vendredi 11 septembre 2009

A.V.S. : "on a un statut de merde"

Mais en quoi consiste le métier ? Qui sont les auxiliaires de vie scolaire ? Quel est leur statut ?
Sur Le Post, Sophie, 30 ans, A.V.S. depuis 2005 à Paris, raconte le quotidien d'un métier "très riche", mais peu reconnu.
A.V.S., ça consiste en quoi ?
"C'est très divers, ça change tous les ans. Cette année, je travaille aux côtés d'une petite fille de 5 ans. Cette petite fille est polyhandicapée. Elle souffre de surdité sévère, d'un problème d'insensibilité au niveau de la peau et d'une hypotonie bucco-faciale. Pour faire simple, elle ne déglutit pas assez et bave beaucoup. Au quotidien, je l'accompagne à temps plein : 24 heures de cours par semaine. Je l'accueille le matin, je lui répète les consignes de l'enseignant et la soutient dans ses tâches. Je la surveille dans la cour de récré pour qu'elle ne se blesse pas puisqu'elle ne sent pas quand elle se fait mal. Et puis je m'occupe de ses changes puisque cette petite fille n'est pas propre. En plus, j'aide également les autres enfants de la classe, le cas échéant."
C'est la première année que vous travaillez avec cette petite fille ?
"Oui. Avant, je me suis occupée d'un enfant autiste et d'un enfant souffrant d'hémiplégie et de retards dans l'apprentissage. J'ai également travaillé 2 ans avec une petite fille en fauteuil, sous assistance respiratoire. Et l'an dernier, j'avais en charge un petit garçon polyhandicapé qui avait des troubles organiques et comportementaux."
Ce n'est pas difficile de changer tous les ans ?
"Si, parce qu'il faut s'adapter rapidement à de nouvelles situations et à de nouvelles difficultés. Et pourquoi ne pas faire un travail sur le long terme avec le même enfant ? La réponse est simple : il ne faut pas créer de relation de dépendance avec l'enfant et le laisser évoluer avec d'autres personnes. Dans certains cas, c'est quand même difficile, notamment avec les enfants autistes qui ont du mal avec le changement."
Comment devient-on A.V.S. ?
"Par envie, en tout cas pour moi. J'avais déjà travaillé avec des adultes handicapés. J'ai passé mon BAFA et travaillé avec des enfants. Et puis j'ai une licence de sciences de l'éducation. Du coup, j'ai postulé. On suit une formation sur 2 ans, tout en étant en poste. Pour être AVS, il n'y a besoin que d'un niveau bac ou bac+2. Beaucoup, comme moi, sont surdiplômés. Et surtout, on a un statut de merde. Oui, je le dis."
Justement, quel est votre statut ?
"Un contrat à durée déterminée, sous-payé, archi-précaire. Bon, il faut reconnaître qu'on est payé sur 12 mois alors qu'on a toutes les vacances scolaires. Mais au-delà de ça, il n'y a pas de concours interne pour intégrer l'Education Nationale, on n'a pas de plan de carrière clair... Et au niveau des salaires, ça tourne aux alentours de 800 euros pour des contrats de 20h. J'ai entendu parler d'un "1131 euros" pour un A.V.S. en collège ou en lycée. Pas plus."
Comment voyez-vous votre avenir ?
"Je pense faire une validation des acquis par l'expérience (VAE) pour obtenir un poste de moniteur-éducateur en milieu spécialisé. Pour pouvoir avoir un statut pérenne et surtout plus de moyens pour accompagner les enfants..."
Le bilan sur votre expérience d'A.V.S. est si négatif...
"Non. C'est un travail enrichissant. On rencontre des enfants différents, des équipes différentes. C'est souvent très positif. D'autant qu'on forme une génération qui aura une autre vision du handicap pour l'avoir côtoyé à l'école. Mais parfois ça se passe mal..."
C'est-à-dire ?
"La loi a le mérite d'exister et de permettre la scolarisation des enfants handicapés. Mais il faut voir dans quelles conditions. Les A.V.S. sont là parce que ça coûte moins cher que l'hôpital de jour. Et dans certains cas, les enfants ne sont pas à leur place. On leur en demande trop, on les met en position d'échec sans leur donner les moyens d'aller plus loin..."
(Source: Le Post.fr ; 11 septembre 2009)

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