Enseignants stagiaires en rodage, gestion des effectifs et des classes, nouveaux programmes… La rentrée suscite des inquiétudes et se fera sur fond de grèves
Cartables, trousses et stylos reprennent du service aujourd'hui. Les écoliers du premier degré (maternelle et primaire), les collégiens et les lycéens - ils sont plus de 115 000 - retrouvent leurs établissements dans un contexte un peu particulier du fait des récentes réformes, directement ou indirectement liées à l'éducation. Tour d'horizon de la rentrée, son lot de nouveautés et les inquiétudes qui vont avec.
Des stagiaires lancés dans le grand bain. « On va finir par construire un cursus valable, j'en suis sûre. Mais d'ici là, on essuie les plâtres… » La remarque vient de Claudie Renoton-Lépine, présidente de la FCPE de l'Ain, à propos de la réforme de la formation des professeurs. 2010 est une année charnière : les masters (bac + 5) n'étant pas encore en place, les étudiants qui ont été reçus au concours n'ont pour l'instant bénéficié d'aucune préparation pédagogique. Et ils se retrouvent dans le grand bain, à plein-temps, face à une classe. Notamment ceux du second degré. « Les intéressés sont plutôt satisfaits. Ils n'ont pas peur », soutient Philippe Sauret, l'Inspecteur d'académie (IA) suite à deux réunions avec eux. « Ces allers-retours entre pratique et réflexion, avec un accompagnement, sont formateurs. Et au début, comme dans de nombreux métiers, il faut bien se jeter à l'eau ». En guise de maître-nageur, un tuteur. « À la rentrée, il n'y en aura pas assez », prédit Nicolas Jambon du syndicat Snes-FSU qui dénonce « une gestion irresponsable » et appelle à la grève lundi. Réponse de l'IA : « ça coince dans le secondaire. Mais les derniers tuteurs sont en train de se désigner. » Une pénurie de remplaçants ? Sylvie Jackowski (SE-Unsa) s'attend à « un recrutement énorme de contractuels » pour absorber le nombre d'heures de remplacement dans l'Ain. « En tant que prof de maths, je n'ai pas intérêt à tomber malade après la rentrée… » renchérit Nicolas Jambon. En l'absence de titulaires, l'Éducation nationale devrait faire appel à « des étudiants et des enseignants à la retraite » et combler « les 3 % de marge d'ajustement » grâce à un recrutement via le Pôle emploi. « Il n'y aura pas de diminution » assure Philippe Sauret qui ne trouve « pas scandaleux » de faire ainsi appel à d'autres personnels « dès lors qu'ils sont qualifiés ».
Cartables, trousses et stylos reprennent du service aujourd'hui. Les écoliers du premier degré (maternelle et primaire), les collégiens et les lycéens - ils sont plus de 115 000 - retrouvent leurs établissements dans un contexte un peu particulier du fait des récentes réformes, directement ou indirectement liées à l'éducation. Tour d'horizon de la rentrée, son lot de nouveautés et les inquiétudes qui vont avec.
Des stagiaires lancés dans le grand bain. « On va finir par construire un cursus valable, j'en suis sûre. Mais d'ici là, on essuie les plâtres… » La remarque vient de Claudie Renoton-Lépine, présidente de la FCPE de l'Ain, à propos de la réforme de la formation des professeurs. 2010 est une année charnière : les masters (bac + 5) n'étant pas encore en place, les étudiants qui ont été reçus au concours n'ont pour l'instant bénéficié d'aucune préparation pédagogique. Et ils se retrouvent dans le grand bain, à plein-temps, face à une classe. Notamment ceux du second degré. « Les intéressés sont plutôt satisfaits. Ils n'ont pas peur », soutient Philippe Sauret, l'Inspecteur d'académie (IA) suite à deux réunions avec eux. « Ces allers-retours entre pratique et réflexion, avec un accompagnement, sont formateurs. Et au début, comme dans de nombreux métiers, il faut bien se jeter à l'eau ». En guise de maître-nageur, un tuteur. « À la rentrée, il n'y en aura pas assez », prédit Nicolas Jambon du syndicat Snes-FSU qui dénonce « une gestion irresponsable » et appelle à la grève lundi. Réponse de l'IA : « ça coince dans le secondaire. Mais les derniers tuteurs sont en train de se désigner. » Une pénurie de remplaçants ? Sylvie Jackowski (SE-Unsa) s'attend à « un recrutement énorme de contractuels » pour absorber le nombre d'heures de remplacement dans l'Ain. « En tant que prof de maths, je n'ai pas intérêt à tomber malade après la rentrée… » renchérit Nicolas Jambon. En l'absence de titulaires, l'Éducation nationale devrait faire appel à « des étudiants et des enseignants à la retraite » et combler « les 3 % de marge d'ajustement » grâce à un recrutement via le Pôle emploi. « Il n'y aura pas de diminution » assure Philippe Sauret qui ne trouve « pas scandaleux » de faire ainsi appel à d'autres personnels « dès lors qu'ils sont qualifiés ».
