dimanche 30 octobre 2011

Le très coûteux voyage de Sarko chez Chatel

Au moment où certains évoquent de possibles diminutions de salaires des fonctionnaires, on aime savoir que Sarko Ier a le sens des économies...

(source : Le Canard Enchaîné, 26 octobre 2011)

lundi 24 octobre 2011

Elections professionnelles

40,4 %. C’est, en pourcentage, le faible taux de participation aux élections professionnelles qui se sont déroulées dans l’éducation nationale entre le13 et le 20 octobre. La participation chute de 22 points par rapport à 2008. Les syndicats dénoncent notamment la complexité du scrutin électronique qui a incontestablement découragé de nombreux électeurs. Au final, la FSU reste en tête (40,62%), devant l’Unsa (20,72%), FO (10,09%), le Sgen-CFDT (9,99%), la CGT (6,47%) et Sud Education (5,79%).

Record du sans maîtres

(Source : Le Canard Enchaîné, 19 octobre 2011)

samedi 22 octobre 2011

Journal de bord d'une prof d'anglais

Retrouvez tous les mois, dans Libération, le journal de bord de Marine, prof d'anglais dans un collège difcile de la région PACA.
Episode 1 : "Une classe de plus, c'est 25 fois plus de risques de conflit" (1er-18 septembre) ; http://www.liberation.fr/vous/01012361073-une-classe-de-plus-c-est-25-fois-plus-de-risques-de-conflit
Episode 2 : "J'ai atteint mon objectif : faire cours" (19 septembre-19 octobre) ; http://www.liberation.fr/vous/01012366880-j-ai-atteint-mon-objectif-faire-cours

vendredi 21 octobre 2011

Burn-out

Les professeurs de collèges et lycées sont 17% à être touchés par le «burn-out», ce phénomène d'épuisement physique, mental et émotionnel, contre 11% dans les autres professions, révèle une étude de deux spécialistes publiée dans Le Monde daté de jeudi. «Près de 30% des enseignants interrogés ont dit songer, souvent, à quitter le métier, explique Georges Fotinos, ancien inspecteur général de l'Education nationale et coauteur de cette enquête réalisée auprès de 2100 personnels de 400 établissements. Les différences entre les sexes et entre les établissements -en zone urbaine, en zone rurale, en ZEP...- sont moins déterminantes que le facteur âge. Les jeunes en dessous de 30 ans sont plus exposés». Crise de l'autorité, classes parfois surchargées et plus hétérogènes qu'il y a 20 ans, manque de soutien de l'institution, difficultés face au rythme des réformes, quasi-absence de médecine de prévention, manque d'organisation des enseignants eux-mêmes en collectifs de travail... Telles sont les raisons avancées par les professeurs pour expliquer ces sentiments d'impuissance et de solitude (...). "Il y a des souffrances extra-ordinaires (...) mais elles sont rares, constate Françoise Lantheaume, sociologue à Lyon-2. Et il y a des souffrances ordinaires : les enseignants français expriment massivement des sentiments d'usure, d'impuissance et d'abandon. Je l'ai constaté il y a une dizaine d'années déjà en collèges et lycées, je le vois maintenant en primaire".

(Source : Le Figaro, 20 octobre 2010)

jeudi 20 octobre 2011

Hommage

2300 personnes ont défilé mardi dans les rues de Béziers à la mémoire de Lise Bonnafous, la professeure de maths qui s'est immolée jeudi dernier dans la cour du lycée Jean Moulin. Une marche digne, sans banderoles ni revendications, en silence jusqu'à ce que la foule hurle "Plus jamais ça ! Plus jamais ça !" à neuf reprises. Mercredi après midi c'est un cortège de 800 personnes qui s'est rendu devant le rectorat pour dénoncer le "malaise enseignant". Les profs et les élèves du lycée ont adressé une lettre à Luc Chatel : "Nous nous interrogeons sur votre absence au lycée et aux obsèques de Lise" ont-ils écrit au ministre avant de l'inviter à venir visiter leur établissement alors qu'il avait soigneusement évité de s'y rendre le jour du drame, quand il s'était contenté d'aller à la sous-préfecture.

