samedi 12 novembre 2011

Quand Chatel caviarde et bidouille les statistiques

Interstat, un collectif qui réunit les syndicats de l'Insee et des services de statistiques ministériels, accusent le ministère de l'éducation de faire de la rétention d'information, en ne publiant pas dans les temps leurs travaux.
Dans un communiqué, les statisticiens publics s'étonnent de voir que huit de leurs publications n'ont été ni publiées, ni mises à disposition du public sur le site Internet du ministère. Selon eux, des études annuelles, traitant par exemple du nombre d'élèves par classe [la prévision de
l’évolution de ce nombre d’élèves, le nombre de professeurs en postes, recrutés] ou de la réussite aux examens, sont mises en réserve par les services de Luc Chatel. Pas tant par volonté de censure mais pour mieux contrôler sa communication : "des publications validées et prêtes à être diffusées sont retenues en attendant une éventuelle communication du ministre sur le sujet", dénoncent ainsi les chercheurs.
Plus grave, les statistiques présentées seraient faussées. Interstat accuse Luc Chatel de "s'enorgueillir, lors de sa conférence de presse de rentrée [le 1er septembre], d'améliorer les compétences des élèves malgré la hausse du nombre d'élèves et la baisse du nombre d'enseignants". Seulement, les données sur lesquelles se base ce propos sont "sujettes à caution". En cause, la réorganisation des services de statistiques publiques. Les chercheurs affirment que les données utilisées par le ministère de l'éducation ne sont plus produites par un organisme "indépendant du pouvoir" mais par la direction pédagogique du ministère, qui publierait des résultats faussés. "La publication des résultats moins flatteurs d'opérations conduites en parallèle par la DEPP [direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance, un service public de statistiques] n'est pas autorisée, ce qui est plus inquiétant encore", souligne le communiqué.
Au-delà de la défense de leur mission de service public, les statisticiens estiment que cette situation fausse le débat sur le destin de l'éducation nationale. "Les citoyens doivent pouvoir s'informer en toute indépendance et ne pas être tributaires de la propagande, quelle que soit son origine", concluent-ils.
Joint par le Monde.fr, le ministère de l'éducation n'a pas souhaité réagir
.

(source : Le Monde.fr, 4 novembre 2011)

Le communiqué de l'intersyndicale de la DEPP peut être lu sur http://www.cgtinsee.org/dossiers/independance/2011/tract%20interstat%20depp%202%20nov%202011_def.pdf

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