndicat Unsa-Education, mais cela fait longtemps que le gouvernement n’ajuste plus : il met en pièces


(source : Libération, 30 septembre 2011)

mercredi 28 septembre 2011

Les bouche-trous de l'Education nationale

« TZR » ils s’appellent, pour « Titulaires sur zone de remplacement ». Comprenez « bouche-trous ». Dans l’Ain, les cas d’école sont légions et tous plus ubuesques les uns que les autres. Il y a celui de cette prof de physique à cheval entre les collèges de Brou, Pont-de-Veyle et Bâgé, à qui le rectorat impose cinq heures de maths en plus et menace de rajouter un quatrième établissement. Ou cette prof d’italien partagée entre Miribel, Leyment et Beynost. Elle possède sans doute le don d’ubiquité puisque son planning prévoit un cours de 14 heures à 15 heures à Miribel, suivi d’un autre à Beynost… De 15 heures à 16 heures ! Après intervention de l’inspecteur d’académie, le casse-tête est en passe d’être résolu. Mais il en dit long sur la situation précaire de ces funambules de l’Éducation nationale.

Sébastien Boileau enseigne la technologie en collège depuis une dizaine d’années. Depuis quatre ans, il vit au rythme des affectations d’urgence, souvent « prévenu la veille pour le lendemain, quand ce n’est pas le lendemain de la rentrée ! » Quelques semaines à Lyon-Vénissieux, deux mois à l’Erea de Villeurbanne pour non-voyants (« sans aucune formation ! »), ou à Limas à raison de 22 heures sur cinq jours et trois heures de trajets journaliers. « À la fin, j’ai craqué ! »
Pour la première fois cette année, il juge son affectation « correcte. Je n’ai que deux établissements à Ceyzériat et Coligny, et je complète à Bâgé, mon établissement de rattachement ». Sa compagne Évelyne Allard, TZR elle aussi, dispense des cours de SVT entre Miribel et Ambérieu. Jeanne, 5 ans, suit les pérégrinations de ses parents. « Avec la petite, c’est difficile de gérer les emplois du temps. Un jour, on aimerait bien se poser. Mais aujourd’hui, les possibilités de se stabiliser sont très faibles. »


(source : Le progrès, 28 septembre 2011)

Le ras-le-bol silencieux des personnels enseignants

Une mobilisation correcte pour un grand corps malade. Un défilé désabusé et un profond désarroi

Pour une fois, ils tombent d’accord. 700 manifestants selon les syndicats, à peu près autant selon la police. Peut mieux faire. Mais la mobilisation paraît somme toute correcte pour le grand corps malade des enseignants.
La vaste intersyndicale (FO en moins, le privé compris) appelait à manifester contre les suppressions de postes dans l’Éducation nationale. Le mot d’ordre a réuni bien des banderoles. À Bourg, le Front de gauche, le NPA, le PCF, Attac ou des syndicalistes retraités, se sont joints au cortège. Les absents du jour (parents d’élèves, collégiens, lycéens…) se réservent peut-être pour les journées d’action des 6 et 11 octobre.
Celle-ci a frappé par son silence assourdissant. En dehors de la sono de la FSU qui crachote du Manu Chao, pas de chants « mani-festifs », ni de slogans revendicatifs. Entre le champ de foire et la préfecture, chacun a défilé à mots couverts, comme s’il portait le plomb du système éducatif.
« Je suis prof, fainéant, j’m’en foutiste, gréviste, incompétent, planqué, dépressif, toujours en vacances et trop payé. Prenez ma place ! » Mieux qu’un long discours, le placard provocateur du Snep (éducation physique) résume l’amertume d’une profession. « Ça fait vingt ans que j’entends ça. Maintenant, c’est pire. J’en ai ras-le-bol ! » lance l’ancien secrétaire départemental du Snep Bruno Sallet. « De plus en plus de paperasse, des élèves de plus en plus durs, de gros problèmes d’inclusion pour les Clis… » Quatre professeurs de l’école Charles-Robin de Bourg racontent leur quotidien. « Je ne me sens plus de leur dire "si tu travailles, tu auras un métier ", explique Christine Daire. Philippe Coutaz, enseignant spécialisé à l’Itep de Seillon déplore pour sa part le diktat du résultat à court terme. « Tu seras un bon citoyen plus tard, ça, ça m’intéresse. » Une vraie lubie d’enseignant…C’est ce profond désarroi qu’ils sont venus exprimer hier. On ne sait s’il a été compris. Mais il est certain qu’il dépasse largement l’équation des suppressions de postes.