De son côté, le père de notre collègue a adressé un mail et une photo de sa fille à la rédaction du Midi Libre : " Ma fille était devenue fragile, sans doute, mais elle restait un excellent professeur de mathématiques et aurait dû pouvoir continuer d’exercer. Son message désespéré était celui-ci : il faut refonder, à tout prix, une nouvelle et authentique école de la république, celle où primaient les valeurs du civisme et du travail. Celle où le professeur était au centre de tout. Celle où l’enfant du peuple pouvait devenir fils de roi."


(source : Le Midi Libre, 18 et 19 octobre 2011)

lundi 17 octobre 2011

Des ballons blancs dans le ciel de Béziers

À l’heure où sa famille, ses amis et ses plus proches collègues assistaient à ses obsèques, dans le petit village de Causse-et-Veyrans, un peu plus de 200 élèves de la cité scolaire Jean-Moulin de Béziers ont rendu hommage à Lise Bonnafous, cette enseignante qui s’est donné la mort par le feu la semaine dernière dans la cour de l’établissement. Après avoir lu un poème de Lamartine et une chanson de Grand Corps Malade, les adolescents ont lâché des ballons blancs dans le ciel. Avant d’écrire quelques mots sur un drap blanc, notamment un poignant “Plus jamais ça”.
Ce matin, réunis en assemblée générale, les enseignants avaient décidé d’organiser une marche blanche demain après-midi dans les rues de Béziers. Mercredi, ils se rendront à l’inspection d’académie à Montpellier.
Ils appellent également à un débrayage national d’une heure, jeudi matin à 10 h. Soit une semaine exactement après ce geste dramatique de Lise Bonnafous, qui a choqué la France entière.


(source : Le Midi Libre, 17 octobre 2011)

vendredi 14 octobre 2011

Chatel veut trier les maternelles : un projet à "haut risque"

Emoi ce jeudi dans le milieu éducatif. Objet du courroux ? Un projet sorti des cartons du ministère de l'Education nationale, qui vise à mettre en place à partir de novembre une évaluation des enfants «à risque» dès cinq ans en fonction de leurs comportement et capacité d'apprentissage, selon un document qui a fuité (à lire ici en PDF). Ce projet, intitulé «Aide à l'évaluation des acquis en fin d'école maternelle», et présenté comme un «outil de repérage des élèves présentant des risques pour les apprentissages à l'usage des enseignants (en) grande section de maternelle», vise à classer les élèves dans trois catégories: «RAS» (rien à signaler), «risque» et «haut risque». Forcément, du côté des syndicats, on est un peu estomaqué par cette classification qui n'est pas sans rappeler le débat sur l'identification dès la maternelle des élèves perturbateurs. La réaction de Sébastien Sihr, secrétaire général du Snuipp-FSU, le principal syndicat du primaire.
Etiez-vous au courant de ce projet de repérage des élèves ?
"Absolument pas, nous n'avons eu aucune information préalable, ni sur le fond ni sur le calendrier. On est vraiment tombé du placard. D'où notre surprise et notre colère aujourd'hui. Colère sur l'idée même, ou sur les modalités?

Le problème n'est pas celui de l'évaluation, les enseignants exercent déjà ce travail au quotidien dans leur classe. Le problème, c'est que ce protocole, s'il devait se confirmer en l'état, introduit une confusion des genres des plus pernicieuses. Certains items portent sur des questions d'ordre médical (vision, audition...), normalement du ressort des médecins scolaires. D'autres sont d'ordre pédagogiques, d'autres encore portent sur le comportement de l'élève.
Ce qui nous scandalise, c'est que l'on puisse faire des amalgames entre des troubles du comportement et ce que l'on pourrait appeler des différences de maturité. On risque de marquer des enfants de cinq, six ans du sceau de l'échec scolaire, là où il s'agit surtout de différences de développement, à un âge où cela change très vite. La maternelle n'est pas une école de tri, de compétition. C'est une école où l'on donne aux enfants le temps de se développer.

