




Revue de presse et chronique sur le monde de l'Education dans le département de l'Ain... et au delà.
Le Sarko nouveau est arrivé. Et il faut reconnaître que l'animal ne manque pas d'allure. Ses mensurations sont impressionnantes. Plus de 10 mètres de long, un crâne de 400 kg, une mâchoire terrifiante qu'ornent 140 dents coupantes comme des rasoirs, 186 os et... une queue de 4,50 m. Telle se présente la nouvelle attraction du Muséum d'histoire naturelle, le squelette d'un crocodile géant tout droit venu de la préhistoire : le sarcosuchus imperator. Et oui, n'est pas imperator qui veut...
"Dans les semaines et les mois qui viennent, vous verrez reculer le chômage". Voila au moins une promesse de Sarkozy qui prend corps... dans le nouveau programme d'économie concocté pour la classe de seconde. En effet, alors que jusqu'à cette année un chapitre entier du programme de S.E.S. - matière optionnelle - était consacré à « l'emploi, question de société », maintenant que la discipline rejoint le groupe des enseignements obligatoires, il ne sera plus question de confronter les élèves du nouveau lycée voulu par Notre Empereur télégénique aux sinistres notions de chômage, de précarité, de discrimination, de C.D.D., etc. Pas assez glamour. D'où un nouveau programme orienté prioritairement vers la connaissance du marché et de l'entreprise. Aujourd'hui, dans une interview au Figaro Chatel rappelle sans rire que "l'apprentissage de l'économie permet de décrypter le monde d'aujourd'hui, c'est bien ce qui manquait jusqu'à présent au lycée". Un monde qui pourtant, rien que dans notre pays, compte plus de 2,6 millions de chômeurs (quasiment 10 % de la population active) et 10 millions de précaires. C'est aussi avec le même souci de bien "décrypter" le monde de la Sarkozye et de "donner les fondamentaux" aux élèves qu'on attend avec impatience l'introduction de l'identité nationale - "débat profondément utile" - comme axe central des programmes d'histoire et d'éducation civique.
Avec les D.H.G. qu'on nous annonce, les contractuels de l'Education nationale ne doivent pas se faire d'illusion. La belle promesse faite hier soir par l'inconstant Sarkozy, dans l'ivresse de la belle soirée que ses amis de Tf1 lui avait concoctée, ne sera pas tenue. Quelle outrecuidance et quelle inconséquence en effet que d'annoncer d'un ton mielleux à ces personnels précaires, toujours plus nombreux, qu'ils seront titularisés progressivement, au moment même où les postes sont supprimés par dizaines de milliers.
Les chiffres sont tombés, violents ! Cette année encore le choc est brutal. Sans anesthésie, la dotation horaire du collège de Vonnas pour l'année 2010-2011 est amputée de 27,5 heures. On nous annonce 465,5 heures contre 493 actuellement pour des effectifs qui n'enregistrent aucune baisse significative (une petite dizaine d'élèves en moins selon les projections les plus pessimistes). L'hémorragie continue. Rappelons qu'au cours de ces cinq dernières années nous avons déjà perdu près une centaine d'heures. Quand cela s'arrêtera-t-il ? Chaque année qui passe, les conditions de travail des élèves et des profs s'aggravent. On parle déjà pour septembre prochain de la disparition d'une classe de quatrième et des effectifs de 30 élèves par classe dans ce niveau (89 élèves annoncés pour trois classes) et de nouveaux collègues jetés sur les routes de l'Ain pour aller effectuer ailleurs des compléments de service. Cette fois c'est la grande diaspora. Pratiquement aucune matière n'y échappe. Avec toutes les conséquences que cela induit sur le fonctionnement des équipes pédagogiques, le suivi et l'accompagnement des élèves. Mais qui s'en soucie ? Affiche réalisée en avril 2008 lorsque nous avions occupé le collège pour protester (déjà) contre la diminution de notre D.H.G.
o.g.
Manque d'effectifs et de temps pour étudier, incertitude de l'avenir… En bute à un statut chahuté, les assistants d'éducation redoutent la précarisation d'une profession qui n'en a jamais été une.
