«Notre école a moins besoin de grands soirs que de petits matins quotidiens» : pour sa seconde rentrée en tant que ministre de l’Education nationale, Luc Chatel était bien plus à l’aise que l’an dernier, passant d’un dossier à un autre sans trop regarder ses fiches ou chercher du regard ses collaborateurs. Il avait même préparé une petite phrase, censée illustrer le nouveau pragmatisme ambiant, après des années de glaciation idéologique sur l’école.
Sur le fond, le ministre n’a rien annoncé de nouveau. Et pour cause. Ces derniers jours, il n’a cessé de parler et d’occuper les médias, revenant sur des réformes déjà engagées et détaillant de nouvelles mesures. Aussi a-t-il consacré hier son long discours de rentrée - plus de quarante minutes, avec des descriptions pointilleuses des nouveaux dispositifs - à sa vision de l’école, une école idéale où l’égalité des chances n’est pas un vain mot, où l’on trouve des solutions adaptées pour chaque élève et où la violence n’a pas droit de cité.
Pacifier. Luc Chatel a aussi réussi le tour de force de ne pas évoquer une seule fois dans son exposé la question des suppressions de postes - 40 000 ces trois dernières années, auxquelles il faut ajouter les 16 000 prévues en 2011. En fait, le ministre, nommé après Xavier Darcos pour pacifier le monde éducatif, et qui n’aime guère l’affrontement direct, a évité la plupart des sujets qui fâchent. Ou alors il a préféré ne retenir que les bons côtés des réformes. Il a ainsi parlé longuement de celle du lycée, en sautant allègrement le problème des manuels de seconde, un des ratages de cette rentrée. La réforme n’ayant été arrêtée qu’en octobre 2009, les nouveaux programmes ont été élaborés très tard. Les éditeurs ne les ont reçus qu’en avril et n’ont pu imprimer de manuels en nombre suffisant pour la rentrée : au mieux, la moitié des élèves pourront les trouver en librairie dès septembre.
De même, évoquant la très contestée réforme de la formation des enseignants (la masterisation) qui se met en place cette année, le ministre en a fait une présentation enthousiasmante. Grâce à elle, a-t-il expliqué, les enseignants qui débutent vont gagner plus : 157 euros par mois pour les certifiés, 250 pour les agrégés. «Et je ne connais pas beaucoup de pays européens qui, en ce moment, revalorisent ainsi leurs enseignants», s’est-il félicité. En plus, toujours selon lui, ils vont avoir un niveau académique plus haut que jamais, ainsi qu’une formation professionnelle bien plus solide qu’avant - en première année de master, les étudiants devront faire un stage de cent huit heures, puis un autre en deuxième année. Mais Luc Chatel a oublié un détail de taille : cette année est transitoire dans la réforme, et des milliers de jeunes profs du secondaire se retrouvent parachutés dans des classes, souvent sans aucune préparation, ou, pour les plus chanceux, après de brefs stages d’observation.
Mais, pour Chatel, le but de l’exercice était surtout de rassurer les familles et les enseignants, alors que les signes inquiétants ne manquent pas. L’enjeu est important : l’Education est le premier budget de l’Etat et le plus important service public, a-t-il souligné plusieurs fois.
Douze millions d’élèves font leur rentrée à partir de demain, dans le public comme dans le privé, dont plus de 6,6 millions dans le premier degré et plus de 5,3 dans le second. Face à eux, ils trouveront près de 853 000 enseignants qui, eux, font leur prérentrée aujourd’hui dans les 65 000 établissements - dont 54 280 écoles, le reste étant des collèges et des lycées.
Chute libre. Interrogé sur les problèmes en suspens, Luc Chatel a écarté les critiques avec un sourire immuable. La scolarisation des enfants de moins de 3 ans est en chute libre ? Rien de plus normal, a-t-il répliqué, l’engagement de l’Etat est de scolariser les enfants dans l’année de leurs 3 ans, et les petits de 2 ans, uniquement dans l’éducation prioritaire. Et les réductions de postes d’enseignants, alors que cette année le nombre d’élèves augmente de 39 000 dans le secondaire ? «L’Education nationale doit participer à l’effort collectif, et ma méthode est de s’adapter aux besoins du terrain. On crée tout de même 2 600 postes dans le premier degré, et 144 dans l’éducation prioritaire dans le second degré.»
Enfin, le ministre s’est montré parfaitement serein face à l’agitation sociale. En plus de la grève appelée le 7 septembre par une intersyndicale pour protester contre la réforme des retraites, le Snes-FSU, principal syndicat du secondaire, a lancé un autre mot d’ordre pour le 6 septembre, le jour où les cours commencent vraiment. Les autres syndicats, qui faisaient leur rentrée ces jours-ci, ont aussi décrit une ambiance plutôt sombre. «Citez-moi une rentrée où les syndicats disent que tout va bien», a lancé le ministre tout sourire.
