"Notre cause est juste. Il ne faut pas reculer sur la question des postes."
Belle déclaration que celle de Xavier Darcos, invité ce soir de l'émission La tribune BFM. Pendant près d'une heure notre ministre a campé sur ses positions, réaffirmant que les conditions dans lesquelles se fera la prochaine rentrée ne seront pas pires qu'en 2007 et que tous ceux qui affirment le contraire participent à une entreprise de désinformation. Bouh, les vilains manipulateurs qui utilisent l'innocence de la jeunesse et la bonne foi de leurs parents pour servir leurs sombres desseins d'agitateurs patentés.
Qu'on se le dise une bonne fois pour toute : 11200 emplois ne seront pas renouvelés dans l'Education Nationale, ce qui est fort peu par rapport à un million de fonctionnaires ; en outre, 3500 postes d'enseignants seulement vont disparaître et ils ne correspondent qu'à des départs en retraite non remplacés, tandis que le ministère procédera à 18000 nouveaux recrutements cette année dans le cadre des concours. L'offre reste donc inchangée alors que les effectifs des élèves, qui ont déjà baissé de 140000 en 2007, diminuent à nouveau de 40000 en septembre. Il n'y aura donc aucune classe surchargée à la rentrée - des ajustements sont prévus au mois de juin pour y veiller : pas plus de 26 à 28 élèves par classe en collège et en lycée et 19 dans les lycées professionnels. Et de répéter également plusieurs fois le nombre magique : un prof pour 11,9 élèves en moyenne. Donc tout va bien ! Pourquoi alors éluder la question posée par Ruth Elkrief, qui soulignait la contradiction existant entre la remontée démographique observée dans les collèges et les nombreuses suppressions de postes qui y sont prévues ?
Et les heures sup' objecteront les mauvais esprits ? Balivernes ! "Accorder une marge de manoeuvre plus grande d'heures supplémentaires dans le secondaire est une priorité"... pour offrir du pouvoir d'achat aux profs. Le nombre d'H.S. augmentera donc mais elles ne seront pas imposées ; seulement offertes aux volontaires sans que cela n'alourdisse leur charge de travail et ne remette en question la qualité des enseignements dispensés. Pour un peu Saint Xavier nous changerait l'eau en vin !
Notre agrégé de lettres classsiques en a aussi profité pour rappeler son attachement aux langues anciennes tout en annonçant qu'il faudra envisager quelques "réajustements" pour ces options "très coûteuses à maintenir auprès de deux ou trois élèves", notamment en limitant les offres à quelques établissements. Lesquels ? Comment seront-ils choisis ? Et quid du principe de l'égalité face à l'offre éducative ?
"Le système est coûteux mais pas très efficace et il a besoin de se moderniser pour être performant" martelle sans arrêt le ministre. Des économies seront donc nécessaires car il n'est pas acceptable que le lycéen français qui coûte en moyenne 22 % plus cher à l'Etat que la moyenne des lycéens européens ne réussisse pas mieux. D'ailleurs les Lycéens qui manifestent actuellement et qu'il a rencontrés ne sont pas contents de cette situation et montrent, en descendant dans la rue, qu'ils sont d'accord avec lui pour réformer "le lycée napoléonien". Une analyse digne de celle que firent il y a peu les caciques de la majorité un soir de défaite électorale, quand ils affirmèrent que le vote des Français révélait leur impatience de voir les réformes aboutir...
Enfin, séquence émotion : compatissant, le brave ministre affime qu'il faut que les professeurs soient mieux payés, qu'ils aillent mieux (sic !) et pour cela il faut peut-être... qu'ils soient moins nombreux. La messe est dit. Alleluia !
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