A la fin du mois de janvier dernier, nous apprenions à quelle sauce le Rectorat de Lyon avait décidé de nous croquer... D'un grand coup de hachoir une trentaine d'heures supprimées dans notre D.H.G. pour une pincée d'élèves en moins. Le choc fut brutal. Plusieurs enseignements se retrouvaient sur la sellette : le français, les maths, l'histoire-géographie, l'anglais, l'allemand, les sciences, la technologie, les arts, le sport... bref, rien que des matières secondaires. Alors que dans la réalité (et on la perçoit toujours mieux sur place que dans les bureaux de l'Inspection d'Académie) les effectifs de l'établissement sont stabilisés autour de 400 élèves, une première évidence s'est imposée à tous : on allait nous supprimer une classe et, inévitablement, les effectifs des autres devaient s'alourdir, jusqu'à 30 élèves par classe, une pécadille ! Après tout, comme le laisse entendre l'I.A., les élèves de l'Ain ne sont pas si terribles que ça... Alors n'hésitons pas ! Parquons les jusqu'à 40 par classe !
De manière toute aussi évidente il apparaissait aussi que quelques uns d'entre nous auraient le plaisir de découvrir les charmes cachés d'une profession vouée à un bel avenir : prof itinérant. De collège en collège ils iraient porter leur savoir sur les routes bucoliques de l'Ain. A eux l'aventure ! Déjà Nicolas, le prof de maths, Magali, la prof d'allemand et Loïc, le prof de français, avaient cette chance. Qui seraient les prochains ? La vénérable Visa de Philippe, notre géographe, (25 ans d'âge... la voiture bien sûr) en frémissait de joie, toute heureuse à l'idée de caracoller dans la campagne. Mais d'autres aussi faisaient leurs comptes d'heures en se demandant si la suppression des groupes en sciences, en anglais ou en techno n'allaient pas les transformer eux aussi en V.R.P. de l'Education Nationale.
Deux mois plus tard la situation s'est éclaircie (façon de parler). Bien que le Conseil d'Administration ait rejeté la proposition de D.H.G., l'amputation est toujours prévue, sans anesthésie préalable, ni concertation (un gros mot dans l'Education Nationale). Une classe devrait disparaître. Le nombre d'heures affectées ne permet même pas de couvrir les besoins les plus élémentaires du collège. Quasiment tous les profs ont signé une pétition dans laquelle ils s'engagent à refuser toute heure supplémentaire au delà de l'heure sup' réglementaire à laquelle on ne peut déroger. En effet, un certain nombre d'heures d'enseignement avaient été converties en heures sup'., ce qui créait des situations aberrantes. Ainsi, en histoire-géographie, les trois profs du collège, qui devaient ensemble un service de 54 heures, couvraient parfaitement les besoins de l'établissement. La situation était trop simple. L'Inspection d'Académie décidait donc d'affecter l'un d'entre pour six heures hebdomadaires dans un autre collège à 30 km. tandis que les deux autres se partageraient en H.S. les six heures "libérées". Une belle arithmétique qui se répétait également en anglais et en français.
Aujourd'hui la coupe est pleine. Nous avons décidé de nous faire entendre. Le 18 mars, nous étions nombreux à faire grêve. Le matin, un petit groupe bloquait le parking du collège pour empêcher les cars de livrer leur précieuse cargaison. Un petit coup de semonce bon-enfant qui gêna la manoeuvre des autocars et énerva même passablement un de leurs cochers. L'après-midi, derrière notre belle banderole, dont le slogan avait déjà eu les honneurs de la presse, nous étions une dizaine à arpenter le pavé burgien entre Préfecture et Inspection Académique. D'ailleurs, la semaine précédente, le 13 mars, deux d'entre nous avaient déjà honoré ces lieux de leur présence puisque le vénérable fonctionnaire académique avait accepté de recevoir une délégation vonnassienne composée, outre ces deux profs, de deux parents d'élèves et d'un élu municipal... pour leur annoncer qu'il avait affecté à notre collège tous les moyens qu' "On" avait bien voulu lui accorder.
Prenant acte du statu-quo, nous avons donc décidé, lors d'une Assemblée générale qui s'est réunie mardi 25 mars, d'amplifier notre mouvement de contestation. Nous ferons connaître aux parents d'élèves nos revendications et les menaces qui pèsent sur le collège lors des réunions parents-profs qui auront lieu le 31 mars et le 1er avril. Puis nous irons porter la bonne parole sur la place publique, lors du marché hebdomadaire le jeudi 3 avril. Enfin, nous occuperons le collège dans la nuit du 7 au 8 avril. Pourquoi cette date ? Parce que ce jour-là le collège reçoit à la fois les élèves de CM2 qui viennent participer au "défi-maths" et les correspondants allemands qui arrivent de Wächtersbach, mais aussi parce qu'un Conseil d'Administration aura lieu dans la soirée. De l'animation en perspective...
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