Invité du Grand Rendez-Vous d'Europe 1 ce matin, Luc Chatel s'est exprimé sur divers sujets comme la loi Ciotti, la question des rythmes scolaires, les suppressions de postes, la formation des jeunes enseignants et l'enseignement de l'anglais. Son talent à user de la langue de bois et sa tendance à vouloir noyer le poisson dans de longs développements a irrité à plusieurs reprises ses interlocuteurs. Nous en avons cependant retenu quelques informations :
- Loi Ciotti : Chatel assume la guerre déclenchée par le gouvernement contre l'absentéisme scolaire et le lien direct que la loi établit désormais entre assiduité scolaire et solidarité nationale. Il se dit "favorable" au principe de la "suspension" - et non "suppression" - des allocations familiales à partir de 4 demi-journées d'absence par mois. Malgré l'opposition du syndicat des chefs d'établissements, qui appelle à faire de la résistance, il est persuadé que les directeurs, principaux et proviseurs joueront le jeu et procéderont aux signalements auprès des inspections académiques afin d'engager un dialogue avec les familles, la suspension n'intervenant qu'un mois plus tard, si l'absentéisme des enfants persiste. Signalons que le texte publié aujourd'hui au J.O. attribue le pouvoir de suspendre les allocs aux inspecteurs d'académie, alors que depuis 2006 il revenait aux présidents des Conseils Généraux, qui n'en avaient jamais usé.
- Rythmes scolaires : rien de nouveau. Aucune décision n'a été arrêtée à propos de la durée des vacances d'été. Chatel annonce le début d'une phase de cinq de mois de discussions préalable à une décision qui devrait être prise en juin prochain, mais rappelle que les professionnels du tourisme ne seraient pas opposés au principe du zonage pour préserver leur saison.
- Suppressions de postes : peut-on faire mieux avec moins de profs et plus d'élèves ? La réponse de Chatel est "oui", car "la quantité n'est pas la réponse aux problèmes du système éducatif". Comme à son habitude, il a rappelé que le budget de l'Education nationale est de 60,5 milliards d'euros et qu'il a augmenté de 1,6 % cette année, alors que ceux de la plupart des autres ministères ont diminué, et qu'il représente aujourd'hui 21% du budget de la nation, "ce qui est plus que dans la moyenne des pays développés". Il a aussi rappelé qu'il y aura, à la rentrée 2011, 35 000 profs de plus qu'au début des années 90 et 540 000 élèves en moins. Sur la question des remplacements et du recours de plus en plus fréquent à Pôle emploi pour pallier les absences de profs, il a rappelé que le ministère oeuvrait efficacement sur le sujet en assouplissant le dispositif de recours aux TZR qui pouvaient dorénavant être employés dans les académies voisines de la leur, et en ayant réduit le délai de carence de 14 jours à 24 heures, cet effort dans la recherche d'une meilleure réactivité étant pleinement assumé par le ministre.
- Formation : après l'autocritique de Sarkozy lors de ses voeux au monde de la culture, le fidèle Chatel se réjouit "de la portée de la parole présidentielle", mais n'entend pas revenir sur sa réforme "audacieuse et importante". La masterisation reste une priorité du gouvernement. Il n'est pas question de revenir aux IUFM. Mais il annonce la mise en place de deux modules de stages de 108 heures chacun au cours des deux années de master 1 et de master 2, de masters en alternance, et la création de "petits modules de formation thématique", du style "gestion de classe", lesquels seront étendus à la rentrée.
- Enseignement des langues : bien plus que les langues étrangères, c'est l'enseignement de l'anglais qui fait figure de priorité : "il faut réinventer l'apprentissage de l'anglais" a-t-il déclaré, sentencieux. Ami(e)s anglicistes préparez-vous à entrer dans le troisième millénaire et à utiliser les nouvelles technologies pour revoir vos pratiques pédagogiques. Car il n'est pas question d'embaucher de nouveaux profs - une pratique surannée - mais de recourir, grâce au génie d'internet, à des "locuteurs natifs" qui interviendraient dans les classes via Skype. Ceci devra être complété par des accords de partenariat passés avec des établissements anglais ou américains, afin de faciliter les échanges, pour que tout élève puisse effectuer un séjour en terre anglophone au cours de sa scolarité. Aux frais de qui ? "Mystery"... D'ailleurs l'apprentissage de la langue de Shakespeare commencerait dès trois ans, sous la responsabilité des instituteurs de la maternelle qui devront ressortir leur Harrap's et leur meilleur accent pour connecter leurs élèves avec les indispensables "locuteurs" susmentionnés. A la maison, les parents pourront ensuite poursuivre ce travail grâce au CNED qui mettrait à leur disposition tous les outils pédagogiques nécessaires "pour permettre un apprentissage à distance" de cette langue. Faut-il prévoir une prime à la casse pour des profs d'anglais devenus désormais complètement "has been" ?
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