lundi 14 novembre 2011

Réformer le statut des profs : une nécessité pour l'UMP

Les enseignants sont concernés au premier chef par les propositions de l'UMP sur l'éducation. Le parti envisage de «revoir leurs obligations de service» en créant un «nouveau corps» de fonctionnaires qui concernerait les candidats à l'actuel concours du Capes et serait ouvert aux professeurs certifiés en exercice.
Selon Éric Charbonnier, expert en éducation auprès de l'OCDE, une telle réforme pourrait être intéressante, d'autant plus que le statut et la formation des enseignants sont «atypiques» par rapport à ce qui se passe dans le reste de l'Europe : «en France, si on réussit son concours dans une matière, on a accès à la profession. Ailleurs, l'apprentissage des méthodes pédagogiques et l'apprentissage de la discipline que l'on va enseigner se font en même temps », rappelle-t-il. Selon Bernard Hugonnier, un autre expert de l'OCDE, partout ailleurs, les contrats signés entre l'État et les municipalités concernant les enseignants englobent les cours mais aussi des activités pédagogiques, des échanges avec les parents, le soutien scolaire, etc. «Si on incluait dans les contrats des enseignants français toutes ces tâches qu'ils font déjà pour partie, quitte à les payer davantage, leur investissement serait meilleur», estime-t-il.
Éric Charbonnier rappelle aussi que les professeurs français sont parmi les plus mal payés d'Europe : en Allemagne, un enseignant touche le double de ce que touche un Français. Selon François Dubet, pour réussir une telle réforme «il faut être capable de convaincre le monde enseignant qu'il peut y gagner». Pour le sociologue, la question ne se pose pas «forcément uniquement en termes financiers mais en termes de temps, de qualité de travail et de reconnaissance pédagogique, car les enseignants ne sont pas tous hostiles à une évolution de leur travail».
À l'inverse, «si ces intentions sont perçues comme une agression politique, on va assister à cinq années de paralysie sur le front de l'éducation». Proposer un nouveau statut uniquement aux jeunes enseignants est, selon lui, «la seule façon un peu futée» de poser le problème. Laurent Bigorgne, le directeur de l'Institut Montaigne s'interroge sur l'urgence d'une telle réforme touchant les professeurs de collège et lycée. «Je ne suis pas contre l'idée de créer un nouveau corps avec un salaire différent, mais je trouve que l'on parle beaucoup de réformes dans l'enseignement secondaire, qui en France est pourtant très bien doté, alors qu'on délaisse l'enseignement primaire, où il y a urgence: il faut quand même se rappeler qu'à l'âge de 10 ans, un Français sur cinq ne sait pas lire


(Source : Le Figaro, 14 novembre 2011)

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