Un tel projet n'est-il pas aussi vécu par les enseignants comme une reprise en main ?

C'est l'autre aspect. On assiste depuis un certain temps à une vraie évaluationnite : on demande aux enseignants de cocher des cases à n'en plus finir, au détriment du temps d'apprentissage. Les enseignants n'ont pas besoin de protocoles lourds et inutiles pour savoir observer leurs élèves, repérer leurs difficultés et étayer quand cela est nécessaire".
Faut-il inscrire ce nouveau protocole dans le débat sur le dépistage des troubles du comportement en maternelle, qui avait déclenché un tollé en 2007 ?
"Soit le ministère de l'Education nationale ne se soucie pas du travail des enseignants et fonce tête baissée. Soit il s'agit d'une volonté politique d'étiqueter des enfants. Et là il s'agirait en effet d'une façon de faire revenir par la fenêtre ce débat sur les troubles du comportement — cette idée d'identifier de la graine de délinquance, dans la foulée du rapport de l’Inserm qui préconisait en 2005 un dépistage systématique et précoce des enfants perturbateurs. Si cela devait se confirmer, il faudra une démarche unitaire et citoyenne pour s'y opposer".

(Source : Libération, 14 octobre 2011)

Atroce

Sous le préau, une grande tache noire. Autour d’un poteau, le sol carbonisé. Et puis il y a ces traces de pas, noires elles aussi. Une trentaine d’empreintes très visibles qui tracent une diagonale incertaine dans la cour de récréation, jusqu’à l’entrée d’un bâtiment. Là, d’autres marques d’incendie recouvertes par la texture gluante de la neige carbonique.
Il est environ dix heures, hier matin, dans le lycée professionnel Jean-Moulin de Béziers (Hérault). L’heure de la récréation. Lise B., 44 ans, professeure de mathématiques, vient de lever les bras pour s’asperger la tête et tout le corps d’essence. Une immense flamme jaillit. «Plus de deux mètres», selon un élève qui assisté à la scène. L’enseignante avance, torche vivante, sous les hurlements des lycéens, «en envoyant des bisous de la main», raconte l’une des témoins. «Je fais ça pour vous», aurait-elle articulé. Des lycéens s’écartent, d’autres manquent de s’évanouir. Un jeune homme tente de la mettre à terre. Un autre lance sa veste. «Les cris des filles étaient comme ceux qu’on entend à la télé quand il y a une vedette. On n’a pas compris…», rapporte une dame de service. C’est finalement un extincteur qui viendra à bout des flammes. La professeure est aussitôt transportée à l’infirmerie. Elle n’a plus de cheveux, son visage est ravagé. Elle tente de refuser les premiers soins. Dans les couloirs de cet établissement des années 70, totalement décati, «l’odeur d’essence et de tissus brûlés est alors insoutenable».
Peu avant son geste, l’enseignante avait assuré une heure de cours, de 8 heures à 9 heures. A ses élèves à qui elle a rendu des copies, elle a répété, selon un membre de l’établissement : «Ne vous inquiétez pas, tout va bien se passer.» Personne n’a vraiment compris pourquoi, car les notes étaient dans l’ensemble médiocres. Puis elle s’est fait porter absente pour son cours suivant de 9 heures à 10 heures, jusqu’à son geste funeste.
Hier après-midi, le pronostic vital de l’enseignante n’était plus engagé, selon le procureur de la République de Béziers, Patrick Mathé. Pour lui, c’est une «tentative de suicide en lien avec l’activité professionnelle». «Il se dit en effet qu’elle avait des soucis avec ses classes, confirme Sabine, mère d’une lycéenne scolarisée au lycée Jean-Moulin, qui a assisté au drame. Il y avait des cris dans sa classe. Ma fille, qui avait souvent cours à côté, les a entendus. De là à expliquer son geste…»