Sur le fond, le ministre n’a rien annoncé de nouveau. Et pour cause. Ces derniers jours, il n’a cessé de parler et d’occuper les médias, revenant sur des réformes déjà engagées et détaillant de nouvelles mesures. Aussi a-t-il consacré hier son long discours de rentrée - plus de quarante minutes, avec des descriptions pointilleuses des nouveaux dispositifs - à sa vision de l’école, une école idéale où l’égalité des chances n’est pas un vain mot, où l’on trouve des solutions adaptées pour chaque élève et où la violence n’a pas droit de cité.
Pacifier. Luc Chatel a aussi réussi le tour de force de ne pas évoquer une seule fois dans son exposé la question des suppressions de postes - 40 000 ces trois dernières années, auxquelles il faut ajouter les 16 000 prévues en 2011. En fait, le ministre, nommé après Xavier Darcos pour pacifier le monde éducatif, et qui n’aime guère l’affrontement direct, a évité la plupart des sujets qui fâchent. Ou alors il a préféré ne retenir que les bons côtés des réformes. Il a ainsi parlé longuement de celle du lycée, en sautant allègrement le problème des manuels de seconde, un des ratages de cette rentrée. La réforme n’ayant été arrêtée qu’en octobre 2009, les nouveaux programmes ont été élaborés très tard. Les éditeurs ne les ont reçus qu’en avril et n’ont pu imprimer de manuels en nombre suffisant pour la rentrée : au mieux, la moitié des élèves pourront les trouver en librairie dès septembre.
De même, évoquant la très contestée réforme de la formation des enseignants (la masterisation) qui se met en place cette année, le ministre en a fait une présentation enthousiasmante. Grâce à elle, a-t-il expliqué, les enseignants qui débutent vont gagner plus : 157 euros par mois pour les certifiés, 250 pour les agrégés. «Et je ne connais pas beaucoup de pays européens qui, en ce moment, revalorisent ainsi leurs enseignants», s’est-il félicité. En plus, toujours selon lui, ils vont avoir un niveau académique plus haut que jamais, ainsi qu’une formation professionnelle bien plus solide qu’avant - en première année de master, les étudiants devront faire un stage de cent huit heures, puis un autre en deuxième année. Mais Luc Chatel a oublié un détail de taille : cette année est transitoire dans la réforme, et des milliers de jeunes profs du secondaire se retrouvent parachutés dans des classes, souvent sans aucune préparation, ou, pour les plus chanceux, après de brefs stages d’observation.
Mais, pour Chatel, le but de l’exercice était surtout de rassurer les familles et les enseignants, alors que les signes inquiétants ne manquent pas. L’enjeu est important : l’Education est le premier budget de l’Etat et le plus important service public, a-t-il souligné plusieurs fois.
Douze millions d’élèves font leur rentrée à partir de demain, dans le public comme dans le privé, dont plus de 6,6 millions dans le premier degré et plus de 5,3 dans le second. Face à eux, ils trouveront près de 853 000 enseignants qui, eux, font leur prérentrée aujourd’hui dans les 65 000 établissements - dont 54 280 écoles, le reste étant des collèges et des lycées.
Chute libre. Interrogé sur les problèmes en suspens, Luc Chatel a écarté les critiques avec un sourire immuable. La scolarisation des enfants de moins de 3 ans est en chute libre ? Rien de plus normal, a-t-il répliqué, l’engagement de l’Etat est de scolariser les enfants dans l’année de leurs 3 ans, et les petits de 2 ans, uniquement dans l’éducation prioritaire. Et les réductions de postes d’enseignants, alors que cette année le nombre d’élèves augmente de 39 000 dans le secondaire ? «L’Education nationale doit participer à l’effort collectif, et ma méthode est de s’adapter aux besoins du terrain. On crée tout de même 2 600 postes dans le premier degré, et 144 dans l’éducation prioritaire dans le second degré.»
Enfin, le ministre s’est montré parfaitement serein face à l’agitation sociale. En plus de la grève appelée le 7 septembre par une intersyndicale pour protester contre la réforme des retraites, le Snes-FSU, principal syndicat du secondaire, a lancé un autre mot d’ordre pour le 6 septembre, le jour où les cours commencent vraiment. Les autres syndicats, qui faisaient leur rentrée ces jours-ci, ont aussi décrit une ambiance plutôt sombre. «Citez-moi une rentrée où les syndicats disent que tout va bien», a lancé le ministre tout sourire.
(source : Véronique Soulé, Libération, 1er septembre 2010)
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