mercredi 5 mai 2010

22 !

Le délire sécuritaire de Notre Souverain Protecteur ira-t-il jusqu'à la criminalisation de l'absentéisme scolaire ? Les adeptes de l'école buissonnière n'ont qu'à bien se tenir. C'est désormais officiel : dès la quatrième absence injustifiée, leurs parents seront privés d'allocations familiales. "On va créer un fichier des décrocheurs, qui va faire parler" a fanfaronné notre fier-à-bras devant les préfets, recteurs et inspecteurs d'académie convoqués ce jour au Palais pour y recevoir les consignes impériales, confirmant ainsi la mise en place du "fichier de décrocheurs" promis il y a quelques jours afin de recenser les élèves quittant la scolarité à 16 ans, soit 150 000 délinquants potentiels qui se trouveront désormais à portée de Karcher. En attendant qu'ils soient tous jetés au fond d'une geôle, le Pinot de l'Elysée a confirmé également l'affectation prochaine d'un petit poulet, pas nécessairement bressan, dans chacun des 53 établissements étiquetés "particulièrement difficiles" par le ministère de l'Intérieur. Ailleurs, on devrait voir se multiplier les caméras de vidéosurveillance, les portiques et les clôtures, tandis que les effectifs des équipes mobiles de sécurité - le G.I.G.N. de Chatel - devraient être doublés. Dans le même esprit, les dispositifs de sanctions seront renforcés avec une prédilection pour les TIG aux dépens des exclusions. Les élèves "les plus durs", ceux "pour qui on a tout essayé", seront envoyés dans des internats disciplinaires, sortes de boot camps «basés sur l'apprentissage de la règle, le respect de l'autorité [et] le goût de l'effort» destinés à accueillir pour un an tous ceux qui auront été exclus au moins une fois de leur collège d'origine. Les bons sujets, élèves «méritants» issus de milieux défavorisés, ne sont pas oubliés par Notre Souverain Magnanime et pourront bientôt poursuivre leurs études dans un des onze internats d'excellence dont la création a été annoncée. Quant aux profs, méritants ou pas, ils pourront suivre des «modules de tenue de classe», car «tenir une classe, n'est pas une seule affaire de charisme» ; parole d'expert ! Enfin, notre surgé a pris le prétexte de vouloir stabiliser les équipes enseignantes pour autoriser, à titre d'expérimentation, dès la prochaine rentrée, quelques chefs d'établissement à recruter eux-mêmes leurs profs. Qu'on se le dise : face à la violence scolaire "chacun va devoir assumer ses responsabilités". Rompez !

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