samedi 19 juin 2010

Place aux jeunes

« Envoyer les profs devant une classe sans formation, ça va être un carnage." Il y a trois semaines nous rapportions ces propos d'un dirigeant de la socité Forprof qui, pour 600 €, propose aux lauréats des concours de l'enseignement un forfait de 30 heures de formation pour les préparer, une semaine avant la rentrée, à affronter leurs toutes premières journées de classe. Conséquence de la disparition de la formation en alternance des jeunes enseignants, les offres de formation payante se multiplient, répondant à la légitime inquiétude de ceux qui, en septembre, seront parachutés à temps plein devant des classes sans y avoir été préparés et sans aucun soutien. "Moi aussi, je préférerais que le public joue son rôle et forme correctement les futurs enseignants !", déclare dans Marianne2 la directrice de Prépa-Public, une nouvelle venue sur le marché, qui propose 25 heures de formation pour 275 €. "Mais ce n’est pas le cas. Alors qu’est-ce qu’on fait ? On ferme les yeux et on laisse nos enfants face à des profs mal formés, sacrifiant ainsi plusieurs générations d’entre eux, en attendant que l’Etat se réveille ? (...) refus de l’autorité, violence physique et verbale, relations avec les collègues et les parents d’élèves, tous les problèmes qui se posent à un jeune professeur seront abordés à travers des cas concrets et avec l’intervention d’une psychologue, d’enseignants en exercice et professeurs de l’IUFM. Les jeunes enseignants savent ce que le concours réformé leur fait perdre. Du coup, on a beaucoup de retours positifs pour le stage d’août prochain ». Le placement sur des postes à temps plein de ceux qu'on ne saurait plus appeler stagiaires aura aussi des répercussions sur les conditions de travail des collègues titulaires. Non seulement ils auront à gérer les difficultés et parfois la détresse de leurs jeunes collègues, mais certains ont déjà appris qu'à la rentrée ils devront aller faire un complément de service dans un autre établissement dans la mesure où le Rectorat a décidé d'attribuer une partie de leurs heures de cours à l'un de ces "stagiaires". C'est ainsi que dans un lycée de Bourg-en-Bresse qui, en anglais et en italien, ne pouvait offrir qu'un demi service à deux stagiaires, il a été décidé d'exiler à mi-temps deux professeurs déjà en poste dans l'établissement, afin de disposer de 18 heures de cours pour chacun des deux "stagiaires". Des procédés inadmissibles qu'il convient de dénoncer !

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