(Source : Le Progrès, 28 septembre 2011)

mardi 27 septembre 2011

Une grève plutôt suivie

Les défilés contre les suppressions de postes dans l'Education nationale, à l'appel des syndicats du public et du privé, ont réuni plus de 165.000 manifestants en France, selon une première estimation communiquée par l'intersyndicale. Plus de 120.000 manifestants auraient défilé dans 72 départements et 45.000 à Paris, ont indiqué la FSU et Unsa éducation, au nom de l'intersyndicale. Près de 54% (53,75%) des enseignants du primaire et 50% de ceux du secondaire dans le public sont en grève, ont annoncé les syndicats de la FSU à la mi-journée.

En fin d'après-midi, l'émission C dans l'air revient sur la grève et la colère des enseignants : http://www.france5.fr/c-dans-l-air/societe/premiere-greve-test-34047

lundi 26 septembre 2011

Manif du 27 septembre

Comme d'habitude à Bourg-en-Bresse, la manifestation partira du marché couvert, à 14 h.30.

La rentrée des nouveaux stagiaires


Après trois semaines de formation, 34 professeurs des écoles stagiaires (PES) entrent ce matin dans leur classe un peu partout dans le département, de la maternelle au cours moyen. Ils en assureront la pleine responsabilité jusqu’en juillet mais continueront à se former. Depuis deux ans, le système de recrutement et de formation des enseignants a été refondu. Fini les deux ans à l’Institut universitaire de formation des maîtres avec formations disciplinaire et pratique, et douze semaines de stages en 2e année. Les nouveaux enseignants sont dotés d’un master 2 (bac + 5 au lieu de bac +3), ont réussi le difficile concours et les voilà déjà face aux élèves. « Ils sont affectés sur des postes vacants après des départs en retraite. On a évité les classes charnières comme le CP et le CM2 autant que possible,» explique Janique Frayer, inspectrice de l’Education nationale à Bourg. « Ils arrivent plus matures qu’au temps de l’IUFM, avec un niveau de formation universitaire important et cela se ressent ». Plus que sur les connaissances, l’enjeu se situe sur la pédagogie, la capacité à assurer une prise en charge différenciée des élèves. Leur formation par alternance repose sur une organisation complexe, variable selon les départements.
Dans l’Ain, les nouvelles recrues ont vécu les trois premières semaines dans des classes tenues par des maîtres formateurs. Là, ils sont passés de l’observation à la pratique accompagnée avec leur tuteur. « Il y a un guidage assez fort au départ et peu à peu, le maître formateur passe la main. Il y a chaque fois une analyse de la séance à partir d’une grille d’observation sur les gestes professionnels, le contenu enseigné, la démarche pédagogique… » explique Nathalie Biez, maître formateur et directrice de l’école du Peloux à Bourg. Cette semaine dans leur propre classe, les PES travailleront avec un enseignant titulaire remplaçant. Puis seront seuls au tableau. Un jour par semaine jusqu’au 16 décembre, ils reviendront auprès de leur maître formateur tuteur. « Ils pourront poser des questions pratiques sur les difficultés d’un élève, le niveau de classe, la gestion du groupe. On est dans l’immédiateté, le stagiaire ne reste pas trois mois avec sa question », dit Nathalie Biez. La formation sera ensuite collective, une semaine par mois de janvier à juin. Dans les classes, les élèves verront donc régulièrement le remplaçant : 12 titulaires remplaçants sont mobilisés sur les temps de formation des 34 stagiaires.
Des leçons ont été tirées de la précédente année : en 2010, les 80 professeurs des écoles stagiaires de l’Ain étaient remplaçants, envoyés dans différentes écoles et différents niveaux et l’alternance classe/formation n’était pas aussi rythmée. Les professeurs stagiaires seront évalués sur une dizaine de compétences en fin d’année scolaire, avant d’être titulaires ou non l’an prochain. L’an dernier, 2 sur 80 n’ont pas été titularisés et ont dû prolonger leur scolarité. L’efficacité du système de formation n’est pas encore évaluée. « On manque de recul, il faut plusieurs corps qui passent » dit Nathalie Biez.
« Il y a eu des avancées par rapport à l’an dernier après de fortes revendications, mais nous sommes déçus de cette formation des professeurs des écoles stagiaires » dit Morgan Vincent, le co-secrétaire départemental du SNUipp-FSU. Gros défaut selon le syndicat : « Les stagiaires ne vont voir qu’un seul niveau de classe. C’est une formation "clé en main" parce que l’inspection académique en avait besoin.»

