samedi 9 juillet 2011

Les concours de recrutement en sursis

Mercredi, la Commission des affaires culturelles et de l'éducation de l'Assemblée Nationale a rejeté la publication du raport de son président sur la formation des enseignants. Selon l'intéressé, Jacques Grosperrin, député du Doubs, ses collègues "étaient persuadés, y compris [ses] trois collègues de droite - Marc Bernier, un villepiniste, René Couanau, un député sans groupe parlementaire qui a quitté l’UMP, ainsi que Bernard Debré - qui ont voté non avec les socialistes, que la vingtième proposition portant sur la fin du recrutement par concours national, [lui] avait été soufflée par le chef de l’Etat ou par le ministre de l’Education nationale" qui l'auraient "instrumentalisé". Mais que propose exactement le député Grosperrin à la place du concours national de recrutement des profs ? Parole à la défense :

"Nous voulons supprimer ces concours au niveau national, mais pas au niveau régional. Il convient, en effet, selon la vingtième proposition, de « remplacer le concours par le master et confier aux autorités académiques ou aux établissements le soin de recruter, sur la base d’un entretien professionnel, les enseignants ». Nous voulons quelque chose de plus réaliste. En ce moment, il y a des masters, une formation en cinq ans. Et à la fin, l’enseignant doit être capable d’enseigner. Et de l’autre côté, il y a un concours qui évalue la même chose que le master, c’est-à-dire des conceptions académiques. On veut dans un premier temps revoir la formation des enseignants dans son ensemble : à savoir, à la fin des trois ans de licence, organiser un concours pour l’entrée en Master 1. Ce serait un concours académique que l’on appellerait "admissibilité pour le Capes". "L’admission pour le Capes", ce serait pour la fin du Master 2.
Durant ces deux années, l’étudiant sera de temps en temps dans un établissement scolaire : primaire, secondaire, etc. Ils seraient en situation pratique, de gestion d’une classe. Le jour où les masters seront bien organisés, le concours disparaîtra de fait. J’en suis certain, d’ici dix à quinze ans, quand l’opinion publique sera prête. La priorité sera de faire un recrutement au niveau local, voire régional, pour que nos professeurs arrêtent de partir dans des zones sensibles, difficiles, et afin qu’ils ne soient plus expatriés à plusieurs centaines de kilomètres de chez eux où on les dégoûte du métier. Je ne veux plus de déracinement des enseignants avec, à la clé, parfois, un abandon de certains par manque de motivation… Les académies prendraient alors les meilleurs étudiants, qui sortent d’un master, avec un concours régional. Et je voudrais aussi que les chefs d’établissement fassent partie des jurys de concours
."

Malgré ce demi désaveu - le contenu de ce rapport sur la formation et le recrutement des enseignants avait néanmoins été adopté par la Commission le 29 juin - le Président Grosperrin ne renonce pas à son idée : "Je vais réunir les membres de la mission d’information : renégocier, rediscuter sur les propositions de la mission. Il y aura un nouveau vote, avant que le rapport ne repasse devant la commission fin septembre, début octobre prochain."

(source : atlantico.fr, 9 juillet 2011)

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