mardi 20 octobre 2009

Lettre de celui qui s'en moquait

On la croyait disparue, oubliée, comme tous les promesses de notre Prometteur Souverain. Les profs d'histoire étaient soulagés de ne plus en entendre parler. Mais voilà qu'elle revient, la lettre de Guy Môquet. Tout le monde pensait que la lecture de ce texte magnifique et émouvant, qui s'était parfois déroulée dans des conditions si ridicules qu'il en avait été dramatiquement dénaturé, ne serait plus que facultative et ne devrait plus se faire arbitrairement, à date fixe, sans tenir compte de la logique des programmes d'histoire. Mais la voix de son maître a déclaré hier sur RTL qu'elle sera bien lue jeudi 22 octobre dans tous les lycées de Gaule et qu'elle "servira de base à la discussion, au débat qui s'en suivra sur la question de la résistance", avant de tacler son prédécesseur Darcos qui, sur le sujet, vait su faire preuve d'un peu d'esprit critique en envisageant de rendre le cérémonial facultatif : "l'idée pour 2009 était de reprendre la démarche de 2008... Il semble qu'il y ait eu une formulation ambigüe de la part de nos services et donc nous avons rectifié le tir et précisé la mise en oeuvre pour la journée du 22 octobre". Pour les profs qui désapprouveraient cette ingérence du chef de l'Etat dans le contenu des programmes scolaires, nous proposons la lecture d'une autre lettre, rédigée elle aussi par un un jeune homme qui choisit de sacrifier son existence à la France :

"Mon petit papa chéri
Mon tout petit frère adoré (à mort)
Ma grande belle-maman aimée.
Je vais être élu. Ce que je vous demande, toi en particulier mon petit papa, c'est d'être rassuré. Je vais en profiter encore plus que tous ceux qui sont passés avant moi.

Certes j'aurais voulu poursuivre mes études. Mais ce que tu souhaites de tout ton coeur c'est que ma nomination serve à quelque chose. Je n'ai pas eu le temps d'embrasser Patrick D.. J'ai embrassé mes deux parrains, oncle Patrick et tonton Charlie. Quant au véritable je ne peux le faire hélas !

J'espère que tous mes livres de droit te seront renvoyés, ils pourront servir à Louis, qui je l'escompte, sera nommé à l'ONU après son brevet. A toi petit papa, si je t'ai causé ainsi qu'à ma grande belle maman bien des soucis, je te remercie encore une fois. Sache que je ferai de mon mieux pour suivre la voie que tu m'as tracée.

Un dernier doigt d'honneur à tous mes amis de fac, à mon frère Pierre que j'aime beaucoup. Pas besoin d'étudier pour devenir un homme.

23 ans, mes études ont été courtes. Je n'ai aucun regret, si ce n'est de ne pas avoir encore été nommé ministre. Je vais m'éclater avec mes amis de l'EPAD. Belle maman, ce que je te demande, ce que je veux que tu me promettes, c'est de continuer à obliger papa à faire son jogging au soleil et à poursuivre son régime jusqu'au prochain malaise.
Je peux encore en prendre davantage. Je vous trahirai tous, toutes, toi belle maman, Louis, papa, en vous embrassant de tout mon coeur d'enfant de Judas. Courage !

Votre Jean qui vous aime
Dernières pensées : vous tous qui votez, ne soyez pas indignes comme eux, les 9 qui vont m'élire. "

3 commentaires:

billy a dit…

j avais l'idée.... mais vous m avez devancé ...

excellent !

(mon blog :

http://yapafoto.unblog.fr/ )

Mondial Moquet a dit…

J'en ai trouvé un autre :

Ma nouvelle maman chérie,
mon tout petit papa adoré,
mon contrat de confiance

Je veux me faire élire ! Ce que je vous demande, toi, en particulier ma nouvelle maman, c'est de collaborer. Je le fais et je veux le faire autant que ceux qui y sont passés avant moi.

Certes, j'aurais voulu réussir seul. Mais pourquoi se fatiguer quand son seul nom permet de faire quelque chose. Je n'ai pas le temps de m'encombrer de Jean. Comme mes deux frères, inutile de se faire un prénom. D'autant que nous sommes incapables de le faire hélas !

J'espère que ma toison de jeune NAP te sera renvoyée, elle pourra servir à Louis, qui je l'escompte sera fier de la porter un jour.

A toi petit papa, si je t'ai fais ainsi qu'à mes nombreuses mamans, bien des peines, j'ai besoin de toi encore une fois. Sache que j'ai fais de mon mieux pour suivre la voie que tu m'as tracée. Un dernier adieu à tous mes amis devenus inutiles, à mon petit frère que j'aime beaucoup. Qu'il étudie bien car papa ne sera pas toujours président.

23 ans, mon ascension a été courte !
Je n'ai aucun scrupule, je crache à la gueule de tous.

Je serais président de l'EPAD.

Papa, ce que je te demande, ce que je veux que tu me promettes, c'est d'être intransigeant et de museler toute résistance. Je ne peux en mettre d'avantage. Je vous remercie tous, toutes, toi maman, Louis, papa, en vous embrassant de tout mon cœur de Juda.

Merci !
Votre Jean qui vous aime

http://rue98.blogspot.com/2009/10/apres-la-lettre-de-guy-moquet-voici.html

Olivier a dit…

J'ai voulu poster cette lettre sur le site du Figaro.fr en commentaire d'un article consacré à la lecture de celle de Guy Môquet. Devinez ce qui est arrivé... J'ai reçu en retour ce mail du modérateur : " Votre message et/ou contenus/contenu a été modéré. Votre contenu ne respecte pas la charte de modération lefigaro.fr." Etonnant non ?