Confier des élèves un ou deux jours par semaine à des étudiants qui ne sont pas professeurs des écoles stagiaires, qui n’ont pas réussi le concours et n’ont pas de pratique approfondie : une expérience dans l’Ain cette année. Début octobre, après trois jours de « formation », 22 étudiants qui n’ont pas réussi le concours l’an dernier seront salariés pour enseigner deux jours par semaine et compléter le mi-temps d’un enseignant titulaire. Ils préparent, en un an, un diplôme universitaire « métiers de l’enseignement », nouveauté expérimentée seulement dans l’Académie. Et 30 étudiants en master 2 seront aussi salariés pour remplacer en classe un titulaire une journée par semaine. Ces 50 étudiants salariés ont été choisis par une commission surtout sur leurs motivations.


Témoignages :
Adeline Rampon, 22 ans, découvre ce matin sa classe de moyenne section en maternelle à Villars-les-Dombes. Olivier Gabriel, 32 ans, effectue sa rentrée d’enseignant avec les CE2/CM1 de Treffort-Cuisiat. Trois semaines à l’école du Peloux avec une classe et un maître formateur ont été fructueuses, assuraient-ils deux jours avant, avec un léger stress et de l’impatience. « Il y a des erreurs que je ne ferai plus, parce qu’on a eu un retour tout de suite sur notre façon de prendre en main la classe », dit Adeline. « Au début on pense que ça va se faire comme ça ! Sur les contenus, il n’y a pas trop de problème, mais la méthodologie est importante et là, on a beaucoup appris : comment cadrer les élèves, comment bien utiliser les ressources entre les manuels, internet et tellement de sources ! », dit Olivier. « L’erreur la plus fréquente c’est de préparer énormément de choses et de ne pas arriver à tenir le temps imparti. J’ai tendance à beaucoup parler, ce qui finit par augmenter le volume général. J’ai appris à garder des temps de silence. » Il s’est déjà retrouvé dans la peau d’un prof de maths et SVT en collège et en centre de formation dans la Loire. Dans ses bagages : une maîtrise de biologie, deux années à la fac de médecine, trois ans d’accompagnement d’enfants handicapés comme auxiliaire de vie scolaire. Il reste bien conscient des particularités du métier, que les enfants sont différents. « On n’est pas aguerris mais on sait que les groupes classes ne sont pas homogène, il faut prévoir ceux qui avancent plus vite et ceux qui avancent moins vite ».
« Tellement contente d’avoir réussi le concours », Adeline rêve d’enseigner depuis le lycée. « On a sûrement encore beaucoup de questions à poser aux maîtres formateurs. Elles viendront une fois qu’on sera en action dans la classe, dit-elle. C’est bien d’avoir de l’alternance une fois par semaine jusqu’en décembre. L’an dernier c’était sans doute un plus gros stress pour ceux qui étaient remplaçants et avaient moins d’alternance ».


(Source : F. Python, Le Progrès, 26 septembre 2011)

mercredi 21 septembre 2011

Une rentrée réussie pour Chatel

Alors que de nombreuses écoles sont bmoquées ou occupées par des parents d'élèves en colère qui dénoncent les fermetures de classe, le ministre Chatel s'est félicité que la rentrée 2011 ait été "techniquement et administrativement réussie", faisant fi des remarques de la FCPE et des principaux syndicats d'enseignants. De son point de vue ce n'est que propagande électoraliste : "Il ne m'a pas échappé qu'il y avait des élections pour les fédérations de parents dans quelques semaines, comme il y a des élections pour les représentants des professeurs dans quelques jours (...). Ce qui est important, c'est que notre système éducatif se modernise (...) et nous nous préparons surtout au défi du monde de demain".


