La proposition qui fait le plus de bruit dans les salles des profs est sans conteste la nouvelle version du "travailler plus pour gagner plus" spécialement concoctée pour les bandes de fainéants qui se prélassent dans les collèges et dans les lycées, entre la machine à copier et les ordinateurs poussifs. «Comment faire quand il n’y a pas d’argent pour embaucher? Comment faire quand, pour réduire nos déficits, il faut diminuer les effectifs en continuant d’appliquer la règle du 1 sur 2 aux collèges et aux lycées. Il n’y a qu’une seule solution, faire travailler les enseignants plus longtemps en les payant davantage. Je propose que désormais tout enseignant qui voudra travailler plus puisse le faire avec 26 heures de présence dans l’établissement au lieu de 18 heures de cours, avec en contrepartie une augmentation de son traitement de 25 %, soit près de 500 euros net par mois». Près de 50% de temps de travail en plus pour 25 % d'augmentation, même le gouvernement grec n'y avait pas pensé ! En outre, les 26 heures de présence hebdomadaire, beaucoup les font déjà (et souvent plus), quelquefois même en deux jours de temps pendant les périodes de conseils de classes, de surcroît sans rémunération complémentaire. Alors, à part quelques irréfléchis, âpres au gain ou naïfs, il n'y aura pas foule pour profiter de cette formidable opportunité offerte par le candidat du peuple, s'il était réélu président des riches.
«Avec le collège unique, la sélection par l'échec et l'orientation par défaut sont devenus la règle. L'idée du collège unique était louable (...) Mais en choisissant le même modèle, le même parcours pour tout le monde, en optant pour l'uniformité, en voulant mettre tout le monde dans le même moule, le collège unique a fait exploser les inégalités au lieu de les réduire (...). Il faut repenser complètement le collège [et] réfléchir à ce qu'en sixième et cinquième, on puisse réduire le nombre d'enseignants en regroupant l'enseignement des disciplines littéraires d'une part et d'autre part, celui des sciences, en formant des professeurs polyvalents». De professeurs polyvalents ? mais bon sang, c'est bien sûr... Sarko réinvente les PEGC ! Encore une belle opportunité pour supprimer des postes que de confier l'enseignement de deux disciplines à un même quidam, 26 heures par semaine.
Car les suppression de postes restent le principe directeur de sa politique. Pas question de revenir sur la règle du non remplacement d'un départ à la retraite sur deux dans le secondaire. Dans le primaire, le principe est suspendu pour deux raisons : la colère qui monte actuellement dans les campagnes où les banderoles fleurissent aux portes des écoles pour dénoncer les fermetures de classes prévues la prochaine rentrée ; et le fait que les écoles ayant été rongées jusqu'à l'os, il n'y a désormais plus rien à gratter, sauf à entasser les mômes à 50 par classe, la maîtresse au milieu. Mais ça lui fait tellement mal au Sarko, qu'il n'a pas pu l'annoncer et a zappé ce passage de son discours, pourtant préalablement distribué à la presse. Aussi ses conseillers ont-ils rattrapé les journalistes pour bien leur dire d'annoncer qu'il n'y aurait plus de suppressions de postes dans le primaire... momentanément. Mais rasurez-vous, en cas de réélection - un malheur est vite arrivé - les têtes recommenceront à tomber.
Sinon, le Sarko nouveau ressuce des propositions déjà formulée et entend poursuivre des évolutions déjà amorcer : autonomie des établissements, prérogatives accrues des chefs d'entrep..., oups, des chefs d'établissements. Il faut donner "à chaque établissement la possibilité de constituer de véritables équipes pédagogiques en lui donnant la liberté de recruter directement les professeurs avec une plus grande souplesse dans les régimes indemnitaires, pour rendre plus attractifs les établissements confrontés à des difficultés plus importantes (...). L'autonomie, c'est la confiance faite aux enseignants". Même pas drôle...
Dommage enfin que Sarko ait pris position contre la suppression du redoublement, à laquelle son ministre Chatel est pourtant favorable depuis longtemps, au motif que celà coûte trop cher. Alors en mai, donnons pour une fois raison à ce pauvre Chatel. Refusons au petit Nicolas le droit de redoubler. Son butin scolaire ne plaide décidément pas en sa faveur.
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