"Lundi 18 janvier 2010 : l’inspection d’académie de Limoges sanctionne un maître d’école de la Haute Vienne. Son tort : avoir refusé d’organiser des tests d’évaluation imposés par le ministère pour les élèves de CM2. Le maître a été suspendu, en attendant une éventuelle mesure disciplinaire. Comme cet instituteur limousin, ils sont 3000 enseignants ou directeurs d’école à refuser, ouvertement, d’appliquer certains dispositifs prévus par la réforme du primaire voulue par Xavier Darcos. Ils dénoncent le caractère « rétrograde » des nouveaux programmes. Selon eux, la volonté est désormais non plus d’ouvrir l’esprit des enfants, mais de les préparer à la compétition. Ils se présentent comme des « résistants pédagogiques « ou des « objecteurs de conscience pédagogiques ». Ils refusent par exemple de remplir le fichier informatique des élèves mis en place par le ministère. Ils refusent aussi d’appliquer le soutien scolaire tel qu’il est prévu par la réforme. Face aux sanctions, telles que des retenues de salaires ou des rétrogradations pour les directeurs, les « désobéisseurs » se sont organisés autour d’une charte. 3 000 enseignants l’ont signée. Face à eux, le nouveau ministre Luc Chatel se veut aussi intransigeant que son prédécesseur. Pour lui, le statut de fonctionnaires d’Etat impose des obligations aux enseignants, dont celle d’obéir aux directives. Entre les deux camps, le bras de fer ne fait que commencer. Les « désobéisseurs » : des instit’ au ban de l’école : c’est un reportage d’Emmanuelle Daviet et Jean-Pierre Pernel."
Pour écouter l'émission :
On les attendait plus nombreux dans l'éducation que dans les autres secteurs de la fonction publique. Mais selon les sources officielles, moins de 13 % d'enseignants, - 40 % pour les organisations syndicales - ont répondu, hier, aux appels à la grève lancés par les principaux syndicats enseignants dans l'Ain. Un mouvement par ailleurs peu suivi. Avec 33 % de grévistes, c'est aux impôts que la mobilisation s'est en effet révélée la plus forte, suivie de l'I.U.F.M (23 %), la D.D.T.E (un peu plus de 15 %), des douanes (13 %), du Trésor Public (8 %), des agents communaux (4 %), de la préfecture (0,5 %) et du conseil général (0,6 %). Chez les agents hospitaliers, seule Hauteville a signalé 7 % de personnels en grève.
Côté rue, ce sont les enseignants qui ont assuré l'essentiel de la partition, au côté des lycéens qui avaient entrepris dans la matinée la traditionnelle tournée des établissements burgiens. Partie du champ de foire à Bourg, la manifestation a rassemblé quelque sept cents personnes - dont près de 250 lycéens - pour s'achever devant les grilles de la préfecture. Où le matin, une vingtaine de retraités de la fonction publique s'était déjà rassemblée pour réclamer une revalorisation de leur retraite.
Une initiative inscrite en marge du rassemblement, comme celle qui a réuni à la maison de l'enseignement, au moment du déjeuner, les responsables de l'Unsa de l'Ain, pour une réunion qui se voulait publique, mais a surtout permis aux représentants de l'enseignement de dresser (après leurs collègues du Snes) un sombre tableau de l'avenir de l'éducation nationale ; soumise, comme les autres services publics, à la révision générale des politiques publiques (RGPP). « C'est un rouleau compresseur qui est en route et qui avance en écrasant ou en laissant de côté les fonctionnaires », a résumé Ascensio Garcia. Et qui aboutit, dans l'Ain, au regroupement de 32 directions de services en huit. « Un choix que nous ne contestons pas, sauf que les services à la population ne cessent de croître et qu'on réduit le nombre de fonctionnaires de plus en plus pour des motifs comptables ». Un propos relayé hier, dans la manifestation, par les agents de l'Office national des forêts (ONF). Les hommes en vert, plus habitués à arpenter les forêts du département que le bitume des villes, étaient venus dire « plus on parle de développement durable et moins on est nombreux à entretenir et veiller sur nos forêts ». Ce sont ces mêmes motifs comptables, selon l'Unsa, « qui pousse le gouvernement à supprimer 14 postes de titulaires dans l'Ain, alors que le département enregistre 250 élèves de plus, et à ne pas tenir compte de la vingtaine de stagiaires (en équivalent temps plein) qui ne seront pas reconduits… » Mais le plus grave, pour le syndicat, « est qu'on est en train de supprimer la formation des enseignants ». Un point sur lequel se sont retrouvées, hier, toutes les organisations engagées dans la manifestation.
