mercredi 28 septembre 2011

Les bouche-trous de l'Education nationale

« TZR » ils s’appellent, pour « Titulaires sur zone de remplacement ». Comprenez « bouche-trous ». Dans l’Ain, les cas d’école sont légions et tous plus ubuesques les uns que les autres. Il y a celui de cette prof de physique à cheval entre les collèges de Brou, Pont-de-Veyle et Bâgé, à qui le rectorat impose cinq heures de maths en plus et menace de rajouter un quatrième établissement. Ou cette prof d’italien partagée entre Miribel, Leyment et Beynost. Elle possède sans doute le don d’ubiquité puisque son planning prévoit un cours de 14 heures à 15 heures à Miribel, suivi d’un autre à Beynost… De 15 heures à 16 heures ! Après intervention de l’inspecteur d’académie, le casse-tête est en passe d’être résolu. Mais il en dit long sur la situation précaire de ces funambules de l’Éducation nationale.

Sébastien Boileau enseigne la technologie en collège depuis une dizaine d’années. Depuis quatre ans, il vit au rythme des affectations d’urgence, souvent « prévenu la veille pour le lendemain, quand ce n’est pas le lendemain de la rentrée ! » Quelques semaines à Lyon-Vénissieux, deux mois à l’Erea de Villeurbanne pour non-voyants (« sans aucune formation ! »), ou à Limas à raison de 22 heures sur cinq jours et trois heures de trajets journaliers. « À la fin, j’ai craqué ! »
Pour la première fois cette année, il juge son affectation « correcte. Je n’ai que deux établissements à Ceyzériat et Coligny, et je complète à Bâgé, mon établissement de rattachement ». Sa compagne Évelyne Allard, TZR elle aussi, dispense des cours de SVT entre Miribel et Ambérieu. Jeanne, 5 ans, suit les pérégrinations de ses parents. « Avec la petite, c’est difficile de gérer les emplois du temps. Un jour, on aimerait bien se poser. Mais aujourd’hui, les possibilités de se stabiliser sont très faibles. »


(source : Le progrès, 28 septembre 2011)

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