Sur le conditions de rentrée, voir ou revoir le reportage d'Envoyé Spécial (France 2, 22 septembre 2011) : http://www.pluzz.fr/envoye-special.html

samedi 17 septembre 2011

A lire impérativement

"Nous avons les moyens de la politique que souhaite le ministre"

Enseignants, parents et conseillers généraux avaient boycotté jeudi soir le Conseil départemental de l’Éducation nationale. Tous protestaient contre l’équation élèves en plus et enseignants en moins. Quelques heures plus tard, le nouvel inspecteur d’académie de l’Ain, Lionel Tarlet, déclarait en conférence de presse : « J’arrive dans un département où les indicateurs scolaires sont tous bons. Le taux de réussite aux examens progresse chaque année. Les classes sont bien remplies mais pas surchargées. Nous avons les moyens de la politique que souhaite le ministre. » [sic !!!] Petit aperçu des actualités dans les établissements scolaires de l’Ain.
Intégration scolaire : 400 demandes cet été
2 114 élèves handicapés et à besoins éducatifs particuliers sont accueillis dans les établissements scolaires ordinaires (2,7 % des effectifs). S’ajoutent 1 200 élèves pris en charge par des enseignants de l’Éducation nationale dans les IME (institut médico-éducatif) et les Itep (institut thérapeutique éducatif et pédagogique). Trois nouvelles classes d’intégration scolaire ont été ouvertes : à Oyonnax et Nantua, et à Bellegarde pour les troubles envahissants du comportement (autisme). En collège, une unité est créée à Villars. Soit au total 36 classes d’intégration en écoles primaires (Clis) et 22 unités d’intégration en collège (ULIS). « Nous sommes à peu près en mesure de répondre à toutes les notifications de la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH) », dit l’inspecteur d’académie. Il reconnaît des rentrées différées : « Quatre cents notifications de scolarisation sont arrivées en cours d’été et quand il faut des auxiliaires de vie scolaire, il faut le temps de les recruter. Donc certains enfants n’ont pas pu effectuer leur rentrée mais cela se fera. »
Rased
Trois postes des réseaux d’aides spécialisées aux élèves en difficulté ont été supprimés. « Ils n’étaient pas pourvus », justifie Lionel Tarlet. Les moyens humains des Rased sont retombés à 78 spécialistes, au lieu de 100 ultérieurement. « Il y en a suffisamment pour couvrir les besoins avec les autres dispositifs complémentaires pour les élèves en difficulté », dit l’inspecteur.
Innovation à Oyonnax
Les collèges Ampère et Lumière d’Oyonnax et Jean-Rostand à Arbent, ainsi que les 23 écoles de leur secteur appliqueront cette année le programme Éclair (Écoles, collèges et lycées pour l’ambition, l’innovation et la réussite). Le premier dispositif du genre. Il s’agit de travailler en réseau jugé favorable à la continuité des apprentissages. Les établissements ont une obligation d’innovation. Exemple au collège Ampère : une 6 e expérimente les cours le matin et le sport l’après-midi. « Le cadre est là mais tout reste à faire », dit Lionel Tarlet. Il annonce des « profs volontaires » et des « moyens d’encadrement supplémentaires » mais sans précision chiffrée.
Nouveaux bacs pros
Un bac pro « accompagnement, soins et services à la personne » est créé aux lycées professionnels Pardé de Bourg, à Belley, et Bichat à Nantua. Un bac pro « cuisine » est créé au lycée Saint-Exupéry de Bellegarde ; un bac pro « commercialisation et services en restauration » au lycée de Bellegarde.
Internats d’excellence
On trouve cette année 71 places labellisées « internat d’excellence » réparties dans onze lycées (8 lycées l’an dernier). Ces places doivent favoriser la scolarité d’élèves de milieu modeste, de la ville ou de la campagne. « La misère n’est pas seulement dans les quartiers urbains, elle est aussi en milieu rural où l’on mésestime cette réalité », insiste Lionel Tarlet.
Remplaçants
Des effectifs de remplaçants sont déjà utilisés en partie en classe. Pour les 1 er et 2e degrés, ces remplaçants « sont à moyens constants par rapport à la rentrée 2010 », indique l’inspection académique sans fournir de chiffres. Les organisations syndicales prédisent que cette insuffisance sera vite problématique. Lionel Tarlet se dit « confiant ».

