samedi 18 juin 2011

Des profs migrateurs dans l'Ain

Comme un vol de gerfauts, les profs d'histoire-géo, de français et de maths des collèges de l'Ain, tels de nouveaux conquérants, se préparaient à sillonner bientôt les routes du département pour aller corriger les épreuves du Brevet du collège. En effet, leurs convocations, qui avaient été préparées par les très compétents services du rectorat, ne tenaient nullement compte des résidences administratives, ce qui obligeait certains d'entre eux à devoir faire 600 km sur deux jours pour aller s'acquitter de leur glorieuse mission. Un prof de maths avait même calculé que le total cumulé de tous ces déplacements aurait pu atteindre les 200 000 km, soit cinq fois le tour du monde : de coûteux frais de déplacements en perpective et un joli bilan carbone à un moment où les programmes scolaires insistent, dans nombre de disciplines, sur les bienfaits du développement durable. Sans doute est-ce pour celà qu'une IPR, niant la réalité du cafouillage, invitait les profs d'histoire-géo... à covoiturer. Une situation ubuesque dont le rectorat lui même refusait de reconnaître l'absurdité, jusqu'à ce qu'un préavis de grêve soit déposé pour que la grande migration n'ait pas lieu.


Brevet des collèges : micmac dans l’organisation

Ain. Des enseignants devaient faire 150 km pour corriger. Le rectorat rectifie le tir.
Des enseignants du collège Le Joran à Prévessin-Moëns convoqués pour corriger le brevet à Thoissey. Soit 320 km aller-retour à faire pendant deux jours. L’histoire pourrait faire sourire s’il s’agissait d’un problème de maths. Mais ce cafouillage dans les convocations des professeurs pour le brevet des collèges dans l’Ain est bien réel. Le rectorat a provoqué la colère des enseignants qui ont bien failli mettre en péril l’examen.
Hier, le Snes était sur le point de déposer un préavis de grève pour le 30 juin et le 1er juillet, dans l’académie de Lyon, avec la consigne pour les enseignants de ne pas se rendre sur les lieux de correction. « Tout le monde n’a pas encore reçu sa convocation dans l’Ain, mais il y a des situations ahurissantes avec des enseignants de Pont-de-Veyle convoqués à Prévessin-Moëns. De plus, pour l’instant, aucun professeur n’est convoqué dans le centre de correction de son bassin », explique Nicolas Jambon, secrétaire départemental du Snes-FSU. En cause, selon le syndicat, une centralisation informatique de la gestion des convocations. « Avec l’inspection, ça se passait bien. Je pense que c’est à cause des suppressions de postes administratifs que c’est passé dans les mains du rectorat cette année. Mais à l’heure où l’on parle de développement durable et de faire des économies, c’est hallucinant », ajoute le professeur de maths.
Après un premier contact, le rectorat aurait expliqué au syndicat que les premières convocations envoyées étaient annulées.
Joint hier, dans l’après-midi, le rectorat expliquait que la situation était « en cours de règlement », précisant que « chaque cas sera envisagé particulièrement » et que le service travaillait « à réduire les rayons de déplacement des correcteurs concernés ». Le Snes brandit toujours la menace d’une grève « tant que tout n’est pas réglé ».


(source : Sophie Albanesi, Le Progrès, 18 juin 2011)

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