jeudi 14 octobre 2010

L'Education nationale veut pousser les stagiaires à la démission

Une nouvelle affaire de stagiaire maltraitée était révélée sur France-Inter ce matin. Aurélie, prof stagiaire dans l'académie de Versailles n'a pris connaissance de son affectation que le 25 août dans un établissement où elle n'était pas attendue, et a découvert le jour de la pré-rentrée les classes devant lesquelles elle devait enseigner. Abandonnée seule sur son poste, pour 18 heures hebdomadaires, sans formation et sans tuteur pour l'aider à faire ses premiers pas dans le métier, elle craque après une semaine de cours, poussée à la démission par une inspectrice d'Académie dont l'inhumanité n'a d'égale que la profonde bêtise. Le témoignage de cette jeune eneignante, enregistré le jour où elle allait remettre sa démission, est édifiant : "j'ai fait une semaine de cours et ça a été le bordel dès les premiers cours, et du coup j'ai craqué parce que c'était trop dur. Et au bout d'une semaine je me suis retrouvée en arrêt de travail. J'ai demandé un rendez-vous avec une inspectrice de l'académie de Versailles. Ce qu'elle m'a dit c'est que d'une part j'avais pris l'arrêt de travail trop tôt et, d'autre part, elle m'a dit qu'il fallait que je prenne une décision reponsable parce que je coûtais de l'argent à l'Etat et qu'il fallait que je démissionne rapidement."

Les inspecteurs ont-ils des consignes pour pousser les débutants en difficultés à démissionner ? Et camoufler ainsi les situations catastrophiques qui se multiplient un mois et demi à peine après la rentrée. Le bilan de la réforme de la formation est consternant, écoeurant, révoltant même. En entendant de tels témoignages, on ne peut qu'avoir honte de cette institution qui traite avant tant de mépris ses nouvelles recrues et contribue ainsi à les détruire psychologiquement, quelques semaines seulement après qu'ils aient réussi un concours de plus en plus difficile à décrocher, sans leur laisser la moindre chance de réussir dans le métier qu'ils avaient choisi. Mais le pire est que les plus hauts responsables de cette institution indigne, broyeuse de bonnes volontés, s'acharnent à nier la réalité et couvrent les agissements de bureaucrates imbéciles qui méconnaissent complètement les réalités d'un métier qu'ils seraient incapables d'exercer, comme l'a encore fait ce soir, dans l'émission Le téléphone sonne, Josette Théophile, directrice générale des ressources humaines au ministère de l'Education nationale.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Oui je me demande aussi si on ne cherche pas à nous faire craquer. Professeur stagiaire, ancienne contractuelle, je n'ai su mon affectation qu'après la pré-rentrée, ce qui m'a valu les foudres de ma nouvelle direction qui n'avait que faire de la désinformation dans laquelle je me suis trouvée face au rectorat. Du coup, emploi du temps sanction aussi. J'ai sans cesse été remise en question, sanctionnée notamment par écrit pour des motifs non légitimes. Les représentants syndicaux de mon établissement se sont révélés inefficaces car justement, c'est la terreur pour tout le monde dans cet endroit, pas seulement pour moi.
Résultat : un rapport de stagiarisation qui me fait passer pour une asociale, qui ne sait pas travailler en équipe, qui ne s'intéresse pas à ses élèves, et qui ne s'investit pas dans les projets d'établissement!! Mais comment aurais-je pu m'investir dans des projets d'établissement avec 18h de cours, les préparations, une formation "minute" de 7h par semaine au rectorat, à une centaine de kilomètres de chez moi, sans compter les travaux qu'on nous a demandé de rendre, ainsi que les travaux demandés par des tuteurs souvent plus soucieux de faire leur cv que d'assurer notre formation?
Je suis contente que la gauche soit passée au pouvoir, juste pour l'abrogation du décret qui allait confier encore plus de pouvoir à des chefs d'établissement qui sont formés depuis quelques années, pour fliquer les enseignants, asseoir leur autorité sur eux, ne pas payer les heures supplémentaires, et envoyer des courriers de menace aux enseignants qui ne respectent pas certaines consignes données, alors que ces mêmes consignes sortent du cadre de la loi. On a dit à un de mes collègue stagiaire, qu'il devait obéir aux ordres, et les discuter seulement ensuite.
Vivement des reportages, non sur les conditions des profs face à leurs élèves, mais sur les conditions des profs face à une hiérarchie de plus en plus imposante, et qui finit par nuire au bien être des enseignants, à la limite du harcèlement moral, voir dans le harcèlement moral. Les temps changent, et vite, il est temps de regarder de près la façon dont sont formés les nouveaux chefs d'établissement, et la façon dont il traite les enseignants comme si ceux-ci étaient des élèves. Sans climat de confiance, il ne peut pas y avoir d'investissement personnel des enseignants. Et justement, on commence à rendre obligatoire cet investissement personnel, puisqu'on reproche maintenant aux enseignants de se contenter de faire leur travail. En somme, s'il n'y a pas un article de journal pour parler d'un projet que vous auriez mis en place, on vous reprochera de ne pas vous investir dans le projet d'établissement.
C'est en tout cas un reproche que l'on m'a fait au niveau de la direction, alors que côté rectorat, on nous a dit en début de formation que cette année il ne fallait pas s'y investir, car on avait assez à faire avec notre formation!
Personnellement, il aura fallu que je passe le concours pour être dégoutée du système dans lequel je suis déjà depuis plusieurs années.