lundi 7 avril 2008

Nicolas le prêcheur / Merci à tous !

Nicolas s'adresse aux parents et aux collègues assemblés, leur explique dans quelles conditions pourrait se faire la prochaine rentrée et pourquoi nous avons décidé d'occuper ce soir notre collège :

"Nous remercions aujourd'hui les enseignants, les parents d'élèves, les collègues d'autres établissements, les élus locaux rassemblés ce soir devant le collège de Vonnas.
A la rentrée 2008, au collège de Vonnas comme dans l'ensemble des établissements scolaires de France, il y aura des classes surchargées - à Vonnas le niveau 4e ; il n'y aura plus de groupes en langues - comment découvrir l'anglais, en 6e, à 29 par classe ? comment suivre des cours d'espagnol à 30 ? Il n'y aura quasiment plus de groupes en sciences, sauf pour le niveau 4e, et simplement pour permettre aux élèves de rentrer dans les salles ; il y aura des horaires au minimum dans toutes les matières ; il n'y aura pas de soutien pour les élèves ; il y aura des dispositifs pédagogiquers qui devaient être mis en place, des heures auxquelles ont droit nos élèves, qui diparaîtront corps et biens : l'aide au travail personnel pour les élèves de 6e, les itinéraires de découvertes pour les élèves de 5e, les projets personnels de réussite éducative pour les élèves de 5e ne seront pas mis en place l'an prochain, sans que ces heures soient utilisées pour autre chose. Ces dispositifs sont dans les textes réglementaires, mais les heures pour les mettre en place ont diparu.
Il y aura des enseignants à qui on tentera d'imposer des kyrielles d'heures supplémentaires. Il y aura des enseignants à cheval sur deux, voire trois établissements, et qui ne seront plus disponibles pour personne. Il y aura des enseignants qui ne seront pas remplacés. Le collège de Vonnas n'est pas plus mal traité que les autres collèges. Le collège de Vonnas est aussi durement touché que les autres collèges par les baisses de moyens qui s'appliquent depuis 6 ans. Et la rentrée prochaine, dans les collèges de l'Ain, il y aura 360 élèves de plus ; il y aura 36 postes de moins. Quelle logique derrière cette politique ?Comment l'école peut-elle encore assurer, dans ces conditions, sa mission de service public ? En France, l'an prochain, 11200 postes de moins dans l'Education Nationale. D'ici à 2012, fin du quinquennat, 80000 postes de moins ! Quel avenir pour notre école ? Ne se dirige-t-on pas à grands pas, comme l'Angleterre depuis 20 ans, vers un système éducatif digne d'un pays du Tiers-Monde ?
Il y a deux ou trois ans, le discours officiel était : "les enseignants vont devoir s'adapter dans des conditions difficiles". Cette année, Monsieur l'Inspecteur d'Académie de l'Ain répète sans cesse : "les contraintes génèrent l'innovation". Pour qui ? Pour les enseignants ? Pour les élèves ? Les élèves vont "innover" pour ingurgiter des cours de langue à 32 ou 33 par classe ? Les élèves vont "innover" pour rentrer à 30 dans des salles de sciences de 24 places ? Les élèves vont "innover" pour mettre en place des dispositifs qui ont disparu ?
Aujourd'hui, nous sommes en colère d'entendre ce discours. Nous sommes en colère d'entendre que l'école aurait vécu au dessus de ses moyens. Nous sommes en colère de constater que la préparation d'une rentrée ne consiste plus à faire des choix pédagogiques mais à bourrer des heures supplémentaires si utiles pour découper ou supprimer des postes et à tenter de faire rentrer des élèves dans des salles. M. l'Inspecteur d'Académie de l'Ain a dit cette année : "On remplit jusqu'à 30 ! !" Nous sommes en colère d'entendre notre ministre expliquer que les suppressions de postes n'ont aucun effet sur la qualité de l'enseignement. Nous sommes en colère d'entendre affirmer que la mobilisation contre ces suppressions de postes est très localisée ; concerne seulement la région parisienne ; a seulement lieu dans les lycées et qu'elle est menée par des élèves irresponsables manipulés par des professeurs extrêmistes.
Au collège de Vonnas nous avons, le 31 janvier, tous signé un texte, nous engageant ainsi à refuser les heures supplémentaires, pour sauver des postes d'enseignants. Nous avons, le 13 février, en C.A., refusé l'enveloppe de moyens affectée au collège. Nous l'avons refusée avec les parents d'élèves, avec tous les autres personnels et avec les élus locaux. Nous avons demandé et obtenu, le 13 mars, une audience auprès de Monsieur l'Inspecteur d'Académie, à qui nous avons montré, clairement et calmement, que les moyens disponibles ne suffiraient même plus à assurer les dipositifs réglementaires, et que nous ne serions plus en mesure d'accueillir nos élèves dans de bonnes conditions à la rentrée, et encore moins de remplir les priorités départementales...Nous demandions pour l'an prochain, pour le même nombre d'élèves, d'avoir les moyens pour mettre en place... la même structure que cette année, et une marge suffisante pour fonctionner? Nous avons rappelé les 6 semaines non remplacées en anglais, dès le 1er septembre, les 6 semaines non remplacées en sciences physiques. Nous avons reparlé du demi poste de surveillant promis, mais jamsi pourvu. Pas de réponse... "Les moyens alloués sont le fruit de choix politiques nationaux" nous a-t-on répondu.
Nous avons donc été nombreux en grève le 18 mars et de nombreux parenrts nous ont fait part de leur soutien. Nous avons alors décidé, le 25 mars, de demander une audience au Recteur et d'occuper le collège, aujourd'hui, cette nuit. C'est une action forte, c'est une action symbolique que nous menons aujourd'hui. Aujourd'hui où arrivent les correspondants allemands dans le cadre de l'échange linguistique. Aujourd'hui où s'est tenu toute la journée au collège le "défi-maths" avec tous les élèves de 6e et tous les élèves de CM2 du canton. Ces actions pédagogiques, comment réussirons-nous à les mener si les moyens disparaissent, si l'on nous impose de nombreuses heures supplémentaires, si l'urgence est ailleurs, avec des classes de 30, des horaires à minima et aucun dispositif pour suivre les élèves en difficulté.
Pourtant nous sommes attachés à notre métier, nous sommes attachés à faire réussir nos élèves, nous sommes attachés à assurer notre mission de service public. Pour toutes ces raisons, nous sommes mobilisés aujourd'hui pour exiger une autre politique en matière d'éducation. Pour exiger que l'école redevienne enfin une priorité nationale. Pour cela il est encore temps de décider de ne pas faire déconomies au détriment de nos élèves et de voter un collectif budgétaire pour rétablir tous les postes supprimés."
Un très grand MERCI à tous ceux, parents d'élèves et collègues venus d'établissements voisins, qui étaient là ce soir et à tous ceux qui nous ont apporté leur soutien en signant les panneaux installés à l'entrée du collège.

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