Carte scolaire : « 7 ou 8 situations à suivre ». « On verra ». Syndicats et administration s'accordent à dire qu'il faut voir les décomptes de la rentrée avant de parler ouvertures et fermetures de classes. Philippe Sauret : « J'en ouvrirai là où c'est nécessaire. Déjà, l'Ain gagne 43 postes dans le 1er degré. C'est beaucoup. Il reste 7 ou 8 situations à suivre. De toute façon, je ne laisserai personne dans une position intenable. Mon critère numéro 1, ce sont les besoins des élèves. En assurant l'équité. »
Le second degré souffre. Maternelles et primaires seront relativement épargnées par la rigueur. En revanche, et comme annoncé, le second degré va souffrir. Huit postes s'évaporent, environ 600 élèves affluent. L'IA en convient et veut optimiser la prise en charge des élèves tout en utilisant les moyens disponibles en redéfinissant les priorités. « Par exemple, en mettant en place l'accompagnement éducatif en seconde ». Ce qui fait dire à Claudie Renoton-Lépine que la situation est « schizophrénique car on dit d'un côté que les rythmes scolaires sont trop durs et de l'autre, on allonge les journées ».
Le défi de l'orientation en seconde. Les nouveaux programmes dits « d'exploration » de seconde ont été conçus pour élargir l'éventail de matières et donc de voies pour le lycéen. S'ils ont mis la pagaille chez les éditeurs de manuels scolaires, ils permettent cependant une meilleure orientation et la possibilité d'en changer. Philippe Sauret s'y retrouve : « c'est le symbole de l'école qui aide. 65 % d'une classe d'âge qui obtient le bac, ce n'est pas assez. On doit faire mieux ».
Le second degré souffre. Maternelles et primaires seront relativement épargnées par la rigueur. En revanche, et comme annoncé, le second degré va souffrir. Huit postes s'évaporent, environ 600 élèves affluent. L'IA en convient et veut optimiser la prise en charge des élèves tout en utilisant les moyens disponibles en redéfinissant les priorités. « Par exemple, en mettant en place l'accompagnement éducatif en seconde ». Ce qui fait dire à Claudie Renoton-Lépine que la situation est « schizophrénique car on dit d'un côté que les rythmes scolaires sont trop durs et de l'autre, on allonge les journées ».
Le défi de l'orientation en seconde. Les nouveaux programmes dits « d'exploration » de seconde ont été conçus pour élargir l'éventail de matières et donc de voies pour le lycéen. S'ils ont mis la pagaille chez les éditeurs de manuels scolaires, ils permettent cependant une meilleure orientation et la possibilité d'en changer. Philippe Sauret s'y retrouve : « c'est le symbole de l'école qui aide. 65 % d'une classe d'âge qui obtient le bac, ce n'est pas assez. On doit faire mieux ».
