vendredi 11 février 2011

Un demi millier de profs dans les rues de Bourg-en-Bresse

Près de 500 enseignants des premier et second degré ont manifesté hier après-midi à Bourg pour dénoncer notamment les suppressions de postes. Les syndicats estimaient à 50 % le nombre de grévistes dans l’Ain
« Non à la mort du lycée pro », « Des places assises pour tous les élèves », « Pour diminuer les profs, supprimez les élèves ». Les banderoles et panneaux brandis dans le cortège des manifestants, hier, à Bourg résumaient bien l’état d’esprit un peu morose des profs de l’Ain.
Ils étaient donc 500 réunis au Champ de foire à 14 h 30 pour protester contre les suppressions de postes et « la casse du service public d’éducation ». Un mouvement plutôt suivi puisque seuls deux syndicats -la FSU et la CGT éducation- avaient appelé à la grève, alors que, lors de la dernière manifestation le 22 janvier, l’ensemble des syndicats avait mobilisé 250 personnes à Bourg.

« Cette mobilisation est la preuve que les deux organisations qui ont pris leurs responsabilités ont bien fait de bouger maintenant. Il y a eu une réaction épidermique et les collègues avaient envie de manifester », lançait Nicolas Jambon secrétaire départemental du Snes-FSU.
Dans les établissements scolaires, difficile de se rendre compte de l’ampleur du mouvement. Les syndicats, plutôt satisfaits, annonçaient 30 % de grévistes dans les lycées professionnels, 50 % dans les collèges et lycées généraux et à peu près la même proportion dans les écoles. Du côté de l’inspection académique de l’Ain, pas d’éléments sur le département. On s’est contenté de communiquer les chiffres de l’ensemble de l’académie de Lyon (Rhône, Ain et Loire) avec 16,62 % de grévistes dans le premier degré et 13,91 % dans le secondaire.
Mais hier, c’est un cortège plutôt calme qui s’est déplacé jusqu’à l’inspection académique à Bourg. Pas de slogans criés ou de tambours déchaînés, si ce n’est du côté de la dizaine de militants de l’association Attac. Les enseignants discutaient entre eux, suivant la camionnette aux couleurs des syndicats. Dans les rangs, de l’école au lycée professionnel, le problème évoqué est le même : moins de professeurs pour plus d’élèves à la rentrée. Avec toutes les conséquences induites selon les grévistes : des classes surchargées, la disparition des cours en demi-groupe, l’arrêt net de certaines filières dans les lycées professionnels…
Pour le collège et le lycée, les professeurs s’inquiètent aussi à propos du remplacement des enseignants stagiaires qui partent en formation lundi et quittent donc leurs classes. « C’est le bazar le plus complet, expliquait Nicolas Jambon. Certains ne seront pas remplacés, d’autres devront trouver eux-mêmes leur remplaçant ou seront remplacés par des étudiants en Master. » Du côté des instits, en plus des suppressions de postes, c’est la réforme de la formation et « le grignotage » des Rased, ces réseaux destinés à aider les enfants en difficulté, qui faisaient parler. Enfin, beaucoup d’enseignants défendaient les lycées professionnels qui perdront environ 225 places à la rentrée. « 16 sections supprimées dans l’Ain, lance un enseignant. On supprime dans la productique alors que les entreprises du secteur ont besoin d’ouvriers qualifiés dans l’usinage. Et on s’attaque aussi à des sections qui marchent très fort comme l’électricité où il y a déjà une place pour quatre demandes. Les parents doivent se demander comment les élèves vont être affectés. »
Après la manifestation, cinq représentants des syndicats ont été reçus par Philippe Sauret, l’inspecteur d’académie. Une rencontre qui a duré deux heures trente. À la sortie, un représentant du Snes-FSU confiait que l’entretien avait été « assez intéressant ». « L’inspecteur ne conteste pas l’ampleur de la mobilisation, avec des pics notamment dans les collèges. il a aussi reconnu certains problèmes. » Malgré ce dialogue, les syndicats appelleront à nouveau à manifester le 19 mars lors de la journée nationale. Mais, avant cela, un rassemblement pourrait avoir lieu dans les prochains jours devant le rectorat de Lyon.

(source : S. Albanesi, Le Progrès, 11 février 2011)

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