(Source : F. Python, Le Progrès, 17 septembre 2011)

La maîtresse sans maillot de bain

(Source : Le Parisien - Aujourd'hui en France, 16 septembre 2011)


Signez le manifeste du collectif et téléchargez le calendrier sur http://ecole.depouillee.free.fr/

vendredi 16 septembre 2011

Boycott du CDEN de l'Ain

(source : Le Progrès, 16 septembre 2011)

mercredi 14 septembre 2011

Salaire des profs : Chatel critique l'OCDE

Luc Chatel, a "regretté" aujourd'hui que l'OCDE n'ait pas intégré dans ses calculs sur les salaires des enseignants leurs primes et heures supplémentaires, qui sont selon lui "un complément de revenu important" (...). Le ministre a tenu à "rappeler que le régime indemnitaire de nos professeurs représente environ 6% de leur rémunération (...) et qu'un professeur en moyenne fait 1,3 heure supplémentaire par semaine, c'est-à-dire environ 7% de temps supplémentaire donc de salaire supplémentaire défiscalisé"."Cela fait donc un écart d'environ 13 à 14% par rapport aux chiffres" retenus par l'OCDE, a-t-il résumé. Après avoir "constaté un retard dans le niveau de salaire global de nos enseignants", le gouvernement a augmenté les salaires des plus jeunes, a-t-il ajouté : "Je rappelle que nous sommes le seul pays à avoir augmenté de 10%, il y a un an, nos enseignants en début de carrière". Interrogé sur les raisons pour lesquelles seuls ceux-ci avaient été revalorisés, Luc Chatel a rappelé le "principe" de "réaffecter aux augmentations de salaire la moitié des économies réalisées" avec le non remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite."Chaque année, 250 millions d'euros [vont à la] revalorisation des rémunérations" des enseignants et "depuis le début de la mandature, c'est un milliard d'euros qu'on a redistribué aux enseignants, soit en heures supplémentaires, soit en primes exceptionnelles, soit en missions nouvelles, soit en augmentation en début de carrière", a-t-il précisé. Plus globalement, "les enseignements" du rapport de l'OCDE sur "la nécessité d'améliorer les performances de notre système éducatif" ne sont "pas nouveaux", a dit le ministre : "Cela valide a posteriori le choix que nous avons fait de tout miser sur la personnalisation des parcours, des pédagogies, de l'organisation du système. C'est comme ça que l'on réduira les inégalités".

(source : Le Figaro, 14 septembre 2011)

mardi 13 septembre 2011

Des profs français sous payés

On savait que les enseignants français ne roulaient pas sur l'or, loin s'en faut. Voilà une étude qui ne devrait pas leur remonter le moral en cette rentrée plutôt morose. La France est l'un des rares pays de l'OCDE où le salaire des profs est en berne totale (...). Non seulement le salaire moyen des enseignants français est inférieur à la moyenne de l'OCDE, «aussi bien pour les enseignants débutants, que pour ceux qui ont dix ou quinze ans d'expérience professionnelle», mais alors que ce salaire a augmenté (en valeur réelle) dans la plupart des pays entre 2000 et 2009, ce n'est pas le cas en France. Si l'on remonte à 1995, on constate que le salaire a augmenté partout... sauf en France et en Suisse. Or, en Suisse, «le message est différent car les enseignants sont parmi les mieux payés des pays de l'OCDE, mais en France, déjà que le salaire d'un enseignant débutant est inférieur à cette même moyenne, le fait qu'il y a aussi un recul, cela peut poser beaucoup de questions sur l'attractivité du métier d'enseignant», relève Eric Charbonnier, analyste des politiques éducatives de l'OCDE.
Le salaire moyen des enseignants du primaire (hors primes et heures supp) ayant au moins quinze ans d'expérience est en France de 33.359 dollars US (24.448 euros net, soit 2037 euros par mois), tandis que la moyenne des pays de l'OCDE est à 38.914 dollars US (28.519 euros - 2376 par mois). Pour le secondaire, le salaire moyen en France tourne autour de 26.400 euros annuels, contre 30.700 en moyenne dans l'OCDE, 33.000 euros pour les enseignants belges, 34.500 euros pour les enseignants anglais, et plus de 44.000 euros pour les Irlandais ou les Allemands. Les mieux lotis étant de loin les Luxembourgeois (81.000 euros). «Si l'on prenait en compte les heures supplémentaires et les primes, on aurait toujours ce constat où le salaire moyen des enseignants est toujours inférieur à cette moyenne des pays de l'OCDE», précise Eric Charbonnier.
A ce constat guère réjouissant, le ministre de l'Education Luc Chatel répond que le salaire de 170.000 enseignants en début de carrière a depuis été revalorisé de 10 % la première année: 153 euros nets de plus par mois depuis 2010 et 259 euros nets de plus pour les agrégés, «soit l'équivalent d'un treizième mois».