Grève : les retraites s'invitent en classe les 6 et 7 septembre
Aujourd'hui, une lettre ouverte aux parents sera distribuée par le syndicat d'enseignants SNUipp-FSU afin de leur expliquer le pourquoi de la grève unitaire du 7 septembre ainsi que celle de la veille dans le secondaire, à l'appel du Snes-FSU. « Dans l'éducation, c'est du jamais vu, une grève n'a jamais eu lieu aussi tôt, assure Pascal Baudet, co-secrétaire départemental du SNUipp-FSU. La question des retraites est centrale et a un impact direct sur l'éducation. Avec le rituel du non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux, l'avenir s'annonce sanglant pour l'école ! ». Classique. Comme l'an dernier, 16 000 postes doivent disparaître en France. Et pour atteindre l'objectif fixé par le gouvernement, des leviers qui inquiètent Pascal Baudet : « d'abord, il y a la fin de la scolarisation avant 3 ans, mais l'Ain figure déjà parmi les départements ayant le taux le plus faible (10 %). Autre solution : l'utilisation de contractuels pour les remplacements ». Sylvie Jackowski, secrétaire du SE-Unsa 01 et Nicolas Jambon (Snes-FSU) font cause commune : « l'académie va faire face à une pénurie des titulaires-remplaçants dans de nombreuses matières (maths, techno, musique, philo, etc.) ». « Ce n'est pas simple de trouver des vacataires pour l'Ain quand on sait qu'ils sont souvent basés à Lyon et pas défrayés. Donc peu enclins à se déplacer pour 5 heures de cours, analyse Sylvie Jackowski. Pourtant, avec la réforme de la formation des maîtres, on risque de voir l'émergence de diplômés en Master (bac + 5) taillables et corvéables à merci, parce que recalés au concours ». Nouvelle impasse du côté de la suppression des intervenants en langues car il n'y en a déjà plus dans l'Ain…
Reste les Réseaux d'aide spécialisée aux enfants en difficulté (Rased) dont un tiers des effectifs a été supprimé il y a deux ans. À l'époque, une levée de boucliers avait fait reculer le ministre Darcos. « On est de nouveau très inquiets car sur 100 postes, 21 seront vacants à la rentrée, faute de candidats formés. Ce n'est pas dû au hasard, l'Inspection académique n'a pas cherché à favoriser ces formations » estime Pascal Baudet.
Dernière piste envisagée, et non des moindres, l'augmentation du nombre d'élèves par classe. Mais il s'agit d'une solution qui a le don de faire bondir les parents. Sylvie Jackowski voit, dans cet émoi, une explication au fait que le primaire est moins touché que le secondaire.
Aujourd'hui, une lettre ouverte aux parents sera distribuée par le syndicat d'enseignants SNUipp-FSU afin de leur expliquer le pourquoi de la grève unitaire du 7 septembre ainsi que celle de la veille dans le secondaire, à l'appel du Snes-FSU. « Dans l'éducation, c'est du jamais vu, une grève n'a jamais eu lieu aussi tôt, assure Pascal Baudet, co-secrétaire départemental du SNUipp-FSU. La question des retraites est centrale et a un impact direct sur l'éducation. Avec le rituel du non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux, l'avenir s'annonce sanglant pour l'école ! ». Classique. Comme l'an dernier, 16 000 postes doivent disparaître en France. Et pour atteindre l'objectif fixé par le gouvernement, des leviers qui inquiètent Pascal Baudet : « d'abord, il y a la fin de la scolarisation avant 3 ans, mais l'Ain figure déjà parmi les départements ayant le taux le plus faible (10 %). Autre solution : l'utilisation de contractuels pour les remplacements ». Sylvie Jackowski, secrétaire du SE-Unsa 01 et Nicolas Jambon (Snes-FSU) font cause commune : « l'académie va faire face à une pénurie des titulaires-remplaçants dans de nombreuses matières (maths, techno, musique, philo, etc.) ». « Ce n'est pas simple de trouver des vacataires pour l'Ain quand on sait qu'ils sont souvent basés à Lyon et pas défrayés. Donc peu enclins à se déplacer pour 5 heures de cours, analyse Sylvie Jackowski. Pourtant, avec la réforme de la formation des maîtres, on risque de voir l'émergence de diplômés en Master (bac + 5) taillables et corvéables à merci, parce que recalés au concours ». Nouvelle impasse du côté de la suppression des intervenants en langues car il n'y en a déjà plus dans l'Ain…
Reste les Réseaux d'aide spécialisée aux enfants en difficulté (Rased) dont un tiers des effectifs a été supprimé il y a deux ans. À l'époque, une levée de boucliers avait fait reculer le ministre Darcos. « On est de nouveau très inquiets car sur 100 postes, 21 seront vacants à la rentrée, faute de candidats formés. Ce n'est pas dû au hasard, l'Inspection académique n'a pas cherché à favoriser ces formations » estime Pascal Baudet.
Dernière piste envisagée, et non des moindres, l'augmentation du nombre d'élèves par classe. Mais il s'agit d'une solution qui a le don de faire bondir les parents. Sylvie Jackowski voit, dans cet émoi, une explication au fait que le primaire est moins touché que le secondaire.
(source : Antoine Delsart, Le Progrès, 2 septembre 2010)
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