D’après des parents d’élèves, la professeure, qui enseignait depuis sept ou huit ans dans la filière générale de cette cité scolaire accueillant plus de 3 000 élèves et 280 enseignants, était en conflit avec certains jeunes, qui la trouvaient trop sévère. Une tentative d’explication, mercredi, avec certains élèves, aurait été «mal vécue» par l’enseignante, selon des témoins interrogés par l’AFP.
Lise B. rencontrait également des difficultés personnelles, ce qui avait conduit le proviseur du lycée à lui proposer récemment de se mettre en arrêt maladie.
«Nous ne voulons pas nous prononcer sur sa vie privée, et nous n’avons pas eu de confirmation sur l’existence de cette réunion houleuse, mais il est certain que le choix du lieu pour effectuer un tel acte n’est pas neutre, commente Jean-Luc Vaïsse, secrétaire départemental du syndicat d’enseignants SE-Unsa. Le problème, c’est que son mal-être, probablement à la fois personnel et professionnel, n’a pas été détecté. Depuis 2008, je répète que les enseignants ne sont soumis à aucune visite médicale. Il n’y a pas de suivi des personnels de l’Education nationale. Ils ne sont pas accompagnés. Les cellules psychologiques de crise, c’est bien, mais quand elles sont mises en place, il est trop tard
Venu en fin d’après-midi rencontrer la direction du lycée, le ministre de l’Education nationale, Luc Chatel, a déclaré : «L’enquête déterminera le détail de la situation et ce qui a pu la pousser à un geste désespéré comme celui-ci.» La cellule de crise installée dans la cité scolaire, qui a reçu environ 80 élèves hier, accueillera aujourd’hui les enseignants qui le souhaitent. Pour les écouter et les aider à trouver les mots face à leurs élèves.

(Source : Libération, 14 octobre 2011)



A la mi-journée, les collègues de l'enseignante avaient lu, devant les grilles du lycée, un message de "solidarité pour Lise", brandissant de petites pancartes blanches intitulées "Plus jamais ça", "On veut des actes". "Hier, une enseignante a choisi de s'immoler dans la cour du lycée à l'heure de la récréation. Cet acte symbolique nous bouleverse et nous interroge tous", avaient déclaré les 280 professeurs du lycée dans ce communiqué. "Son geste appelle à la solidarité de l'ensemble des personnels et témoigne de notre difficulté à accomplir notre mission. Nous attendons donc l'engagement responsable de nos autorités", ajoutaient-ils.
Interrogé par l'AFP à la nouvelle du décès, l'un d'eux, Christophe Quittet, a annoncé la tenue d'une "marche blanche" lundi à 14 h au départ de l'établissement. Selon lui, les cours ne reprendront pas lundi matin, en vertu d'un droit de retrait éventuellement reconductible.Si ses collègues se veulent prudents sur les raisons de cet acte, l'un d'entre eux estimait jeudi soir, sous couvert de l'anonymat, que la "pression ambiante était peut-être trop forte" et qu'"une écoute aurait peut-être évité ce passage à l'acte" (...).
"Au cours des années, on a vu le métier évoluer, le public changer, les réformes arriver, des réformes nécessaires mais bien souvent menées à l'emporte-pièce, sans discernement, dans l'urgence, et à un moment donné il peut arriver ce genre de geste", confiait-il.
Au niveau national, le Snes, premier syndicat du secondaire, a réclamé un "débat" sur le métier d'enseignant après cette "tragédie". Il souhaite notamment "interpeller le ministre sur l'importance de la mise en place d'une véritable médecine du travail dans l'Education nationale" et l'amélioration des "conditions générales de travail des enseignants, dont la pénibilité s'est considérablement accrue ces dernières années".


(Source : Le Midi Libre, 14 octobre 2011)

samedi 8 octobre 2011

Recalés mais recyclés

(Source : Le Parisien/Aujourd'hui en France, 8 octobre 2011)