(source : Libération, 13 septembre 2011)

samedi 10 septembre 2011

(source : Le Canard Enchaîné, 7 septembre 2011)

Hollande veut recruter des profs

Hier François Hollande a promis qu’il recréerait en 5 ans, s’il était élu à l’Elysée, les dizaines de milliers de postes supprimés dans l’Education nationale depuis 2007.
«Je fais la proposition de faire une loi de programmation qui permettra de récréer des postes sur les cinq ans. On créera les 60.000 à 70.000 postes supprimés depuis 2007, a-t-il affirmé. Je prends un engagement sur 5 ans minimal», avant d'expliquer que les postes nouvellement créés seraient «affectés là où les besoins sont les plus sensibles», tout en précisant que, selon lui, «ce ne sont pas que des postes d’enseignants qu’il faudra créer mais aussi des postes d’encadrants, d’assistantes sociales, de psychologues», et des métiers «liés aux nouvelles technologies». Dans son élan, il a aussi promis d’arrêter «l’hémorragie que représente la règle du non-renouvellement d’un fonctionnaire sur 2 partant à la retraite et nous allons recréer des postes». Furieux, Luc Chatel a répliqué que «les propositions de François Hollande sont irresponsables et irréalistes. Irresponsables, parce qu'au moment où tous les pays du monde sont engagés dans la maîtrise de leurs dépenses publiques et dans la baisse de leurs déficits et de leurs dettes, M. Hollande propose à nouveau les vieilles recettes de la fuite en avant budgétaire (...). C'est aussi irréaliste, car c'est faire preuve d'une méconnaissance totale du système de recrutement des enseignants».

Mais comme on ne saurait avoir de meilleurs ennemis que dans son propre camp, Hollande a aussi eu le droit à un tacle de Martine Aubry : "Je suis contente que François Hollande fasse maintenant de l'éducation une priorité et qu'il ait changé d'avis car il y a encore quelques jours, il disait vouloir sanctuariser le budget de l'éducation à ce qu'il est aujourd'hui", a commenté l'ex N°1 du PS, pour qui il faut "remettre des enseignants oui, mais en remettre en priorité là où il y en a besoin". Entendant aller plus loin que son rival, elle assure vouloir refonder l'école : "La refondation de l'école, c'est bien sûr remettre des enseignants et des moyens, mais aussi adapter l'école à chaque enfant qui est en face de nous". Qu'on se le dise, la chasse au vote enseignant est bien ouverte dans la perpective des primaires.

jeudi 8 septembre 2011

Femmes, femmes, femmes...

Y-aurait-il trop de femmes dans l'Education nationale ? Oui, pense-t-on dans l'entourage de Sa Majesté Sarko Ier où, à en croire Le Figaro, on juge qu'il y a "trop de femmes enseignantes" et qu'il faut tendre vers "davantage d'équilibre" pour renforcer l'autorité à l'école. Des déclarations aussi stupides que bassement misogynes - mais très sarkozistes - que Luc Chatel s'est vivement empresser de démentir de matin sur Europe 1. Pressé d'étouffer ces inepties, le ministre a dénoncé une "polémique absurde" : «Je suis en désaccord total avec ces propos (...) s'ils sont exacts, car je ne considère pas qu'il y a trop de femmes dans l'enseignement, a-t-il déclaré. Je vais même vous faire une confidence, j'ai la faiblesse de penser que les femmes ont un certain sens de la pédagogie, de l'autorité, et donc je considère que cette polémique est absurde», avant de reconnaître qu'il avait eu des «des professeurs femmes» et des «patrons femmes» qui avaient une autorité que n'avaient pas parfois les hommes. Incluait-il la généreuse Liliane parmi elles ?