Non, ce n'est pas un gag ! Il y a bien quelque part dans le ministère de l'Education Nationale des cerveaux malades qui agissent pour le plus grand bien des élèves. Le Snes de Montpellier a en effet calculé que dans cette seule académie, "à raison de 4 ou 5 classes de 30 élèves [par prof débutant] au moins 30 000 élèves changeront plusieurs fois de professeurs avec pour l'essentiel un stagiaire et... un étudiant". A quand une épreuve de chaises musicales aux concours ? Plus que jamais il est urgent de faire cesser le massacre.
Et « jeter » dans la rue plusieurs centaines d'enseignants, mais aussi de lycéens. Qui auront en commun, aujourd'hui, de dire non à la réforme des lycées qui « précipite les établissements vers une politique du chiffre et établit entre eux une concurrence », a estimé, hier, Nicolas Jambon pour le syndicat enseignant, tandis que les profs alignaient leurs craintes et leur incompréhension.
o.g.
M. Philippe Sauret, Inspecteur d'Académie de l'Ain, ne manquerait pas d'humour à en croire la carte dans laquelle il présente ses voeux aux personnels de l'académie pour cette nouvelle année. Il a en effet choisi d'illustrer ceux ci d'une maxime tirée d'un proverbe persan : "Rien n'est jamais fermé sinon tes propres yeux". Mais à qui peut-il donc s'adresser ainsi ? A un prof qui ne voit pas l'intérêt des belles réformes engagées par son ministre de tutelle ou alors à ce dernier ? Car, comme dirait le sage persan, si en plus de fermer les yeux tu te bouches les oreilles, alors réjouis-toi : tu peux devenir ministre de l'Education nationale.

Un sondage aux questions très orientées et soigneusement calibrées, commandé par le ministère de l'Education Nationale, nous apprend qu'un peu plus de trois parents sur quatre (77 %) approuveraient la réforme du lycée présentée par Chatel. Mieux, les stages de remise à niveau offerts en alternative au redoublement à des élèves un peu justes dans une ou deux disciplines reçoivent l'adhésion de 94 % du millier de personnes interrogées tandis que l'accompagnement personnalisé de deux heures instauré pour tous les élèves de la seconde à la terminale est plebiscité par 91 % d'entre eux. Ils sont également 85 % à accueillir favorablement la possibilité d'être réorienté en cours d'année en première. Histoire de rendre le sondage plus crédible, l'institut CSA a quand même pris soin d'incorporer à son enquête une question qui fâche, sur l'enseignement de l'histoire-géo. Les deux-tiers du panel estiment que la disparition de cette discipline des enseignements obligatoires en terminale n'est pas une bonne chose, même si 7 sur 10 approuveraient l'idée de faire passer l'histoire-géo dans le cadre des épreuves anticipées, en fin de première. Continue Luc, le peuple est avec toi !
être interrogés sur le thème : «Agir en fonctionnaire de l’Etat et de façon éthique et responsable.» Ils auront dix minutes pour un exposé sur un document, puis dix minutes pour un entretien avec le jury. Le syndicat des chercheurs scientifiques de la F.S.U. - le S.N.C.S. - a tiré hier la sonnette d’alarme, dénonçant une «disposition détestable».«On peut se demander si la prochaine étape ne va pas être le serment des fonctionnaires [en vigueur sous Vichy, ndlr], estime Philippe Butten, en s’inscrivant aux concours, les candidats s’engagent déjà à servir l’Etat.» L’arrêté sur les nouveaux concours a été publié le 6 janvier. «Agir en fonctionnaire de l’Etat» est défini de façon très large dans le cahier des charges des profs - connaître les institutions, le fonctionnement de l’école, faire partager les valeurs de la République, etc. «Nous avions déjà une épreuve assez similaire dans le primaire portant surtout sur le système éducatif, explique Gilles Moindrot du Snuipp, le principal syndicat, il faut veiller à ce qu’elle ne soit pas détournée pour vérifier la docilité des étudiants.
