Le sens du dialogue du ministre Chatel a des limites. Les profs du lycée de Vitry-sur-Seine qui refusent de reprendre leurs cours ce matin n'ont pas tardé à l'apprendre. Après avoir usé de leur doit de retrait pendant trois jours pour protester contre l'insécurité et réclamer la création de onze postes de surveillants, ils ont reçu hier un fin de non recevoir de la part du premier héraut de la Sarkozie. "Je partage l'émotion des enseignants, je partage même leur ras le bol, a déclaré Chatel sur France 5. Les professeurs ont été entendus par l'Etat, nous avons fait des gestes en matière de moyens [trois surveillants supplémentaires et six médiateurs], j'ai demandé au recteur de réunir la région et le département qui semblent avoir entendu les professeurs puisqu'ils vont engager les travaux nécessaires pour clôturer, sécuriser l'établissement". Mais, a-t-il poursuivi, "je crois qu'aujourd'hui, il faut surmonter son émotion et la place des professeurs est à mon sens davantage dans les classes auprès des élèves". Pour confirmer ces belles paroles, le ministère a fait savoir qu'à compter de vendredi les arrêts de travail des profs de Vitry seraient considérés comme des journées de grève, et à ce titre non-payés. Chatel a donc décidé de clôturer la discussion tout autant que le lycée. Ce matin sur R.T.L., il a assuré comprendre "l'émotion des enseignants, des élèves et de leurs parents" mais, campagne pour les régionales oblige, a continué à rejeter la responsabilté de ce qui s'est passé dans ce lycée sur "les collectivités locales qui ont la responsabilité de l'entretien des bâtiments", accusant la région Île-de-France de ne pas avoir fait installer la fameuse clôture magique. Selon lui, plus de surveillance ne résoudrait rien dans un lycée où, à le croire, 19 personnels de vie scolaire et d'encadrement (en comptant l'équipe de direction et les 4 CPE) suffisent pour encadrer 1500 élèves disséminés dans 22 bâtiments. "L'accompagnement humain est une priorité" a-t-il alors rappelé, tout en se délivrant au passage un autosatisfecit pour avoir augmenté de 30 % les effectifs de CPE, créé 5000 postes de médiation scolaire et 500 autres au sein des équipes mobiles de sécurité. Devant tant de mépris, nos collègues, scandalisés, semblent décidés à faire front. "On demande onze créations de postes. Onze créations de postes, ce n'est rien du tout. Le budget de l'Etat est énorme, le budget de l'Education nationale est énorme, déclarait ce matin sur les mêmes ondes un des professeurs d'histoire-géo de l'établissement. Leur argument, c'est : "on n'a pas les lignes budgétaires". Mais nous leur répondons que ce n'est pas un problème budgétaire, mais un problème humain, un problème de vie de tous les jours pour des milliers d'élèves et de professeurs ! Nous refuser le droit de retrait, c'est une manière d'essayer de nous faire flancher. S'ils espèrent nous faire peur en prenant nos journées de salaires, qu'ils les prennent. Ca n'entamera pas notre mobilisation. C'est un comble, d'être obligés de se mettre en grève et de perdre une partie de son salaire pour pouvoir travailler dans des conditions normales!"
o.g.
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