La réforme des lycées qui doit entrer en application dans un peu plus de mois suscite quelques inquiétudes et de plus en plus de grogne. Le Parisien / Aujourd'hui en France se fait l'écho, dans son édition d'aujourd'hui, des "choix déroutants de la rentrée". Bâclés en quelques mois sans avoir consulté les profs concernés, les nouveaux programmes sont à peine révélés que la colère monte dans plusieurs disciplines. Les profs de SES s'élèvent contre un programme de seconde qui prévoit de faire ingurgiter à tous les élèves 170 notions en... 170 heures - contre 100 dans le programme actuel - au rythme de 1 h. 30 par semaine au lieu de deux. En géographie et en S.V.T., c'est le Grenelle de l'environnement qui tient la vedette en s'invitant dans presque toutes les questions à traiter... de l'endoctrinement en perspective à grands renforts de poncifs et sans aucun droit à l'esprit critique. En langues, les groupes de compétences font déjà figure d'usine à gaz aux yeux des profs qui se rendent compte qu'ils sont impossibles à mettre en place : "c'est du délire. Il faudrait se consulter sans arrêt, y passer des soirées entières pour préparer des évaluations communes et pouvoir faire changer les élèves de groupes quatre fois dans l'année. Et tout cela sans nous payer aucune heure de concertation" déclare une prof d'anglais très remontée contre un système dont la mise en place à titre expérimental a déjà échoué dans plusieurs lycées. En lettres, c'est l'arrivée du général De Gaulle parmi les grands auteurs de la littérature du XXe siècle, au programme de la terminale L, qui suscite l'émoi et la mise en ligne d'une pétition. En histoire, au delà d'un programme de seconde très européocentré, on semble enfin se rendre compte que la fusion des programmes de première et de terminale en une année, du fait de la disparition annoncée de la discipline en terminale, va poser de sérieux problèmes et risque d'aboutir à un survol de l'histoire du XXe siècle, du style trois heures pour chacune des deux guerres mondiales, deux pour la guerre froide, une pour l'Allemagne nazie et le Front Populaire, etc... Attention aux mélanges et bonjour l'indigestion... Beaucoup de belles perles en perspectives pour ceux qui feront passer alors l'épreuve anticipée. N'oublions pas non plus l'annonce faite par les éditeurs que les nouveaux manuels ne seront pas prêts pour la rentrée et peut être pas non plus pour la Toussaint. Mais rien en presse dans la mesure où, du côté des Conseils régionaux, on n'est pas sûr d'avoir les crédits nécessaires pour financer le renouvellement intégral des collections de seconde, première et terminale au cours des trois ans à venir. Une belle cacophonie se prépare donc mais, comme d'habitude, trop préoccupé par ses nouvelles responsabilités de commentateur sportif, le ministre Chatel ne semble pas s'en rendre compte. "Cette réforme était attendue, déclare-t-il, elle a été mûrement réfléchie puis approuvée à la majorité au Conseil supérieur de l'Education. Elle fait l'objet d'un large consensus. Mon devoir était donc de la mettre en oeuvre dans les meilleurs délais". Est-ce le bruit assourdissant des vuvuzelas qui l'empêche d'entendre monter la grogne ?
mardi 15 juin 2010
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