Parce qu'ils craignent la suppression progessive des baccalauréats technologiques, des profs du lycée de la Plaine de l'Ain à Ambérieu, ont décidé de se mettre en vente sur e-Bay : « Les heures d'enseignement des options technologiques en classe de seconde vont être réduites de moitié à la rentrée argumentent-ils, alors que nous travaillons beaucoup sur des projets, qui demandent du temps. Et du fait d'un plus grand choix d'options, les élèves iront moins vers celles du technique et par conséquent vers les premières et terminales technologiques ».
(photo : leprogres.fr)

o.g.
Comme vendredi, les transports scolaires seront suspendus dans tout le département de l'Ain demain lundi en raison des conditions météorologiques et des risques importants de verglas sur le réseau secondaire. Comme vendredi matin, de nombreux parents prendront donc leur voiture pour conduire coûte que coûte leur progéniture dans des établissements qui resteront ouverts et devront, selon un message de l'Inspecteur d'Académie, "prendre toutes les dispositions pour être en mesure d'accueillir les élèves qui se présenteront". N'aurait-il pas été plus prudent et plus intelligent, au nom du sacro-saint "principe de précaution" brandi habituellement à tout bout de champ, de décider aussi la fermeture des établissements scolaires ruraux ou de décaler leur ouverture à plus tard dans la journée si les conditions de circulation le permettent ? Certes les cars ne circuleront pas, mais ils seront remplacés dès potron-minet par des dizaines de voitures chargées de gamins qui convergeront vers les collèges. Souhaitons leur de parvenir à destination sans encombre avec un minimum de tôle froisée...
Comme l'année dernière, ils appellent à nouveau au boycott des évaluations nationales qui débutent le 18 janvier pour les CM2 et sont prévues en mai pour les CE1. Leurs arguments n'ont pas changé : les évaluations sont mal faites. Elles viennent trop tôt pour les CM2, sont susceptibles, comme l'an dernier, de porter sur des parties du programme qui n'ont pas encore été abordées, et leur système de notation sommaire - bon ou faux - ne permet pas d'évaluer en finesse le niveau des élèves ni leurs compétences."Evaluations : toujours sans nous !". Tel est le slogan des quelques 200 instituteurs qui invitent leurs collègues à les rejoindre et à s'opposer à ces évaluations "selon les modalités de leur choix : boycott, simple passation des compétences déjà travaillées, notation plus intelligente, autre usage des documents".... Ils leur demandent en outre "de ne transmettre aucun résultat ou, s'ils le font, sous des formes non exploitables".
En attendant, les proches et les amis de cette nouvelle victime de la violence en milieu scolaire n'ont que leurs yeux pour pleurer et on peut douter que la proposition que Chatel a faite hier soir aux proviseurs et aux principaux de "faire respecter une minute de silence à la mémoire d'Hakim dans la journée du mardi 12 janvier" et "d'organiser des temps de parole pour réfléchir collectivement sur la fraternité, le respect de l'autre et la dignité de la personne humaine" ne serve à grand chose.
Notre génial ministre invente donc... le secret médical, un secret qui risque toutefois d'être éventé quand il s'agira pour la Sécu de procéder au remboursement du prix de la consultation... aux parents.
Première fédération syndicale de l'éducation, la F.S.U. a appelé aujourd'hui dans un communiqué à une manifestation nationale le samedi 30 janvier à Paris, notamment pour protester contre les suppressions de postes de professeurs et la réforme de la formation des enseignants. Elle entend ainsi "porter des propositions pour un système éducatif plus juste et plus égalitaire" et pour des créations de postes correspondant "aux besoins des services publics". Il s'agit aussi de protester "contre le non remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant en retraite", "l'actuelle réforme de la formation des maîtres" et les "projets actuels de réforme des lycées et de la gouvernance des établissements du second degré" (autonomie accrue des collèges et lycées).
Non aux suppressions de postes !